La paroisse d'Arcinges.

Dans plusieurs documents d'Ancien Régime, on trouve Arcinges et Écoche associées. Cela correspond de fait à une unité fiscale du Beaujolais. Cela correspond aussi à une unité seigneuriale, du moins depuis que le fief du But, longtemps convoité a été réuni à la seigneurie d'Arcinges. Cela correspond enfin à des mouvements de population : mariages, fermages permettent à quelques familles d'être à cheval sur les deux paroisses comme les Montadre à la Quichère, les Poizat et Destre à Fillon et Fonteret, ou les Magnin à Fontimpe. Mais si l'on suit les registres paroissiaux du 18ème siècle, on voit que les deux paroisses sont bel et bien indépendantes. Pas les mêmes curés. Pas non plus les mêmes remplaçants en cas de vacance (décès, maladie..) ; à Écoche dans ces cas, ce sont les curés de St Igny ou de Coublanc voire Belmont qui desservent ; à Arcinges c'est l'affaire du curé de Cuinzier voire de Sevelinges. S'il arrive au curé d'Écoche de baptiser des enfants de St Igny de Roche ou de Coublanc, celui d'Arcinges baptise souvent ceux de Cuinzier ou de Mars (hameaux très proches comme Roche par le chemin de Tupinet ; ou Montadre sur Cuinzier aujourd'hui). La relative indépendance de ces deux paroisses correspond bien au relief, la limite passant par la crête qui va du Coucou à la Croix de la fin [fin = limite, peut-être multiséculaire, peut-être correspondant à des pagi antiques?] puis au bois Gauthay,  ressemble à une ligne de partage entre deux versants, l'un tourné vers le nord, Écoche et dont les rus se dirigent vers l'Aaron, l'autre tourné vers le Sud-Ouest  et dont les rus descendent vers le Chandonnet. L'Aaron se jette dans le Botoret qui rejoint le Sornin en amont de Charlieu, tandis que le Chandonnet afflue dans le Sornin en aval de Charlieu

Le curé d'Arcinges à partir de 1735 et jusqu'en 1766 est Denis Vernay. Son écriture épaisse et ses quelques remarques font penser à un prêtre bien ancré dans la vie réelle ; pendant ce temps Boisseaud curé d'Écoche à partir de 1741 semble un prêtre plus "intellectuel" : pas de remarques matérielles et une écriture élégante à la plume d'oie taillée finement.

A travers les registres, le curé Vernay parle des travaux liés à son église ou à sa cure :

"L'année 1752 le lambris de notre église a été fait par sieur Jean Destre d'Écoches et on lui a donné 80 livres et il était obligé pour cela de faire recouvrir l'église le clocher le choeur et la galonnière en lui fournissant tous les matériaux nécessaires, il a eu 35 sols par jour et le recouvreur autant ce qui a été calculé par le soussigné, ceux qui le feront refaire s'en souviendront, ce 28 août 1752. Vernay, curé."

Passage intéressant à plus d'un titre : l'église, sans doute ancienne chapelle du château, encore présente sur le cadastre napoléonien était petite certes ; le lambris montre qu'elle n'était pas voûtée mais plafonnée, les diverse couvertures indiquent des hauteurs de toiture différentes, notamment entre le choeur (peut-être plus ancien) et la nef (l'église) elle même précédée d'un auvent (galonnière).

Jean Destre dont il est question ici fut d'abord marié à la nièce du curé Ray d'Écoche  puis après son veuvage à Jeanne Forest. Denis Vernay fut parrain à Écoche du dernier enfant du couple, Denis, mort en bas âge.

L'année suivante le curé continue d'aménager son église:

"J'ai fait construire la galerie à mes frais excepté que les habitants m'ont fourni le bois seulement et il m'en a coûté 80 livres sans compter la nourriture des maçons et des charpentiers et ce dans l'année 1753. Vernay curé"

Puis en 1758 il rénove ou agrandit son presbytère :

"La grange avec les murs le portail et la petite écurie ont été construits l'année 1758 le tout à mes frais excepté les charrois qui m'ont été faits  gratuitement en nourrissant les bouviers. Le couvert est fait de la tuilière de Montadre que j'ai acheté de Mme la comtesse de Choffaille* qui avec les planches qui sont dans la dite grange m'ont coûté six vingt livres et la façon des maçons et charpentiers sept vingt dix livres et 30 livres pour la nourriture des ouvriers, le tout se monte à 300 livres. Arcinges, le 30 septembre 1759."

Pour son église, il n'oublie pas les ornements liturgiques :

"L'on se souviendra que Madame la comtesse de Saint George* a donné la chasuble qui est en broderie dans cette église le 24 décembre 1748 et elle prie ceux qui lui survivront de se souvenir d'elle dans leurs mementos...Vernay curé, à Arcinges le 24 décembre 1748"

Ni les grands moments

" Monsieur Manoury grand vicaire de Monseigneur de Mâcon a fait la visite dans cette église le 12 septembre 1745 et j'ai mené mon peuple à Thizy pour la confirmation le 19 octobre de la même année et ils ont tous été confirmés par Monsieur de Valleras** évêque de Mâcon. Vernay curé d'Arcinges"

Sans oublier les malheurs du temps

"L'année 1740 les vins ont gelé par tout le royaume et n'ont rien valu. Sans les vieux, le monde aurait été mal en boisson laquelle a valu jusque soixante livres la pièce et devait payer le blé 3 livres la mesure, mesure de Charlieu"

"Le 26 juin 1761, sur les trois heures après midi la grêle a été si rude qu'elle a emporté toute la récolte. Il y a eu plusieurs qui ont laissé la paille et le grain dans la terre".

Denis Vernay, un pasteur comme devaient les apprécier les habitants.

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* Il s'agit de Marie-Cécile d'Amanzé, petite fille de Marianne Rolin-Chauffailles cf Marie Anne Rolin qui avait résidé au château d'Arcinges jusqu'à sa mort en 1729. Marie-Cécile avait épousé en 1744 Claude de Saint Georges. Elle fut donc selon les documents, appelée soit d'Amanzé, soit de Chauffailles, soit de Saint George. Dernière comtesse de Chauffailles, elle vécut sous la Révolution à Chauffailles sans émigrer et mourut en 1802. Sa fille épousa le marquis de Vichy qui devint ainsi le dernier seigneur d'Arcinges. cf un marquis bibliophile

**Henri-Constance de Lort de Sérignan de Valras, avant-dernier évêque de Mâcon.