Dans l’Ancien Régime, pas de « Sécu » On ne doit compter que sur soi ou sur ses proches pour vivre même si on atteint un âge avancé. Ainsi de ce laboureur d’Écoche, demeurant au village Ardillats et qui vécut plus de 90 ans. Devant le notaire Thivend à Arcinges il reconnaît devoir être assisté par son gendre (originaire de Maizilly) Estienne Auclerc. L’acte est de janvier 1712 car sa fille Benoite Magnin est décédée à 45 ans le 26 décembre 1709 au début du terrible hiver et, comme il était de coutume, le gendre devenu veuf se remarie le 17 octobre 1711 avec une « jeunette ». Au moment du mariage à Écoche, Estienne Auclerc est employé (domestique) par le bourgeois de la paroisse Pierre Deschezeaux, ce qui assure un petit revenu car les possessions du ménage, héritées d’Hugues Magnin, ne sont pas d’importance. Dans la déclaration reproduite ici, il est dit tixier.

 

Furent présents Hugues Magnin laboureur de la paroisse d’Escoches, lequel de son gré reconnaît et confesse qu’il est convenu avec  Estienne Auclerc son gendre tixier dudit lieu de lui donner par année la somme de soixante-dix livres pour le nourrir et entretenir comme il a fait depuis quatre mois payable audit auclerc et de la r.... sur ses biens présents et avenir d’autant plus que Claude Magnin son fils n’a voulu faire aucun compte de lui et l’a abandonné à toutes sortes de misères, en ne lui ayant jamais fourni aucune chose pour sa nourriture et entretien ; déclarant même ledit Hugues Magnin que ledit auclerc lui aurait fourni avant son mariage avec Marie Chappon la somme de soixante livres ainsi qu’il le dit et déclare et s’en contente aussi pour la nourriture et entretien, ladite composition faite de soixante dix livres pour chacune année qu’il demeurera avec ledit Auclerc et qu’il le nourrira comme il l’a fait ci devant et l’entretiendra ordinaire,  ne pouvant travailler en aucune manière à cause de son âge de plus de quatre vingt et dix ans, obligeant pour lesdites parties tous leurs biens soumettant...

 

Fait et passé à Arcinges château dudit lieu après midi le vingt sept janvier mil sept cent douze en présence de Messire Estienne Desgeorges prêtre curé dudit lieu et François Voisin sr Dessauges chevalier de St Lazare demeurant audit lieu, témoins qui ont signé et non les parties pour ne savoir... ....enquis et sommés suivant l’ordonnance et sans préjudice.......

 

Déclarant ledit Magnin que ledit Auclerc a payé quatre livres de taille qui étaient encourues sur les dits biens. Signé à la cedde Degeorges, Dessauge et Thivend notaire.

 

L’attitude du gendre ne va donc pas de soi comme le montre celle du fils. Hugues Magnin était veuf sans doute depuis longtemps déjà, sa femme était née à Arcinges.

Pourquoi choisit-il d'aller faire sa déclaration chez le notaire Thivend plutôt que chez Deschezeaux au bourg d'Écoche? Sans doute car son grand âge rendait plus difficile le retour à pied depuis Écoche : environ 2 km 300 par des chemins en forte pente ; pour le château d'Arcinges : 1km 800 seulement par des chemins en pente aussi mais plus irrégulièrement ; et peut-être aussi qu'il connaissait sur le parcours une maison qui pouvait constituer une halte  ; ayant épousé une Thozet d'Arcinges, il  y avait été le parrain au XVIIe d'un neveu.