Combien d'habitants dans l'Ancien Régime?

En 1720, dans le cadre de l'élection de Villefranche, un recensement des "feux" assujettis à l'impôt donne le chiffre de 125 feux pour Arcinges et Écoche regroupées, soit la totalité des deux communes d'aujourdhui plus les hameaux qui aujourd'hui sont sur le Cergne. On peut estimer grosso modo que le teritoire de l'actuelle Écoche devait représenter au plus les 3/5 de la population totale soit 75 feux ; si l'on considère que ne sont pas comptabilisés dans ce chiffre les clercs et les nobles exemptés (mais peu nombreux à Écoche) on doit être proche de la réalité en multipliant 75 par 5, ce qui donnerait environ 375 habitants, disons à peine 400. Or au moment de la révolution on a un chiffre de 940 mais avec Fontimpe ; soit à peu près 850 sur le territoire actuel. Cela signifie qu'au 18ème siècle la population a plus que doublé. Cela correspond sans doute d'une part à la démographie française du 18ème qui est en augmentation, d'autre part à l'arrivée du textile dans le Haut Beaujolais.


Petit travail sur le village de Chifillon à partir du recensement de 1911 ; télécharger le PDF ci-dessous ou lire en version calameo

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De quelques mariages

Les mariages du 19ème siècle étaient-ils « endogamiques » comme on le dit parfois ? Ne se mariait-on qu’entre gens d’Écoche ?

 

Pour le savoir, on doit observer l’origine géographique des mariés à partir des données de l’état-civil. Si l’on prend comme exemple la période 1879-1889, soit 11 années consécutives, on a à Écoche 148 mariages, ce qui représente tout compte fait un assez bon échantillon.

 Pour les domiciles des mariés on obtient : 147 épouses nées à Écoche, ce qui est conforme à la tradition (mais non obligation selon les lois) qui veut qu’on se marie dans la paroisse ou la commune de l’épousée. La 148ème domiciliée dans un village proche était native d’Écoche. Pour les hommes, ils ne sont que 60 à être nés à Écoche.

 Comme pour le verre à moitié plein ou à moitié vide, soit on peut insister sur les 40.54% de mariages intra communaux et relever une certaine endogamie, soit dire que pas moins de 59% des mariages concernent des mariés de commune différente.

 Pour les lieux de naissance, la diversité géographique est plus grande : seules 97 femmes sont nées à Écoche et les hommes natifs de la commune ne sont que 51 ; ce qui montre malgré tout une certaine mobilité. Celle-ci peut s’expliquer entre autres par la coutume qui consistait pour les jeunes gens  issus d’une famille nombreuse à être placés avant leur mariage comme domestiques, par exemple chez un oncle âgé ou chez une cousine qui venait d’accoucher ; les recensements montrent des domestiques dans des ménages parfois assez pauvres. La mobilité peut aussi s’expliquer par l’emploi dans une usine. On a un cas d’un Prussien qui après la guerre de 1870-71 est venu travailler à Saint Igny de Roche chez Glatard (d’ailleurs le même se marie deux fois avec des Écochoises dont une fois après un veuvage).

  Seuls 20% des mariages (29) peuvent être considérés comme purement écochois : les deux époux sont à la fois natifs et domiciliés à Écoche.

  Mais les communes non écochoises sont parfois très proches d’Écoche.

 Si l’on totalise toutes les communes de naissance et de domicile à la fois, on trouve 54 communes différentes (hormis Écoche) ; ce sont les suivantes :

 Belmont vient en tête avec pas moins de 36 occurrences : c’est logique car il s’agit d’une commune limitrophe et assez peuplée

 Elle est suivie de Coublanc avec 17 occurrences, autre commune limitrophe et d’accès facile et qui plus est avec un territoire d’échanges divers : Cadolon.

 Vient ensuite Mars, 16 occurrences ; proximité avec Bertillot et le haut Bertillot.

 Cours : 14 ; mais il faut sans doute ajouter les occurrences de La Ville, 4 car cette commune limitrophe n’existe que depuis 1865 et qu’en 1880 si l’on a plus de 15 ans on ne peut naître qu’à Cours. En regroupant Cours et la Ville on obtient 18 fois la commune citée.


Tableau complet des 54 communes ramenées à 53 avec le nombre pour chacune des occurrences (domicile ou lieu de naissance)

La proximité géographique est assez claire, plus que la proximité administrative.

On voit aussi plus de communes de Bourgogne que du Forez. Le fait qu’avant 1800 Écoche faisait partie du diocèse de Mâcon joue-t-il encore à la fin du XIXème ? Sans doute pas.

Mais quand même une commune plus ouverte que parfois on a bien voulu le dire...

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Origines géographiques des époux
fonds de carte IGN de 2018 ; mariages de 1879 à 1889 inclus
carte des communes des mariés 79-89.pdf
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Deuxième échantillon : les mariages en 1828, 29, 30, 31,  34, 35, 36. Soit 7 années où le territoire inclut encore le village de Fontimpe. Pendant ces 7 années c'est116 unions qui sont célébrées par les maires Brossette puis Etienne Glatard.

Sur les 116 conjoints masculins, 64 sont nés dans une autre commune que celle d'Écoche soit 55,17%

Sur les 116 conjoints féminins, 54 sont nées dans une autre commune que celle d'Écoche, soit 46,5%

Pour les domiciles, 37 hommes sont domiciliés à l'extérieur, ce qui montre une mobilité entre la naissance et le moment du mariage. Surprenant : plusieurs épouses ne sont pas domiciliées à Écoche, 21 exactement.

 

Pendant ces 7 années, on trouve pour les naissances 32 communes d'origine différentes, à savoir :

Cours pour 13 occurrences (La Ville incluse ; elle ne deviendra commune que de 1865 à 1974) puis Arcinges 7 ; Coublanc 6 ; Belleroche 6 ; Sevelinges 6 ; Belmont 5 ; St Igny de Roche 5 ; Mars 5 ;  Thel 5 ; Villers 4 ; Mardore 4 ; Cuinzier 4 ; La Gresle 3 ;  Tancon 2 ; St Bonnet de Cray 2 ; Mussy sous Dun 2 ; Vauban 2 ; Montmelard 2 ; Baudemont 2 ; Cublize 2. Puis une seule occurrence pour  :  St Igny de Vers ; Vareille ; Prizy ; Sarry ; Régny ; St Vincent de Reins ; St Germain la Montagne ;St Germain des Bois ; Varennes sous Dun ; Aigueperse ; St Didier en Brionnais ; St Hilaire sous Charlieu ; St Julien de Cray (aujourd'hui de Jonzy) ; Chauffailles ; St Bonnet des Quarts ; Jarnosse  ; Ranchal  ; Les Ardillats  ; Arfeuille ; Gibles ; Marnand ; Le Mayet de Montagne  ; Chateauneuf  ; Kutzenhausen . Et aussi une naissance en Allemagne.

Si l'on considère les aires géographiques, c'est très nettement le Haut Beaujolais qui domine avec 79 naissances ; puis le Brionnais avec 28 naissances ; 3 proviennent des Monts de la Madeleine/Bourbonnais ; 1 du Charluais ; 1 du Beaujolais viticole ; 1 d'Alsace.

La commune du Cergne n'existe pas encore à cette date (création en 1856) mais déjà pour certains domiciles on signale pour Cours, Sevelinges ou Arcinges, partie du Cergne, sans que cela soit systématique mais cela montre que dès 1835 l'entité du Cergne était de fait déjà considérée comme un territoire (une chapelle faisant office de centre paroissial)

 

Un cas est particulièrement exotique : la commune de Kutzenhausen est située au nord de l'Alsace ; elle abrite de nos jours une maison rurale de l'Outre-Forêt http://www.maison-rurale.fr/

En fait il s'agit d'une brodeuse qui demeure en 1835 à Cours, partie du Cergne, mais qui était native de  Kuztenhausen. Barbe Forst était née en octobre 1807 ; ses parents sont décédés en 1813 et 1816. Comment était-elle arrivée au Cergne? Mystère. Si l'on pense que son conjoint, Démure Jacques habitait à Fontimpe, le mariage est tout de suite moins exotique! En outre Barbe et Jacques savent à cette date signer. Malheureusement, Barbe décède à 31 ans, sans enfant semble-t-il. Son mari se remarie ensuite.

Pour la personne née en Allemagne, il s'agit d'une commune non précisée mais la date de 1796 pour la naissance de Jean-Claude Chigle et le fait que son père soit inconnu laisse supposer que sa mère suivait les armées du Directoire lors d'une campagne militaire et en est revenue enceinte. Chigle est tailleur d'habits, résidant à Écoche en 1829 et il épouse une jeune fille de Belmont, Claudine Troncy,  mais le mariage se fait bien à Écoche. A cette époque, pas de véritable identité nationale (la carte d'identité par exemple n'existe pas) ; pour Chigle il a simplement fallu un acte de "notoriété" passé seulement un mois plus tôt devant le juge de paix de Belmont (Chuzeville).