Chemins


Cheminer (voire randonner) est un loisir apprécié aujourd'hui. C'était dans le passé d'abord le moyen de locomotion essentiel : on allait travailler aux champs ou à l'usine à pied ; on descendait -ou montait- au bourg à pied ; on allait visiter les familles, on se rendait aux foires, aux fêtes, aux enterrements à pied ; et ce jusque dans des villages assez éloignés. Ainsi les enterrements avaient lieu le matin vers 10 h pour permettre aux parents de venir de loin et après le cimetière, la famille et les amis se retrouvaient dans la maison du défunt pour un repas avant que chacun reparte chez lui en fin d'après-midi. Dès leur jeune âge les enfants se rendaient à l'école à pied. La voiture à cheval était un luxe surtout de citadins ou de fermiers plus fortunés. Les charrois étaient traînés par des bœufs ou plus souvent encore par des vaches, au pas lent. Si l'on ajoute que mener le troupeau "en champ" se faisait par les chemins, ceux-ci étaient donc maintenus ouverts ; pour l'entretien plus important ( fossés, bouchage des trous, etc) on faisait appel aux habitants de chaque hameau qui -jusqu'en 1965 fournissait des "prestations" sortes d'impôts locaux en nature, peut-être héritages des corvées?

Les routes départementales ne sont arrivées sur le territoire de la commune que dans la deuxième moitié du 19ème siècle. Des chemins furent goudronnés progressivement à compter de 1965 ; la première portion à l'avoir été : entre la place et le pont de la Baize.

Qu'en reste-t-il aujourd'hui?

-Tous les chemins desservant des maisons habitées sont "bitumés" à quelques exceptions près comme le chemin dit aujourd'hui du Goutaillon.

-Quelques chemins font partie d'itinéraires de randonnée comme le GR qui passe à Rottecorde ou des chemins du tour du pays de Charlieu-Belmont

-De nombreux chemins de traverse restent ouverts et agréables à utiliser ; ils servent parfois pour l'organisation de "marches"

-D'aussi nombreux chemins de desserte enfin ont été abandonnés, notamment  à cause du remembrement des parcelles agricoles (remembrement progressif, non programmé mais consécutif à la disparition des petites exploitations si morcelées)

sur le Haut Berthillot
sur le Haut Berthillot


Le chemin traditionnel raccourcit les distances. Deux exemples.

Aller aujourd'hui du hameau de Chiforet au hameau des Chézos à Mars se fait en voiture en empruntant la RD 87 jusqu'à la croix de l'Orme puis la RD 45 jusqu'à Lardillat puis la RD 39 jusqu'à Arcinges et enfin la RD 48 jusqu'au Chézos. Cela fait 8 km et demi mais en ayant l'impression de passer ailleurs (rapidement grâce à la motorisation à pétrole!)

En 1965 encore le grand père Lebretton venait rendre visite à ses petits-enfants à pied ; pour cela il montait au haut Berthillot, redescendait en passant à Chifillon et par les Ridevets, arrivait à Chiforet : 3 km 500 que, bon marcheur qu'il était, le père Lebretton parcourait en moins d'une heure...à moins de trouver à faire la causette en route, ce qui n'était pas rare et agréable.

Par là on voit que la géographie d'alors n'était pas tout à fait la même que celle d'aujourd'hui ... ni la sociabilité, bien sûr.

Autre exemple. Une agricultrice demeurant au village Fillon possédait une parcelle à la Forêt, enclavée. Pour y aller elle prenait le chemin des ridevets, traversait une parcelle ne lui appartenant pas mais dont le raccourci était toléré par son propriétaire [ ce qui était général, sauf en cas de mésentente tence entre deux familles] et arrivait à son pré l'outil sur l'épaule en n'ayant parcouru que 650 m ! aujourd'hui si elle vivait encore elle devrait se déplacer en tracteur et parcourir un peu plus du double en n'oubliant pas de marquer l'arrêt pour priorité à deux endroits. Par cet exemple on relativise le morcellement de jadis, qui en fait était surtout un frein à la mécanisation!

 

Itinéraire du père Lebretton (ci-dessous)

Ci-contre, en rouge la route du tracteur ; en vert le cheminement à pied

 



De quelques chemins perdus


Ils sont repérables encore sur les parcelles cadastrales mais rarement dans le paysage, englobés dans une prairie , un bois, un champ...quelques exemples

Chemin présent sur le cadastre de 1833 dit "chemin du bourg à Lardillat" Ici la portion représentée en jaune, encore visible sur le cadastre d'aujourd'hui est totalement invisible dans la réalité.

 

 

Ci-dessous, en jaune quelques chemins de desserte à jamais disparus.

ET autres couleurs : l'ancien chemin du bourg à Cours (cadastre 1833) en vert, portion en voie de disparition -quoique toujours théoriquement viable- puis en bleu portion prise par la D39 et en mauve portion totalement invisible dans le paysage.

 

En rouge le chemin de Lachal à la Quichère, encore utilisé en 1975 mais disparu avec la création du pla d'eau, des terrains de jeu puis de la nouvelle route de 2010.

Par où passait le père Lebretton, lieu dit "la Barnette"
Par où passait le père Lebretton, lieu dit "la Barnette"

 

 

Etat actuel de l'ancien chemin d'Écoche à Cours, à l'endroit où il rejoint la route 39, entre le Crot des bois et Lachal