Donc en 1803 l'héritage du dernier seigneur du But est en vente. Le marquis mort en 1793 a deux fils qui lui survivent : Abel-Goeric et Gaspard-Félix. Abel, l'aîné, est encore célibataire. Félix  a épousé Adélaïde de Lévis-Mirepoix puis, officier de cavalerie, il décède en 1805. Sa veuve se remarie  très vite avec Théodore de Roncherolles. Si tout ce "grand monde" réside habituellement à Paris, il n'en demeure pas moins que Madame de Roncherolles est cohéritière des biens de Vichy et cherche à récupérer sa part d'héritage ce qui pousse Abel à vendre rapidement le château de Chauffailles et les biens d'Écoche.

Ceux-ci ne sont pas achetés par un seul acquéreur ni tous en même temps. Ce qui ne permet pas de bien savoir qui ils sont. Il y aurait Faussemagne pour des terres sises près de Coublanc, Glatard, Burnichon d'Écoche, Desroches de Saint Igny et aussi Joseph Auclerc un marchand d'Écoche.


Un acquéreur des biens de l’ancien seigneur. 

 

On sait que les biens possédés par Abel de Vichy sur la paroisse d’Écoche ont été vendus par lots sur une période allant de 1773 et 1804 environ. Ils ne semblent donc pas avoir été aliénés pendant le Révolution, sans doute en raison de la ténacité et de la diplomatie de la comtesse de Chauffailles, Cécile d’Amanzé, grand-mère des fils Vichy1. Même si les biens étaient vendus par morceaux, il fallait néanmoins pour les acquérir assez de biens. C’est pourquoi l’on trouve parmi les acquéreurs, Laurent Glatard (bois et terrains), Etienne Auclerc (bois), Poulette (moulin et vassibles) tous d’Écoche. Mais on trouve aussi les fermiers comme Fargeat et quelques acquéreurs venus d’ailleurs. Parmi ceux-ci, l’un semble avoir une certaine importance : Burnichon. En l’an XII (1803-1804) il doit à l’héritier Vichy (seul hérite Abel Goeric après le décès de son frère Félix) pas moins de 14 000 livres qu’il doit verser en billets en 3 fois : 4666 livres 13 sous 4 deniers le 13 fructidor an XIII, 4666 livres 13 sous 4 deniers le 13 fructidor an XIV, 4666 livres 13 sous 4 deniers le 13 fructidor an XV. Soit les 31 août 1805, 1806 et 1807. Le calendrier républicain s’arrête au milieu de l’an 14, il n’y eut donc jamais de 13 fructidor an 14 ni an 15. D’autre part dans le document comptable élaboré par les gens de Vichy en 1803, ils utilisent encore la monnaie ancienne (livre tournois) dénommée en fait franc depuis 1795 puis franc germinal à compter de 1803. Mais la rareté des métaux précieux crée une forme d’anarchie monétaire à laquelle Napoléon essaiera de mettre un terme en 1803.

L’importance de la somme indique que le lot acheté par Burnichon est d’importance. Ce Burnichon devait avoir une petite fortune ; d’autant que dans un autre document « comptable » de la même époque ou environ, il est fait état de certaines dettes de Vichy à payer en argent et non en billets ; pour ce faire, il compte sur des rentrées en argent de plusieurs créanciers dont Burnichon d’Écoche pour des montants de 3400 francs puis 3300 francs. On peut donc se demander qui était ce Burnichon d’Écoche.

Ce nom semble absent de la paroisse d’Écoche dans l’Ancien Régime ; après 1800 on trouve en revanche un propriétaire avec  ce patronyme : Benoît-Marie Burnichon mais qui décède à Écoche dès le 6 août 1803 ; son fils Claude-Marie a alors 22 ans et il est fort probable que le gros acquéreur est Benoît-Marie auquel a dû succéder son fils pour régler les traites. Ces Burnichon viennent de Thel, d’une famille de notables précisément : on trouve parmi les ancêtres à Thel, un apothicaire, plusieurs marchands ; et beaucoup d’alliances avec des familles « bourgeoises » de la vallée du Reins, de Mardore entre autres (ce qui pourrait laisser supposer une proximité avec Glatard, mais ceci n’est qu’une conjecture).

Les enfants-nombreux- de cette famille devenue écochoise vont bien s’intégrer à la commune par de nombreux mariages. Ainsi, par exemple un fils, Pierre-Marie, épouse en 1812 la fille du maire d’Écoche, Jeanne-Marie Brossette ; elle a 16 ans et meurt à 18 ans quelques jours après son enfant (mort 8 jours après sa naissance)

Il est par contre  amusant de penser qu’une fille de Benoît-Marie, Pierrette, épousa en 1806 l’arrière-grand père de Cyrille Ducruy qui acquit au début du 20e siècle les restes de l’ancienne maison forte du But ex-propriété de Vichy !

Quelle fut l'acquisition de la famille Burnichon? Probablement un domaine de La Quichère (appelé dans l'ancien Régime "domaine Buchet") ; il s'agit de la fermes occupée en 1960 par la famille  Muguet, descendante des Burnichon. A côté, la ferme occupée par la famille Mercier en 1960, aujourd'hui "les rondins" devait être l'ancien domaine dit Plassard. Peut-être racheté par un Dumoulin de Chauffailles qui l'occupe en tout cas en 1840. Mais l'achat a dû se faire par l'intermédiaire d'un Jolivet de Chauffailles, parent de sa mère. Ce Jolivet avait été fermier de la comtesse de Chauffailles (domaine de la Motte) et son grand père avait été granger à Écoche au 17e finissant.  Simples coïncidences?

 

1 Cécile d’Amanzé resta jusqu’à sa mort à Chauffailles et céda habilement quelques biens à la municipalité pout rester sous sa protection. Elle fit tout sous le Directoire, pour faire rayer ses fils de la liste de Émigrés. Si cela permit de retrouver les biens d’Écoche, ce ne fut pas le cas pour ceux de Saint André d’Apchon, de Monceaux, etc.

 

2 sources Archives vichy numérisées 026.02 et 237.04