Mourir jeune mais loin d’Écoche.

 

Napoléon III avant d’être empereur était pacifiste : il rêvait de transformer les relations internationales par la négociation (organisation de congrès). Mais dans la réalité, pour diverses raisons, la France sous son règne connut des guerres de façon quasi permanente. Et pour les guerres il faut des soldats recrutés dans tout l’empire, y compris à Écoche, par tirage au sort. Plusieurs jeunes hommes d’Écoche partirent ainsi au loin et certains y laissèrent leur vie. Morts bien souvent oubliés aujourd’hui. Morts pourtant décédés dans des conditions difficiles, plus souvent des suites de blessure ou de maladies.

 

Ainsi pendant la guerre de Crimée au moins sept Écochois y moururent.

 

Pour mémoire, résumé (source wikipedia décembre 2021) : la guerre de Crimée opposa de 1853 à 1856 l'Empire russe à une coalition formée de l'Empire ottoman, de la France, du Royaume-Uni et du royaume de Sardaigne. Provoqué par l'expansionnisme russe et la crainte d'un effondrement de l'Empire ottoman, le conflit se déroula essentiellement en Crimée autour de la base navale de Sébastopol. Il s'acheva par la défaite de la Russie, entérinée par le traité de Paris de 1856.

 

 

 

 

- André Chervier  , hussard sans doute en attente de partir pour la Crimée ou plutôt de retour du champ de bataille (car atteint de fièvre typhoïde), est mort le 25 novembre 1853 à l’hôpital militaire de Tarascon. Né à Écoche le 28 août 1827, il était le fils de Jean Louis Chervier (cordonnier) et de Jeanne Marie Thivend.

 

-Claude-Marie Julien Burnichon meurt à l’hôpital de Marseille en juillet 1855 de diarrhée chronique, rapatrié ; il avait 28 ans.

-Antoine Desseigne décède en juillet 1855 à l’hôpital militaire de Varna en Turquie (la ville est aujourd’hui en Bulgarie) des suites d’une blessure par coup de feu à l’avant-bras. Il avait 22 ans.

-Christophe Valentin en août 1855 trépasse à Constantinople (hôpital Mateppé) de la fièvre typhoïde et de « pourriture d’hôpital » (on dirait aujourd’hui d’une maladie nosocomiale). Il avait 22 ans

-Hippolyte Raffin, âgé de 32 ans meurt à l’hôpital Daoud Pacha de Constantinople en août 1855, victime du scorbut.

-Jean-Marie Letrève meurt dans un camp (ambulance) de l’armée d’Orient le 4 septembre 1855, de maladie ; il était canonnier.

-Guillaume Gelin, rapatrié à l’hôpital du Val de Grâce y succombe en 1856 à une diarrhée chronique. Il avait 21 ans.

-Jean-Claude Labrosse décède au camp de l’armée d’Orient à Sébastopol en 1856, âgé de 25 ans.

 

Un article savant peut nous aider à comprendre les conditions atroces de ces morts et de leur inhumation, rapide sur place en raison de l’épidémie de choléra.

 

https://www.cairn.info/revue-corps-2017-1-page-293.htm

 

Si la guerre de Crimée est meurtrière, d’autres expéditions militaires ont aussi mené à la mort de jeunes Écochois alors que Louis Napoléon Bonaparte est d’abord prince-président (1849-1852) puis empereur (1852-1870) ; ou en 1871 des suites de la guerre franco-prussienne déclenchée par Napoléon III :

 

-Christophe Magnin, 22 ans, chasseur à l’armée d’Afrique meurt à Oran en juillet 1849 ; c’est la guerre coloniale qui dure en Algérie avec notamment la conquête des oasis en cette année 1849 (Zaatcha). Il succombe à la diarrhée chronique (sans doute en réalité du choléra)

 

- François Raquin fusilier, né à Écoche en 1827, fils du meunier du But, décède à l’hôpital Saint Dominique de Rome d’une péritonite aigüe, le 27 août 1849, à l’occasion de l’entrée de l’armée du général Oudinot dans les états du Pape, contre les troupes de Garibaldi.

 

-Antoine-Marie Sadot, 25 ans décède luis aussi à Rome en octobre 1849 Fusilier, il est mort à l’hôpital St Dominique de diarrhée chronique

 

-Benoît-Marie Fusil meurt à Rome (hôpital St Louis) en octobre 1849. Ce voltigeur avait 26 ans et succombe à une fièvre remittente pernicieuse

 

-Jean-Ferdinand Brossette né à Écoche en 1843, troisième enfant de Jacques Brossette et Claudine Lacôte faisait partie de la calamiteuse expédition du Mexique. Affecté (grenadier) au 7e régiment de ligne, il embarque à Brest sur le navire Meuse : il ne vit jamais les côtes du Mexique puisqu’il meurt au cours de la traversée, le 19 octobre 1865. On peut penser que son corps a été rendu à la mer. La famille demeurant à Chez Forest n’a sans doute été avertie de sa disparition qu’en mars 1867.

 

- François-Jules Aubonnet meurt à l’hôpital San José de Gracia (Mexique) des suites d’un abcès pernicieux le 8 février 1863 ; ce chasseur alpin né à Écoche le 24 août 1837, de Benoit Aubonnet et Françoise Vincent, aubergistes au bourg.

 

-Claude-Marie Duffy, hussard au 2e régiment de hussard meurt à l’hôpital des armées de Lyon le 8 septembre 1863 de fièvre thyphoïde. Né en 1841, il est le fils de Laurent Duffy et de Claudine Corneloup

 

-Claude Lamure soldat au 2e régiment de marche est mort le 27 février 1871 à Besançon (ambulance). Né à Écoche en 1846, fils de Barthélemy Lamure et Marie Guichard

 

-François Élie Auclerc est décédé à Sète, hospice Saint-Charles, soldat au 63e régiment de ligne, âge de 23 ans, le 13 août 1871. Ses parents (Benoit Auclerc et Rosalie Chervier) demeuraient à Écoche.

 

Autre décès dans les colonies :

Mort le 19 octobre 1852 à l’hôpital de Milianah , de l’armée d’Algérie : Antoine Auclerc (ou Auclair) transporté politique, né en janvier1820 à Écoche fils de Louis Auclerc et de Jeanne Michelle Lacôte habitant alors près de Lachal. La mention de "transporté politique" indique une condamnation, ici après le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte de 1851. Opposant au césarisme politique. La police, d'après le Maitron, le considérait comme un "agent actif du parti socialiste". Il aurait été d'abord instituteur puis commis en soie.