Pays ouvert ou fermé?


Écoche fait partie du massif des monts du Beaujolais au relief certes peu élevé (de 375 à 791 m d'altitude du nord au sud) mais accidenté et de ce fait les liaisons avec l'extérieur ont longtemps été difficiles. Est-ce à dire que l'on avait à faire à un pays replié sur lui-même , Pas vraiment, en tout cas la réponse est plus que nuancée. L'histoire de la commune au moins au 19ème siècle et plus encore au 20ème ne se comprendrait pas sans la relier aux communes environnantes, à la région lyonnaise, à l'histoire de la France et même du monde.


Le textile qui existe depuis la fin du XVIIIème siècle sur le territoire est une activité par nature exogène. Son développement vient de villes comme Thizy, Charlieu puis plus tard Chauffailles. Pour la soie par exemple, cette activité n'aurait pas existé sans l'activité lyonnaise qui, elle -même résulte de l'importation de techniques en provenance de Chine et d'Italie. Voir le texte de Jean Pierre Houssel dans une page précédente.

Le tissage du coton provient quant à lui d'une plante qui ne pousse pas en France et a souvent un rapport avec la colonisation. Bref volens nolens l'Écochois du 19ème siècle s'inscrit dans une histoire globale.

 

On peut consulter l'intéressant article :

Cayez Pierre. Une proto-industrialisation décalée : la ruralisation de la soierie lyonnaise dans la première moitié du XIXème siècle. In: Revue du Nord, tome 63, n°248, Janvier-mars 1981. pp. 95-103; doi : 10.3406/rnord.1981.3756
http://www.persee.fr/doc/rnord_0035-2624_1981_num_63_248_3756

dont voici quelques courts passages :

Le travail du coton avait été introduit au XVIème siècle par des piémontais, et connut une première expansion avant de quitter la ville au XVIIème siècle et de se répandre dans la Montagne beaujolaise et le Roannais où il occupait solidement le terrain. La production de toiles de ces régions approvisionnera l'indiennerie lyonnaise à la fin du XVIIIème siècle...

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Soulignons, d'abord, le partage des tâches qui s'établit entre les métiers urbains (ville et faubourgs) et les métiers ruraux. Les métiers urbains étaient constitués par un fort pourcentage de métiers Jacquard, spécialisés dans le tissage des tissus façonnés puis des tissus haute-nouveauté : il y avait 9 000 métiers Jacquard à Lyon au milieu du siècle dont 4 000 à la Croix-Rousse, ainsi que des métiers coûteux et spécialisés dans la fabrication du velours et du tulle. Les fabrications les plus difficiles et les plus complexes restaient pratiquées dans le cadre de l'atelier
traditionnel peu et lentement modifié. Par contre ; les métiers ruraux se consacraient tous ou peu s'en faut aux tissus unis. Ils étaient dispersés à domicile ou en petits ateliers ; néanmoins, au même moment, la question de l'usine était posée dans la Fabrique et les premières réalisations apparurent sous la forme de l'usine proto-industrielle ignorant la machine à vapeur et la concentration prolétarienne classique.
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Le système productif comprenait des ateliers groupant un certain nombre de métiers, appartenant ou non aux intermédiaires et des métiers isolés qui pouvaient être placés par les entrepreneurs eux-mêmes. Les métiers à domicile se créaient ainsi autour de centres de plus forte concentration.

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La ruralisation relative avait quelques avantages annexes que l'on a souvent surestimés. L'évolution affaiblissait le face-à-face parfois conflictuel qui opposait marchands-fabricants et tisseurs, opposition qui devint particulièrement violente dans les années 1830. Un Exposé sur la ville de Lyon daté justement de 1831 indiquait que "les transferts des métiers d'étoffes unies, des ouvriers et des contremaftres dans un rayon de 5 à 15 lieues de distance de Lyon permettrait de soutenir la concurrence étrangère et de diviser la classe ouvrière dont on pourrait abuser en la tournant contre l'autorité". Perspective qui rallia quelques marchands-fabricants réticents à la cause des métiers ruraux.

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Sans doute a-t-on constaté que la ruralisation de la Fabrique favorisait le maintien de hautes densités dans la montagne lyonnaise, par exemple en 1886 le canton de Belmont avait encore une densité de 132 habitants au kilomètre carré.


Autre ouverture sur l'extérieur : la religion. Le catholicisme fut longtemps dominant. Les curés, vicaires étaient souvent originaires d'autres paroisses du diocèse de Lyon. Des frères maristes, des religieuses vinrent apporter l'instruction. Et de nombreux écochois se firent à leur tour prêtre, religieuse, religieux voire missionnaire. C'était là un lien avec le monde extérieur. voir à ce sujet la page de la rubrique enquêtes sur l'histoire de la paroisse et le lien avec un opuscule relatant l'histoire de la paroisse.

Quand en 1840 il fallut construire une nouvelle église, c'est un homme d'affaires originaire d'Écoche mais enrichi dans les colonies qui contribua au financement de l'édifice : Benoît Puillet, frère du curé d'alors.