Un petit registre (Vichy 112.01 p 210) de la dame d’Arcinges sans doute tenu par son chargé d’affaires Dessauge contient les reçus  du curé Degeorge pour sa « pension » annuelle de huit livres entre 1709 et 1725. Précédant ces reçus, un texte sans doute de la main de Dessauge précise l’origine de cette pension. Texte intéressant que nous avons retranscrit ici avec une orthographe plus contemporaine

 

Par acte de fondation faite par Guichard de Beaujeu seigneur de Perreux et dame madame Marguertite de Poitiers seigneure aussi d’Arcinges en date du lundi avant la fête de la bienheureuse Marie Magdeleine l’an mil trois cent cinquante six reçu et signé Jean Desplaces notaire royal habitant de la ville de Charlieu, Ils donnent à l’église paroissiale d’Arcinges et particulièrement pour la chapelle du château d’Arcinges, ont voulu et veulent annexer, conjoindre et unir la chapelle dudit Arcinges pour le bien et salut de leurs âmes : ils donnent et cèdent pour eux et pour les leurs à perpétuité et à savoir les cens servis dimes  que doivent nous accoutumer de payer tous les ans sur leurs ténements fonds et biens par eux possédés, qui sont marqués, premièrement la dime de Noailly sur toutes sortes de blés et grains qui proviennent des fonds ou terres situés dans les paroisses de Belmont et de Escoches.

De plus les dits cens et servis qui suivent à savoir huit livres tournois que doivent  les fonds nommé de leurs dépendances premièrement sur les biens de Jean Desseigne, Pierre Desseigne, Jean Doncour, Robert Samion, Robert Dubouis, Estienne de la Toulery et autres situés en la paroisse de Escoches et redonnant lesdits seigneur et dame à perpétuité les autres redevances et lauds reconnaissances mainmorte et autres droits à condition toutefois que sieur Estienne Dessertine curé de ladite église paroissiale d’Arcinges ci présent lui et ses successeurs, curés de ladite église célébreront et seront tenus célébrer dans ladite église ou dans la chapelle du château des dits seigneurs et dame d’Arcinges et donateurs ou bien dans les lieux où eux et leurs héritiers et successeurs le jugeront à propos à savoir tous les jours à perpétuité une messe pour le secours spirituel des dits seigneur et dame et de leurs prédecesseurs sauf neanmoins décider et en soumettre aux réglements et ordonnances que jugera le seigneur évêque de Macon pour le bien de ladite église.

Par l’acte d’homologation de Monsieur l’évêque de Macon  du sixième juin 1670 signé Michel évêque de Macon et Lefrique secrétaire les messes portées par la dite fondation réduites à trois messes par semaine attendu que le revenu n’est à présent que de soixante livres. Donné à Charlieu le dit jour et an sus dit en faisant sa visite.

Les servis qui sont portés par ladite fondation sur les justiciables  y dénommés se montant à la dite somme de huit livres qui sont payés par le seigneur d’Arcinges audit sieur curé, ledit seigneur retira des emphythéoses la dite somme de huit livres avec les autres redevances non comprises dans ladite fondation.

Pour les dimes des paroisses de Belmont et Escoches le sieur curé d’Arcinges les perçoit.

 

Que nous apprend ce texte ?

1-En 1356 la seigneurie d’Arcinges et son château appartiennent au sire de Beaujeu et à sa femme Marguerite de Poitiers

2-En 1356 le petit fief de Noailly leur appartient également.

3- Ce petit fief (on trouve parfois Noailly-le-petit) s’étend sur une partie de la paroisse de Belmont -où de nos jours le village de Noailly est toujours là – et sur une partie de la paroisse d’Escoches, certainement d’un seul tenant, ce qui amène à penser qu’il englobait une partie de Vatron et des Seignes (actuels Juin et quartier noir)

4- Les tenanciers situés dans la paroisse d’Escoches étaient nommés. Deux d’entre eux s’appelant Deseignes, cela confirme la localisation aux Seignes. L’un s’appelle Samion : dans un terrier du 17e on trouve un lieu-dit goutte Samion que l’on peut donc logiquement situé entre les Seignes et Vatron.

5- En 1356 et en 1670, il y avait deux lieux de culte à Arcinges : chapelle du château et église. Distincts mais avec le même desservant.

6-En 1356 (ou 1670 le texte n’est pas trop clair) le curé d’Arcinges est Estienne Dessertine ; dans d’autres documents du début du 17e on retrouve  Messire Etienne Dessertine comme ayant possédé largement des tenures à Écoche entre les villages Fillon, Fonteret, Laval. Peut-être originaire de Mars (villages Essertines).

7- En 1670 le secrétaire de l’évêque de Mâcon a fait une visite à charlieu -et peut-être aussi à Arcinges.

8- La fondation proprement dite consistait à transférer les revenus censitaires et les dimes prélevées par le fief de Noailly au profit du desservant d’Arcinges pour le salut (secours spirituel) du seigneur et de sa famille en échange d’une messe quotidienne.

9- Au début du 17e la dame d’Arcinges réduit ce qu’elle verse à son chapelain-curé à huit livres par an, sous prétexte que les servis ont perdu de la valeur, avec l’accord de l’évêque.

10- Le curé continue de percevoir la dîme sur une partie des paroisses de Belmont et Arcinges.

 

11- La diminution de ce que rapporte les droits féodaux au 18e par rapport au 14e est courante en France pour plusieurs raisons : - en valeur ils sont restés identiques malgré les dévaluations monétaires -en nature correspondent-ils encore aux modes de vie des seigneurs ? -certains sont devenus quasi obsolètes comme la mainmorte signalée encore ici en 1356.

Précision : l'emphithéose signifie bail emphythéotique soit de longue durée indéterminée