Circulations anciennes


Écoche s'inscrivait au XVIIIème dans un espace haut-beaujolais où circulaient marchands et marchandises, sans oublier les migrants de toute sorte : vagabonds, colporteurs, déplacement vers les foires et marchés, relations familiales, émigration des enfants des familles (trop) nombreuses, etc. Mais par où se faisaient ces circulations? Par les chemins souvent de mauvaise qualité. Il n'existait que peu de routes avant la deuxième moitié du dix-neuvième dans la région. Sur la carte dite de l'Etat Major une seule est repérable : la route de Beaujeu à Charlieu via Cadolon.

Un passage d'un article de la revue Études Rhodaniennes de 1948 nous explique pourquoi cette route et ses vicissitudes.

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Champier Laurent. L. Blin, La route beaujolaise de Saône-et-Loire au XVIIe siècle. Ses affinités mâconnaises. In: Les Études rhodaniennes, vol. 23, n°1-2, 1948. pp. 86-88;

 

 C'est à la hauteur du Massif du Saint-Rigaud et du  Bois-d'Ajoux  que  la traversée du rebord' s'effectue  le plus aisément : un seul, dos d'âne à escalader, des cols bas et facilement atteints par des vallées conduisant aux deux fleuves (Ardière ; Bottoret-Sornin) . La différence de genre de vie et de ressources explique la précocité des relations d'un versant à l'autre (piste paléolithique ; route  gallo-romaine, chemin  médiéval). Mais il faut attendre le milieu du XVIIe s. c.a.d. l'ouverture du Canal de Briare pour que soit établie une circulation régulière, par mulets et charrettes, de la Saône à la Loire (de Belleville à Pouilly par, Beaujeu, les Echarmeaux, Chauffailles, et Charlieu). Pendant un siècle environ, la route beaujolaise (établie en  partie sur territoire maconnais) connaît un succès extraordinaire : c'est la route des chanvres, des  toiles, de  la contrebande du sel,  du blé bourbonnais, mais surtout de vins de la Côte Beaujolaise et Mâconnaise vers le débouché parisien (les vins du Maconnais descendent la Saône jusqu'à Belleville). En 1670, on compte 500 charrois de Charlieu à, Pouilly, en un mois, sur la levée qui finirait par être complètement détruite si l’on n'y mettait bon ordre.

 

Dans la seconde moitié du XVIIIe s., sa décadence est rapide. Le mauvais état, si souvent  invoqué, est une conséquence plus qu'une  cause : de  son abandon. Sans doute, Lyon préfère " ouvrir une vraie route de sa toile» (Villefranche-Roanne par Thizy) plutôt qu'entretenir la « route du vin » ; mais la désaffection qui atteint cette dernière provient essentiellement de ce que le Maconnais, jusque là tributaire du Beaujolais pour ses expéditions, s'émancipe et modernise ses vieux chemins vers la Loire (double route de Mâcon à Digoin ; route Mâcon-La Clayette divergeant vers les  3 ports de Pouilly, Iguerande, Roche). De même, Chalon atteint Digoin par Charolles. C'est là une première capture de trafic, qui, fait de l'itinéraire Belleville- Pouilly une route exclusivement, beaujolaise.

 

Mais le Beaujolais ne, s'estime pas battu pour autant. Pendant tout le XVIII siècle, des projets et de partielles réalisations auxquels s'intéresse personnellement le contrôleur général Trudaine, visent à améliorer la viabilité de la route et à lui donner un tracé exclusivement  lyonnais (des Écharmeaux à Pouilly par Belmont)* ainsi que des prolongements en Bresse et en Bourbonnais. En effet, avec la disparition des convois, la vie s'éteint dans la

 

montagne, les paysans n'ont plus d'argent pour payer impôts et blé ; les bois pourrissent sur pied ; Chauffailles se trouve bloquée. Tous ces efforts seront impuissants à ramener le trafic. D'ailleurs, toutes ces routes du rebord seront bientôt uniformément frappées d'inanition par l'ouverture du Canal du Centre (1793) qui réalise une capture totale et définitive.

 

 

 

*En fait la route passe par Saint Claude, Volaille, la Croix (Cadolon)et sur la carte dite de l'Etat-Major, elle est bien nommée route de Charlieu à Beaujeu

 


Ainsi lorsque Glatard installe son usine dans la vallée de l'Aaron, ce n'est pas uniquement pour utiliser le courant en construisant un étang, c'est aussi pour profiter de la route et de ses avantages. On comprend aussi pourquoi lorsque dans les années 1830 le curé d'Écoche veut reconstruire l'église, Glatard propose de la localiser vers le nord de la commune d'Écoche ; non pas uniquement pour la rapprocher de ses usines mais surtout pour la rapprocher de la voie de circulation ; et comme les bourgs-centres se rassemblent autour de l'église, Écoche aurait eu alors son "vieux bourg" comme c'est la cas à St Denis de Cabanne : vieux bourg sur la hauteur, bourg actuel proche du Sornin sur la route La Clayette-Charlieu. Et c'est la même chose à la Chapelle sous Dun ou  Chassigny sous Dun. On peut penser également à Maizilly qui a gardé son église en haut mais où le gros hameau fut le long de la route (un peu comme à Iguerande aussi).


On circule par les chemins, médiocres, à pied le plus souvent et les marchandises sur le dos des mulets. Il faut donc souvent faire des haltes pour se reposer un peu, se désaltérer voire se restaurer. D'où l'importance des auberges aux points de passage. Ce n'est peut-être pas un hasard si un des fils du marchand Batailly est au XVIIIème aubergiste. Pour Écoche un point de passage semble important au sud : la Bûche, en fait ce hameau se dénomme au début du XIXe Rottecorde comme on peut le voir sur la carte dite de l'Etat Major (ci-dessous entourée de rose puis grossie)


A quoi pouvaient ressembler ces chemins? On peut s'en faire une idée en parcourant nos chemins écochois non goudronnés mais avec beaucoup moins de douglas -plantés au XXème siècle. Voir quelques exemples sur le site Écoche, page chemin faisant



Améliorations

-Les routes aujourd'hui départementales qui traversent le territoire d'Écoche furent créées dans la deuxième moitié du 19ème siècle. A ce moment-là, la D39 s'appelait Grand chemin départemental de St Nicolas des Biefs à St Igny de Vers. Premier progrès d'importance, permettant le passage de charrois plus lourds ; puis de voitures hippomobiles puis enfin de voitures à pétrole. Ces routes ne furent goudronnées qu'au XXème siècle et même la portion de la RD45 entre Lardillat et le Coucou resta seulement "cylindrée" jusqu'en 1958 environ.

-Quelques gares à proximité : sur la ligne Charlieu-La Clayette celle de St Denis de Cabanne était la plus proche ; fin du XIXème s'ouvrit la ligne Paray-Givors dont la gare de Chauffailles et de Belleroche permettaient de rejoindre facilement Lyon.

-La desserte par autocars. Des années 30 à 1975 une ligne d'autocar passait  par le bourg. Affrétée par les cars Alix des Quatre Vents (Belmont) elle allait de Belmont à Roanne par un itinéraire un peu tortueux ce qui permettait de desservir beaucoup de communes.

Belmont-de-la-Loire, Cadolon, arrêt facultatif à Juin (près de la maison Planchet), Le bourg en haut de la place ; arrêts facultatifs à la Croix de l'Orme et à Lardillat ; la Croix de Fin ; Arcinges ; Le Cergne ; La Croix couverte ; Sevelinges (le chateau)  ; La Gresle ; Jarnosse ; Sattendras ; Coutouvre; Le Coteau ; Roanne gare routière.

La ligne croisait la ligne Buchet à La Croix couverte et la ligne Michel à Cadolon (pour aller à Charlieu par exemple).

Le dernier chauffeur fut Charles Alix. Ses autocars pouvaient aussi servir pour transporter les convives des noces ou pour les voyages scolaires ou pour les sorties du "Cercle". Et la ligne faisait aussi "messageries" c'est-à-dire le transport de colis ; très pratique, ce service qui utilisait la galerie du toit grâce à des échelettes de l'arrière, était parfois cocasse : des artisans faisaient appel à Alix pour rapporter des pièces depuis Roanne [souvenir : en 1969 une lame de scie à ruban pour une scierie posée à même les sièges arrière sans emballages / bien sûr il y eut aussi surtout entre Coutouvre et Roanne transport de poules et autres canards...]

Dans les années 1960 les cars étaient un Chausson (le plus grand), un Isobloc assez confortable, moteur à l'arrière, un petit Renault (21 places plus 5 strapontins), un Mercédès acheté d'occasion (le plus moderne malgré tout) et pour les journées sans beaucoup de voyageurs une simple 403 familiale aménagée pour 9 passagers environ.

Ci-dessous, photos de cars identiques prises à Roanne à l'occasion d'une expo de cars pour les journées du patrimoine 2018 (15 et 16 septembre). Un CHAUSSON et deux ISOBLOC. Les cars Alix étaient de couleur bleue à deux tons.

La ligne Alix a vu le jour en 1922 avec un départ depuis la gare de Belleroche ; progressivement le service ne fut assuré qu'au départ de Belmont-de-la-Loire. Son apogée se situe vers 1935 avec une desserte quotidienne et doublée le samedi et le dimanche. son déclin s'amorce dans la décennie 1950, concurrencée par les automobiles particulières. En 1972 le service était assuré par une desserte AR le vendredi, le samedi et deux AR le dimanche. Le dimanche matin à la sortie de la messe vers 11h arrivait le car de retour de Roanne (l'aller vers 7 h). Il repassait vers 16 h pour Roanne (retour vers 20 h).


1873 : la diligence , assez rapide quand même!