La vie à Écoche n'est pas toujours rose... Elle peut même carrément virer au noir. L'histoire de la commune n'est pas exempte de maladies, de suicides, de crimes, de jours sombres, d'accidents, d'épisodes honteux, de violence...Sans parler bien sûr de la période de Vichy (1940-44)


Le verglas plus fort que le feu?

En 1961 durant l'hiver rigoureux, un feu de cheminée se déclare dans une maison de Chiberthillot. Il fallait faire appel aux pompiers de Belmont, pour cela descendre au bourg pour trouver un téléphone (la poste) puis attendre l'arrivée des véhicules d'incendie. En ce temps-là point de portable mais à Belmont une sirène qui appelait les volontaires au feu. Ce n'est donc qu'environ 20 mn plus tard que les secours arrivent au bourg et entreprennent de monter à Chiberthillot. Le centre de secours ne disposait alors que de deux véhicules : un vieux fourgon avec échelle et tuyaux et un camion-citerne tout neuf (un Berliet) ; étant le plus rapide ce camion prend la tête et attaque la montée. Hélas c'était l'hiver, assez rigoureux et le chemin était un peu verglacé. Arrivé au lieu-dit le "chat pendu" le camion dérape et s'immobilise dans le fossé, bloquant le fourgon qui suivait. Les pompiers terminent les 300 derniers mètres à pied et en arrivant constatent que l'ensemble des voisins avaient réussi à circonscrire le feu. En revanche il fallut toute la journée pour dégager le camion citerne avec des tracteurs après avoir vidé l'eau dans le pré du dessous.

Ce n'est pas le fourgon de Belmont mais il ressemblait un peu à celui-ci


Où l'on a presque brûlé une sorcière en plein XXème siècle!

En 1960, une jeune institutrice originaire de Belmont sortait de maladie  et devait reprendre l'école. L'Éducation Nationale pensa bien faire  en la nommant au mois de mai au plus près de son domicile et comme le poste de l'école "d'en bas" à Écoche était occupé par une non-titulaire, elle fut nommée à Écoche. L'institutrice d'Écoche par un jeu de chaise musicale partit pour un remplacement vers Roanne. Mais c'était sans compter avec les parents d'élèves (et peut-être quelques relents d'obscurantisme chez certains parents d'élève, pour qui le mot dépression assimilait cette maladie à de la folie ; qui plus est selon le vieil adage "nul n'est prophète en son pays", on ne pensait pas qu'une institutrice originaire de la commune d'à côté pouvait faire la classe!) Et donc ces parents d'élève se mobilisèrent pour empêcher la jeune femme de prendre son poste. Le jour de son arrivée l'école était restée fermée. Elle dut descendre à pied chez le maire pour avoir une clé, sous les huées. Mais peu d'élèves furent présents, des parents faisant la grève. La tension était forte. Certains disaient qu'on faisait un affront aux Écochois. Le deuxième jour la 2CV de la nouvelle institutrice fut tagguée ; des slogans injurieux furent criés et même écrits! Une délégation partit pour rencontrer le représentant de l'Académie. L'atmosphère devenait irrespirable et un nouveau poste fut proposé à la jeune femme qui l'accepta mais ce n'était pas vraiment facile pour celle qui sortait de maladie.

L'ancienne institutrice fort appréciée -et qui n'en pouvait rien- fut renommée provisoirement sur le poste d'Écoche, ce qui apaisa les tensions.

Il y eut un ou deux articles dans la presse. Le nom d'Écoche s'était un peu couvert de honte!


Sauvageons.

Dans un quartier d'Écoche en 1960, les enfants étaient alors encore nombreux et parfois un peu polissons. A cette époque on jouait beaucoup dehors ; cela finit par incommoder une vieille dame du voisinage qui menaça les galopins de représailles. Mais les jeunes voulurent se venger. Ils n'hésitèrent pas à tuer son chat puis l'exposèrent en haut d'une perche au carrefour et écrivirent sur un panneau des paroles de la mère Michel "qui avait perdu son chat". Dans le hameau les brouilles entre familles voisines en furent accentuées..

Mais on se souvient de Jean de la Fontaine qui avait écrit :

"Cet âge est sans pitié"


Épizooties.

En 2017 les medias ont beaucoup parlé de la "grippe aviaire" ; il y a vingt ans, c'était l'épisode de la "vache folle". Écoche n'a pas été non plus épargné par ces épidémies animales (épizooties). Cela fut le cas en 1955-56 où sévit la fièvre aphteuse. Les zones contaminées étaient cernées d'affiches blanches collées sur des murs ou des arbres. La peur s'emparait des agriculteurs dont les troupeaux n'excédaient bien souvent pas 10 bêtes. Puis à partir de 1964 il y eut la tuberculose bovine. Nombre de vaches furent condamnées après détection de la maladie ; après l'abattage, il arrivait que l'on constate que la viande était non contaminée. Mais la séparation prématurée d'avec une vache est toujours un drame pour l'éleveur, pas seulement financier mais aussi affectif. En outre il fallait décontaminer l'étable afin de pouvoir y apposer le panneau obligatoire, racheter un troupeau grâce à quelques aides de l'Etat. Cette époque fut particulièrement pénible pour les paysans et contribua à la disparition de la double activité car élever un vache en plus de son travail à l'usine devint quasi impossible. Plus tard il y eut aussi des périodes de brucellose...


Alcool.

L'alcoolisme fut un mal récurrent en France, particulièrement dans les années d'après-guerre. Ce fut vrai aussi à Écoche. Si prendre une cuite était souvent accepté de façon sympathique par l'entourage, il y avait trop d'alcoolisme amenant des maladies ; on parlait de delirium tremens, de cirrhoses du foie... Et certaines  personnes (principalement des hommes) décédaient encore jeunes. Les responsables? Les débits de boisson? La gnole que l'on consommait dès le petit matin? Le mauvais vin? Sans doute mais bien plutôt l'ennui, le spleen dans une commune qui perdait des habitants. Bien sûr tous n'étaient pas victimes de cette drogue, loin s'en faut mais ce n'était pas si rare pour le plus grand malheur des proches.


Chasse prohibée.

Henri Cochais (les noms sont modifiés) aimait la chasse, même parfois en dehors des périodes d'ouverture ; bref il lui arriva de braconner. Mais les coups de fusil peuvent résonner dans le vallon. Il fut donc dénoncé auprès de la fédération des chasseurs ; un garde chasse -accompagné de forces de l'ordre- vint à l'improviste mettre le nez dans son garde-manger où fut trouvé du petit gibier. Henri Cochais passa donc en correctionnelle et il eut beau pour sa défense jurer que ses coups de fusil n'avaient pour but que d'éloigner les buses menaçant sa basse-cour, ou faire appel au conseiller Général, il fut condamné à une forte amende et à la privation du fusil. Qui l'avait dénoncé? Nul ne le sut malgré les rumeurs. Cela se passait en 1965. Et quelques années plus tard un autre chasseur qui avait tué un chevreuil de trop fut lui aussi dénoncé et, pris au moment du transport, vit son véhicule saisi avant de devoir régler une forte amende...Les dénonciateurs étaient-ils des précurseurs des écologistes? Sans doute pas mais bien plutôt d'autres chasseurs jaloux.


Brouilles tenaces.

Des familles voisines parfois se querellaient sur des sujets qui, vus de loin, paraissent ténus mais qui avaient alors leur importance et tournaient souvent autour des limites de propriété, des droits de passage, de l'utilisation de l'eau d'irrigation, de l'entretien des haies. Ces querelles n'étaient point futiles mais vitales vu la pauvreté de l'époque. Priver quelqu'un de son accès à l'eau d'arrosage c'était fatalement diminuer son herbe déjà bien maigre, réduire sa quantité de foins, déjà bien modeste. Tailler une haie qui ne lui appartenait pas c'était priver son vrai propriétaire (ou pensant être le véritable ayant-droit) de bois de chauffage. Etc. Or ces querelles entretenaient des brouilles qui pouvaient durer de longues années voire sur plusieurs générations.

Ainsi, par exemple à Fillon, en 1957, Philomène Atout (les noms sont modifiés) se précipita sur Jean Serrien qui travaillait dans le champ d'à côté et lui asséna plusieurs coups de pelle sur le dos ; la femme de Jean entra dans la bagarre à son tour et il fallut l'intervention de voisins pour séparer les combattants avant que la rixe ne tourne à la tragédie. Mais la querelle n'avait pas de véritable objet, simplement les deux familles étaient brouillées depuis des générations.


Délation.

En 1940 Joanny Toux (les noms sont modifiés) fut fait prisonnier et emprisonné en Allemagne d'où il réussit à s'évader en 1942. De retour au pays il réussit à se cacher et même à retravailler à l'usine de Cadolon. C'est là où la police française vint le reprendre pour le renvoyer en Allemagne. Il avait été dénoncé. Même si le silence fut bien gardé à Écoche, tout le monde sut que le délateur était un commerçant d'une commune environnante qui avait trouvé à son goût la jeune femme de Joanny. Après la guerre, Joanny revint, se remit en ménage : avait-il pardonné à son épouse? N'en avait-il rien su? Apparemment ils vécurent heureux....


Accident mortel.

Ce n'est qu'en 1965 que l'eau courante arriva à Écoche (et encore dans quelques hameaux seulement). Les gros travaux d'adduction étaient réalisés par l'entreprise Pétavit de Lyon. Au cours de cette période un ouvrier trouva la mort sur la route de la Cratase (dénommée aujourd'hui des Grattaz) en perdant le contrôle de son véhicule qui vint s'écraser contre un arbre.


 

Information de 1935 où nos voisins et amis du Cergne ont des problèmes avec la nouveauté de l'électrification. L'article est très précis ; les gros sabots de la paysanne ont fait son salut !