Le But petite coseigneurie?

Qu’en 1378, un parchemin évoque une société des consorts du But, cela pourrait signifier l’éventualité d’une coseigneurie au But. Les recherches historiques récentes ont montré l’existence de ce phénomène dans toute la partie méridionale de l’actuelle France, mais aussi dans le Forez, en Auvergne et dans l’Est en général. Un spécialiste de la question, Pierre-Yves Laffont précise : « La coseigneurie est un phénomène majeur dans l’histoire de la féodalité, surtout méridionale, mais pas uniquement car d’autres régions de France sont concernées, celles de l’Est notamment1.Il s’agit d’une institution souvent très complexe, aux multiples facettes. En effet, les coseigneuries connaissent des modalités très diverses, avec des statuts aussi très variés pour les coseigneurs, tout ceci pouvant de plus – ce qui  renforce encore la complexité de la chose – évoluer au fil du temps, en un même lieu. » in MEFRM – 122/1 – 2010, p. 13-34.

 Les coseigneurs sont désignés parfois de consors. Est-ce le cas du But ?

Dans ce cas qui étaient ces coseigneurs? Les Troillée? Les Arnaud?

Pourquoi une coseigneurie ici et depuis quand? Est-ce un signe de faiblesse?

Dans les archives Drée on trouve une note de 1427  envoyée aux divers hommes de loi par la duchesse de Bourbon, Marie*, comtesse de  Montpensier dame de Beaujeu qui autorise Verpré à reconstituer ses terriers car le château venait d'être brûlé suite aux troubles (période de la guerre de Cent Ans). Le château du But distant d'environ deux lieues seulement pourrait également avoir été victime de ces troubles...quelques années après le  parchemin faisant état des consorts du But.

Dans cette note, Marie qui est la fille de Jean de Berry précise bien que le château ("forteresse" réputée sure) de Verpré a été pillée et brûlée par les "gens d'armes tenant le parti de Bourgogne".

* son mari étant prisonnier des Anglais, c'est elle qui administre les biens des Bourbon : Bourbonnais, Beaujolais, Forez, etc. L'acte a été scellé en son château de Sury le Bois (résidence comtale aujourd'hui disparue et située dans la paroisse de Valeille, près de Feurs).

Cette Marie de Berry n'était pas n'importe qui : petite fille du roi de France Jean II le Bon, fille du mécène Jean de Berry et de Jeanne d'Armagnac, devenue duchesse de Bourbon par son troisième mariage, elle vécut pleinement la guerre dite de Cent Ans puisque son père fut un temps prisonnier otage des Anglais, puisque son mari fut fait prisonnier à la bataille d'Azincourt et ne revint jamais, puisque à cette même bataille son fils aîné fut aussi prisonnier -et elle mourut avant son retour, puisque toujours à Azincourt, son gendre fut tué. C'est peut-être pour la consoler de ses malheurs que Christine de Pisan lui dédia Espitre de la vie humaine. Enfin, c'est en visitant ses terres de Beaujeu qu'elle mourut (à Lyon) à 59 ans. Elle est enterrée à Souvigny près de Moulins. Son petit-fils Pierre de Beaujeu épousa la célèbre Anne de France dite Anne de Beaujeu, future régente de France.


Le joli parchemin envoyé par la chancellerie de Marie de Berry