Localiser Montruchet.

Dans « Lieux d’Écoche » nous avons évoqué le toponyme Montruchet sans être très précis sur sa localisation, compte tenu des rares documents qui en parlent. Dans les pages de ce site nous montrons que Montruchet est partie prenante de l’histoire d’Écoche.  Cf les pages Conjectures truchettoises et le But et Montruchet.

Revenons ici sur la localisation de ce fief, en donnant quelques hypothèses sur ce qui aurait pu être une ancienne maison forte ou plus simplement un petit château en bois voire une simple tour antérieure au XVIe siècle, voire encore une simple grange, remontant peut-être même au Moyen-Age. Pour nous, évitant l’hypothèse que ce fief soit confondu avec celui de Noailly (dans Escoches, ce ne sont pas les mêmes terres qui en dépendent), nous formulons quatre hypothèses.

1-Hypothèse la plus répandue : Montruchet serait situé à Cours. Hypothèse retenue au 19e siècle par Ogier dans la France par canton, mais Ogier ne fait que reprendre une tradition pas forcément juste. On voit que par ailleurs il a des informations erronées. S’il était à Cours, Montruchet serait situé dans le bas de Cours ; mais ne fut jamais rattaché à Estieugues comme l’écrit pourtant Ogier. Hypothèse maintes fois repise ensuite (comme aujourd’hui les fake news ?)

2- Hypothèse la plus historique : Montruchet serait situé entre Sevelinges et Arcinges (soit sur une partie de l’actuelle commune du Cergne). Hypothèse présentée par Soulgé dans Le régime féodal et la propriété paysanne, 1923. Son hypothèse s’appuie sur les censives de divers terriers de Montruchet entre 1405 et le XVIIe siècle. Pour lui la « grange » primitive aurait déjà disparu au XVe siècle et les divers seigneurs successifs n’auraient de Montruchet qu’une grange virtuelle, la grange réelle étant par exemple à un moment donné à Boyer. En effet les tenanciers dépendant de Montruchet viennent alors non seulement d’Écoche mais aussi  d’Arcinges, Cuinzier et Sevelinges.

3-Hypothèse la plus simple : Montruchet serait dans l’actuel bourg d’Écoche. Émile Salomon écrit dans Les châteaux historiques.....qui ont formé le département de la Loire, 1929 « Le But, terre confondue plus tard avec celle de Montruchet dont le siège même avait disparu » Cela laisse entendre que le siège de Montruchet se trouvait sur les terres du But soit dans la paroisse d’Écoche. Compte tenu de la présence de l’église Saint bonnet au bourg, peut-on admettre qu’un siège de seigneurie se trouvait là ? Hypothèse simple mais discutable puisque pour certains auteurs Montruchet ne serait revenu au But qu’au moment de son rachat fin XVIe par Godefroy de Boletières. Cependant l’acte de ce rachat précise bien que Montruchet avait été enlevé du But auparavant.

4-Hypothèse la plus modeste : à proximité de Laval. Dans des reconnaissances de cens de 1710 environ, certaines terres sont encore dites  "mouvantes de Montruchet". Ces terres se situentautour de Laval, Fillon et le bas de Berthillot qui, à cette date se dénommait encore Galichon (en 1913, le ruisseau aujourd’hui renommé Pontbrenon est  dans un document -unique- appelé le Galichon). C’est vers Gourlaine qu’on trouve d'ailleurs au 17e et 18e le lieu-dit Truchet.

 

5-Hypothès la plus originale : au Caire. Cette hypothèse ne repose que sur une impression paysagère. Un visiteur de ce site nous a écrit pour nous signaler que, selon lui, la butte arrondie située à l’est du « Pavillon » appelé jadis « domaine Thiers » présentait une forme bien typique des anciennes mottes féodales. D’ailleurs l’historien Jean-Pierre Gutton, alors que nous nous trouvions dans son jardin avec vue sur ladite butte, nous demanda si ce n’était pas là que s’était trouvée la maison forte du But. Si l’on poursuit dans ce qui est bien seulement une hypothèse, une fiction...on peut trouver des raisons à cette localisation. Le lieu est situé entre deux ruisseaux tout près de leur confluent ; tout près donc de chemins empruntant leur vallon ; tout près aussi du moulin principal de la contrée, source de revenus importants. Pour passer de Montruchet au But, il n’y aurait eu qu’à changer de versant. On peut imaginer que le siège sur la butte/motte n’était qu’en bois et que le passage au  But fut l’occasion de construire un meilleur bâtiment en pierre. En continuant dans ce domaine imaginaire, on pourrait alors faire du hameau du Couvent le lieu du premier village, juste au sud du « château » les lieux de culte étant au Haut Moyen-Age plus dispersé, avant qu’au XVe ou XVIe siècle on construise l’église Saint Bonnet....A noter enfin que le sommet de la Butte en question se signale sur le cadastre dit napoléonien par un point remarquable Note sur le toponyme du Caire ; il semble dériver du lieu-dit le Couard, nom d’un pré du sieur du But situé à peu près ici.


Les trois hypothèses dans la paroisse d'Écoche.


la butte vue depuis le couvent (en octobre 2023). Seul le tertre sommital aurait pu être une motte artificielle?

En résumé, rien ne prouve que la butte photographiée ci-dessus soit autre chose qu'un tertre naturel. Le côté nord (non visible ci-dessus) paraît d'ailleurs trop étendu.

Si toutefois le sommet était bien les vestiges d'une ancienne motte, il est peu probable qu'il s'agisse de Montruchet. Ce pourrait alors être soit la localisation très ancienne d'une mini  place forte  à jamais disparue soit une première localisation pour le But. Ci-dessous, vue depuis l'est.