Un anarchiste né à Fontimpe

En 1855 naquit à Fontimpe dans une famille modeste de tisserands Jules Clovis Démure qui allait devenir un véritable anarchiste connu dans tout le département  et jusqu'à Lyon. Voici ci-dessous la notice qui lui est consacrée dans le dictionnaire des anarchiste :

DEMURE, Clovis, Jules

 

Né à Écoche (Loire) le 3 avril 1854 - Ouvrier tisseur & cordonnier - Roanne & Saint-Etienne (Loire) – Lyon (Rhône)

 

Clovis Demure (parfois orthographié Desmure) se maria le 29 septembre 1877 et eut deux enfants. Ouvrier tisseur à Roanne (Loire), il était, en 1880, un des animateurs du groupe anarchiste Les Révoltés. En 1882, il perdit son travail en raison de ses idées et de sa participation à la grande grève des tisseurs de février-mars.

 

En 1883, les 7 juillet et 20 octobre, il fut condamné, pour infraction à la loi sur la liberté de réunion, à trois jours de prison, puis à deux jours et 5 f d’amende. Selon la police il avait "une conduite régulière et des habitudes d’ordre" et était "économe et laborieux". C’est à cette époque qu’il serait parti pour Lyon où il aurait collaboré à l’hebdomadaire anarchiste Le Drapeau noir, (17 numéros, 12 août-2 septembre 1883) qui avait fait suite au journal La Lutte. Puis il revint à Roanne et appartint au groupe anarchiste Le Revolver. Le 18 février 1884, il présida une réunion de Jules Guesde où Cyvoct avait été désigné comme président d’honneur. Sans doute la salle était-elle composée en majorité d’anarchistes et Demure tint à préciser qu’il n’avait rien à demander au gouvernement lorsque fut présenté l’ordre du jour réclamant la réduction à huit heures de la journée de travail.

 

En octobre 1884, avec Real, Grillot et Charras, il fut accusé d’un attentat à la dynamite à Roanne, mais, comme ses camarades, bénéficia d’un non lieu faute de preuves. Il demeurait alors 23 rue Gonthier à Roanne..

 

À Roanne, on comptait alors trois groupes anarchistes : Le Revolver, Le Poignard, La Jeunesse révolutionnaire. Il fut alors, durant quelques semaines, secrétaire de rédaction de L’Alarme (Lyon, 8 numéros, 13 avril-1er juin 1884). La police le considérait comme le principal responsable anarchiste de Roanne où il était assisté de Simon Guet et de Real qui, au printemps 1884, avaient été brûlés lors de l’essai par Jenshomme d’un engin explosif au Champ de Mars, ce qui leur avait valu d’être blâmés par les autres membres du groupe.

 

Après le 18 mars 1888 et la commémoration de la Commune lors d’un, banquet dont il avait été l’organisateur avec Perron, Demure fut condamné à cinq jours de prison et 1 f d’amende

 

Jusqu’aux premières années du siècle et peut-être même après, Demure fut un militant anarchiste très actif, sans cesse condamné :
En juin 1887 : deux jours de prison et 6 f d’amende pour outrages à agents et divagation d’un animal malfaisant (sic) ;
en octobre 1890 (31 octobre) : quinze jours de prison par le tribunal correctionnel de Roanne pour outrages à commissaire de police au cours d’une réunion avec Octave Jahn et Paul Bernard ;
en 1891 (1er juillet) : condamnation avec le compagnon Louis Gay, par la cour d’assises de la Loire, à un an de prison et 100 f d’amende pour participation à un meeting le 30 avril et « provocation au meurtre, au pillage et à l’assassinat des officiers » (en outre, 5 f d’amende infligés par le tribunal correctionnel de Roanne le 5 mai pour le même motif). Demure, à la fin de sa défense qu’il avait assuré lui-même, avait déclaré : "Condamnez moi si vous voulez, je suis anarchiste et j’y resterai".

 

En mars 1890 il avait été l’organisateur à Roanne de la conférence d’Henri Riemer Lutz sur la grève générale et la misère du peuple à laquelle, selon la police avaient assistés "environ 150 personnes dont une quinzaine de femmes".. Le 21 mats 1891 il fut l’un des organisateurs d’une soirée familiale pour le 20ème anniversaire de la Commune.

 

Demure, qui demeurait 32 rue de Clermont, était alors considéré comme le chef des anarchistes roannais par le sous-préfet qui, en 1891, à propos d’une demande de relèvement de l’indemnité mensuelle de surveillance, rappelait son passé et écrivait : « Laborieux, économe, assez sobre, c’est un anarchiste habile et prudent qui, pour éviter qu’on connaisse ses relations, n’a aucun rapport avec les ouvriers de l’usine où il travaille comme tisserand. C’est dans la nuit qu’il conviendrait de surveiller ses agissements (...) Un affilié seul pourrait fournir des renseignements utiles ».

 

Au printemps 1891, suite à l’arrestation de Ferraton, il était considéré comme le responsable du groupe Les Révoltés et, selon la police, recevait sous pli fermé , le journal La Tribune libre (Londres, au moins 4 numéros, 15 novembre 1890 à 1er mars 1891) qui avait fait suite à L’International (Londres, 1890-1891) interdit de circulation en France.

 

Le 11 mai 1891, il fut poursuivi avec Segaud, Sigot, Barret, Gallo et Vially sous l’accusation d’appartenance à une société secrète se réunissant rue Bravard, et fut condamné comme ses camarades à 5 fr d’amende tandis qu’était ordonnée la dissolution du groupe. Début 1892 il était emprisonné à Saint Etienne.

 

En 1893 (21 septembre). Demure était une nouvelle fois condamné : un mois de prison pour complicité de rébellion contre agents de la force publique. Le 1er janvier 1894, comme de nombreux compagnons, il fut l’objet d’une perquisition.

 

Demure perdit sa femme en 1894. Il habita Saint-Étienne à partir de 1896, travaillant comme cordonnier et fréquentant toujours les groupes anarchistes.

 

Signalé disparu du département de la Loire en septembre 1903 il fut inscrit à l’état vert n°4 des anarchistes disparus et/ou nomades.

 

 

 

Sources : Arch. Dép. Loire, 10 M 82 et 95, 19 M 2-6-20-61.= Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier...", op. cit. // R. Bianco « Un siècle de presse… », op. cit. // AD Loire 1M527, 1M528, 4U260 // La Révoite, mars 1888 (l’appelle Desmure) // Le Père Peinard, année 1891 // Arc. Nat. BB 186461 // Etat signalétique confidentiel des anarchistes disparus et des anarchistes nomades, n°4, avril 1904 //

 

 

Dans cette notice la date du mariage est erronée : il s'est marié avec Marie Philomène Magnin, sa voisine de Fontimpe le  30 août 1876 à 6 h du soir en la mairie du Cergne, commune créée en 1856.

Il était le fils de Victor Démure et de Rosalie Lagresle, le troisième d'une famille de 4 enfants. Son oncle Lagresle était aubergiste au Cergne ; on sait que les cafés étaient des lieux parfois favorisant la parole anarchiste.

Sa femme Marie Philomène était la 7ème enfant d'une famille de 10, fille de  Claude Magnin et Benoîte Verchère, eux aussi tisserands ; elle était jumelle de Marie Séraphine.

Après son mariage Clovis eut deux fils :  Claude Victor né à Fontimpe en 1877 et Antoine Marie Emmanuel né le 25 mars 1878 aussi à Fontimpe. L'année suivante ou en 1879 ils partirent travailler à Roanne...

Anecdotique mais amusant, son épouse Philomène était apparentée à la famille Puillet de Fontimpe qui compta dans ses rangs un homme d'affaires dans les colonies, Benoît, un instituteur Victor et surtout Mathieu qui fut le curé d'Écoche (après y avoir été vicaire) de 1844 à 1877. L'arrière grand père de Philomène était aussi le grand père des frères Puillet.