Jours ...Fêtes...Saisons


Les battages, fin août
Depuis 1918, il existait un syndicat de battage, affilié à la coopérative agricole du Sud-Est .
La batteuse fut remisée pendant longtemps dans la « grange à Dumont » , sise à la Baize. Elle ne sortait que de la mi-août à la mi-septembre. Elle était tirée par un attelage de vaches (ou de bœufs parfois) et allait dans les fermes, de proche en proche. Le battage proprement dit nécessitait pas moins d’une dizaine d’hommes : le propriétaire de la ferme et d’autres agriculteurs à qui on rendait la pareille : 2 hommes sur le gerbier ; 1 homme sur la batteuse pour délier les gerbes ; 2 sur le côté pour défaire les gerbes et « engrener » ; 2 à la sortie du grain ; 1 à la sortie du « blou » ; 3 ou 4 à la sortie de la paille pour lier, porter et construire le pailler.
Toutes les heures, un coup de "sifflet" marquait la pause et une femme versait à boire. A la fin, un grand repas réunissait tous les participants ; repas copieux, arrosé et festif avec d’interminables discussions quand arrivait le soir.
Avant l'électrification, la machine était mue par un gros moteur à essence, lourd à traîner sur deux roues en fer et une cheminée d'échappement ; ce moteur  fut remplacé par un moteur électrique situé sur la machine, vers l'avant : un machiniste branchait un gros câble directement sur le secteur du réseau local puis Edf (au poteau). A la sortie de la paille, on mit un « lieur » mécanique : la paille n’était pas alors broyée, ce qui était plus pratique (que la paille des presses plus modernes) pour l’utiliser au moment de tuer le cochon, en hiver.
Chaque cultivateur produisait différentes céréales, ce qui nécessitait de changer les grilles de la batteuse en cours : avoine, froment, seigle (appelé blé).
La batteuse du syndicat termina sa carrière en 1959. Des entreprises privées la remplacèrent : celle de Pierre Fouilland tout d’abord ; puis celle de Dubost, de Ranchal. La dernière campagne de Dubost à Écoche eut lieu vers 1975. Il ne restait alors que quelques parcelles. La moissonneuse batteuse avait fait une tentative pour s’imposer (Camille Danière) dans les années 50 mais les parcelles trop petites ne s’y prêtaient guère. Camille Danière et Charles Danière possédaient de grosses batteuses qu'ils descendaient dans la plaine roannaise avant de les remplacer par des moissonneuses batteuses pour les parcelles plus étendues du Roannais.

 

Ci-dessous, la pause après le travail (1957 ou 58) / photo F. Duffy. Battage à Fillon.


Les anciens auront reconnu, de gauche à droite : en caractère droit, seules ces personnes étaient survivantes en 2017.

Maria Charnay, Marie Charnay, Paul Perrier, François Danière, André Besson, Joseph Plassard (à l'arrière), Joannès Berthillot, Marcel Charnay, André Martin, Robert Démurger ; devant, les enfants sont Guy Martin et Michel Duffy. Malheureusement, Michel, qui avait fourni la photographie prise par son père est décédé en août 2019.

 


La mort du cochon
Racontée dans maints et maints livres (cf par exemple Louis Mercier). En hiver. Essentielle et agréable notamment pour les enfants.
Deux coutumes parmi d’autres :
- Le chasse-peunne. La peunne est le nom local du poumon de porc. Vers 10 h du matin, quand les jeunes enfants commençaient à être un peu trop captivés par le dépeçage de la bête, le « tueur » les envoyait chercher dans la maison le chasse-peunne, d’un air mystérieux. Recherche forcément infructueuse !
- La fricassée. Sans congélateur et malgré le saloir, il y avait des morceaux qu’il valait mieux consommer dans le mois ; on les distribuait aux amis ou voisins et au curé ; et quand à leur tour ils tuaient leur cochon, ils faisaient de même : on s’échangeait ainsi une fricassée (morceaux à faire cuire). Et le curé mangeait du cochon tout l’hiver !

 

Les Mayolons

On désigne par ce mot les personnes qui "font le mai".  Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, des petits groupes passaient dans les maisons, réveillant les habitants par une chanson (de mai) ou par un coup de clairon voire par des bruits de casserole ; les personnes ainsi réveillées devaient "mettre la main au panier" c'est-à-dire donner quelques oeufs au groupe, souvent accompagnés d'une petite gnole. Il arrivait parfois que 3 ou 4 groupes concurrents circulassent la même nuit.. Au petit matin on mangeait l'omelette chez l'un des mayolons.

Pour des raisons variées, la tradition s'est étiolée dans beaucoup de communes, d'abord parce que marcher à pied dans la nuit n'est plus aussi apprécié (et en voiture, gare à l'alcool), ensuite parce que l'élevage de poules domestiques errant en liberté avant de pondre avait presque totalement disparu. Néanmoins, à Écoche la tradition se perpétue, adaptée. Depuis 1985 c'est un groupe unique de parents d'élèves qui "fait le mai" en ramassant un peu d'argent reversé au sou des Écoles de la commune ; et les quelques oeufs encore récoltés  se terminent en omelette à l'auberge du bourg. En 2017, un journaliste du Pays roannais, Etienne Chaize, a suivi les   mayolons et en a fait un pittoresque reportage dans l'hebdomadaire du 4 mai 2017 .

 

Les processions dans la campagne.

- Les Rogations. Au printemps (avant l’ascension). Beaucoup moins de monde pour ces 3 journées, typiquement païennes : il s’agissait de demander de bonnes récoltes. Le premier jour, le cortège allait vers la croix de Barnay, fleurie et décorée ; le deuxième jour, vers celle de Vatron ; le troisième jour, seulement vers celle de la place.
- La Toussaint. Procession un peu sinistre de l’église vers le cimetière, parfois sous la neige.
- Le 15 août. Procession aux flambeaux de l’église vers la madone en passant par la route.
- Le dimanche des Rameaux : procession vers la croix de la place pour une bénédiction en plein air. Le vent qui fait aller la bannière des Rameaux sera le vent dominant de l’année. Or « année de vin, année de rin ; année de bise, année de prise ». Vin = vent du sud / rin = rien / Bise = vent du nord /prise = bonne récolte

La Fête-Dieu. Début juin. En français local : la fête-à-dieu. Une fête catholique mais avec une solennité toute païenne. En effet, il s’agissait d’une procession à travers la campagne. L’itinéraire revenait tous les deux ans. L’année A, la procession partait vers Cijuin. Elle s’arrêtait à deux reposoirs : un sur le pont de Vatron, le deuxième dans la cour de la maison Henri Morel. L’année B, la procession montait vers la croix de l’Orme en s’arrêtant à un premier reposoir (maison Collonge, le long de la route) puis au deuxième reposoir, à la croix de l’Orme, chez Fouilland. Tout au long du parcours, l’air embaumait : chèvrefeuilles, foins , blés verts… Le cortège était précédé de nombreux enfants de chœur vêtus de rouge et de blanc ; les plus jeunes portaient des corbeilles de pétales qu’ils jetaient sur la route. Le curé portait l’ostensoir, sous un dais tenu par les quatre conseillers de la fabrique. Puis venait la foule. Tout ce monde chantait (plus ou moins faux) ; le refrain donnait à peu près ceci : « Dieu vient aux champs, Dieu parmi nous ». Chaque reposoir rivalisait de décorations, de fleurs, de feuillage, de dorures …très kitsch. Cette fête-à-dieu s’est arrêtée vers 1970. Ci-contre à la Croix de l'Orme au début des années 1950 : les voisins qui viennent de mettre la dernière fleur au reposoir attendent l'arrivée de la procession.

Le 11 novembre.
Après une messe et un dépôt de gerbe au monument de la place, en cortège, les anciens combattants et les enfants des écoles se dirigeaient vers le cimetière où un ancien combattant (longtemps Marc Boujot) lisait la longue litanie des morts pour la France.

 

La fête patronale.
Le dimanche qui suit la Saint Barthélemy (24 août). Fête foraine. Les cafés sortaient des tables abritées par des feuillages. Le lundi, grand concours de boules (lyonnaises). Théoriquement, la fête patronale existe toujours, mais, comme on dit, « elle s’est un peu perdue ».

 

La fête des croix.
Au printemps, le curé bénissait de petites croix en noisetier et les cultivateurs allaient les planter au milieu des champs de seigle ou de froment-encore verts, pour une bonne récolte. Bénédiction le 3 mai fête de l'invention (découverte) de la sainte croix dans le culte catholique (avant Vatican II).

 

La fête des classes.
Fête récente, venue du Beaujolais viticole. Apparue à Ecoche vers 1967, elle s’est imposée et a lieu tous les ans ; l’apogée de cette fête (par le nombre de conscrits, par les repas et par les costumes) a cependant eu lieu dans les années 1980.

 

Avant les années 1970, les conscrits (garçons de 20 ans) avaient leur fête annuelle, avec port de cocardes.
Au moment du départ à l’armée, on pendait la bouteille, …que l’on dépendait au retour. Entre 39 et 45 des bouteilles sont restées pendues longtemps !

 

Les vendanges, en octobre
Chaque ferme ou presque avait sa parcelle de vigne, petite. Les vendanges ne duraient guère plus d’une journée, mais quelle journée !
En 1960, il restait encore une dizaine de parcelles exploitées de vigne. Elles avaient toutes disparu en 1970. Il est vrai que la qualité n’était pas vraiment excellente. Le cépage restait souvent le Noah, pourtant interdit depuis 1935 ; réautorisé depuis 2003 mais ayant pratiquement disparu.


La Kermesse, organisée par la paroisse : une fête pas toujours annuelle avec après la guerre un défilé de chars . Dernière kermesse : aux environs de 1954. Cette kermesse avait sa chanson "versifiée" par l'abbé Muguet


Deux petites photos du char d'Écoche lors de la kermesse de 1949. Le char (avec roues à bandages) est tiré par le tracteur de Camille Danière (au volant) ; c'est un Mc Cormick avec les roues avant resserrées, modèle Farmall. Sur la char, la reine est Mlle d'Arnoult, ses dauphines Mlles Bajard et Berthillot (Clémence) ; les deux enfants-meuniers sont Jeannot Christophe et Renée Christophe. A la fenêtre, l'épouse du postier de l'époque ; devant la mairie, le spectateur le plus près de la porte est Joseph Octave Alloin.

Sur la 1ère photo, on remarque le nom de l'épicerie/café : Vve Tissier ; en fait en 1949 elle est déjà tenue par sa fille Denise Christophe. A partir de 1957 l'épicière fut Marcelle Belleville, née Duperron.