Migrations.

 

On sait que la population écochoise, comme celle de toutes les communes rurales d’Europe, a commencé à décliner à partir du milieu du 19e siècle. Si en 1866 –10 ans après le départ du village de Fontimpe pour la création de la commune du Cergne- Écoche comptait selon l’INSEE 1759 habitants, en 1872 ils n’étaient déjà plus que 1687 toujours selon l’INSEE. Des Écochois sont donc devenus des émigrants (il y avait cependant toujours eu des mouvements de population, par exemple lors des mariages...). Où sont-ils partis ? En premier lieu vers des petites villes très proches comme Charlieu, Chauffailles ou surtout Cours, là où l’industrie demandait de la main d’œuvre ; même si à Écoche l’exode ouvrier a pu être ralenti par la présence des usines de Cadolon (Glatard frères puis Forest-Deschamps, Genin, etc.) ou plus sûrement par le maintien assez longtemps du tissage à domicile. D’autres s’en vont plus loin, à Lyon, Roanne, St Étienne,... Assez peu, semble-t-il, partent hors de France vers les colonies. Il conviendrait d’étudier chaque cas et chaque génération.

 

Quelques Écochois entrés dans des congrégations religieuses font partie de ces migrants lointains, quittant l’Europe pour aller enseigner ou évangéliser. Notons* quelques exemples :

 

-Anne-Marie Minot. Elle était née au Crêt-Loup, 3ème enfant du couple Minot-Danière, le 11 août 1871. Très vite orpheline de sa mère puisque celle-ci, après avoir engendré un quatrième enfant, était décédée en février 1875, et comme son père se remaria très vite (novembre 1875), elle fut confiée aux sœurs de l'Enfant Jésus qui alors étaient présentes à Écoche. Pensionnaire, elle devint très vite religieuse et put ainsi partir encore adolescente au Japon où, malheureusement, elle ne resta guère. Là-bas, depuis quelques années déjà, les sœurs de l'Enfant Jésus de Chauffailles s'installaient, profitant de l'ouverture du Japon à l'Occident : elles sont arrivées à Nagasaki en 1877 (exactement à Urakami). L'implantation au Japon fut pour la congrégation une réussite. Donc, parmi ces sœurs françaises présentes au XIXème siècle à Nagasaki, sœur Anne-Marie, qui devait décéder à 20 ans à peine, en mai 1891.

 

-Plusieurs frères maristes. Avant les lois de la IIIème République, l’école publique de garçons d’Écoche était tenue par des frères maristes. Cela a pu inciter de jeunes écochois à suivre la voie de l’enseignement ; après le passage progressif de l’école publique aux instituteurs laïcs, ces frères enseignèrent dans des écoles privées (ou dites libres ou encore congréganistes) en France ou à l’étranger quand les diocèses faisaient appel à eux, sans doute en raison de la nature et de la qualité de leur enseignement. Pour Écoche nous connaissons quatre de ces jeunes gens devenus frères maristes (étudiants et postulants dès leur adolescence) partis enseigner au-delà des mers

 

Joachim Irénée Danière était né au Cret-Loup dans une famille très croyante en 1867 ; il serait parti en 1893 pour la Chine.

 

Joseph Marius Danière, frère du précédent, a commencé par être étudiant mariste et se trouve à 20 ans à Scutari en Turquie d’Asie : c’est là que l’armée le note au moment du conseil de révision pour lequel il peut être absent. Ensuite lui aussi part pour la Chine : en 1900 il est à Shanghaï ; en 1902 il enseigne à Tchong King ; lors de la guerre de 14, pour pouvoir être exempté il se rend à la légation française de Pékin.

 

Antoine Marie Giroudon, naît à Juin dans une famille modeste de tisseur, en 1878. Très vite orphelin de père, il rejoint les maristes d’abord comme étudiant à Saint-Étienne puis après un séjour à la maison de la Valla en Gier, il part en 1902 pour l’Angleterre à Londres (plus ancienne école des frères maristes à l’étranger) puis en 1903 à New-York ; en 1908 près de Montréal à l’école d’Iberville ; lorsqu’en 1915 l’armée l’exempte de la guerre, il est revenu à New-York.

 

Jean Marie Déroche (autre graphie Desroches : son frère Léon était bien connu des Écochois, tenant boutique au bourg : mécanique,..). Né à Fillon dans une famille nombreuse en 1872 ; il a un frère jumeau Urbain. Dès 1890, à 18 ans, il est au Québec, près de Montréal à l’école d’Iberville. Sans doute a-t-il été appelé par le frère Césidius qui enseigna quelques années à Écoche lorsque Jean-Marie n’était pas encore né. Le frère Césidius est celui qui fonda la présence mariste en Amérique, les frères ayant été appelés par l’évêque de St Hyacinthe ; le frère Césidius est supérieur pour toute l’Amérique lorsque Jean Marie Déroche arrive sur le sol canadien. Puis à 24 ans il est enseignant au collège St Joseph à Gramby. Il est possible (mais peu sûr) qu’il soit allé enseigner à Lowell près de Boston où les frères maristes ont une école au milieu d’une forte communauté de canadiens français (Lowell est alors appelée le « petit Canada »). Mais au moment de la guerre de 14-18, l’armée française ne le retrouve plus ; est-il mort ? ; dans l’incertitude l’armée le déclare insoumis le 27 avril 1915.

 

Ce qui est étrange c’est que le même jour exactement, l’armée déclare aussi insoumis, car introuvable, son frère jumeau Urbain. C’est un peu un mystère puisque le dit Urbain avait rempli ses obligations militaires à 20 ans tout à fait convenablement, puis en 1901 s’était marié avec Florine Deville d’Arcinges ; le ménage au recensement de 1906 est domicilié chez un parent à la Croix de la Fin ; il est alors tisseur. Mais après cette date, on ne retrouve plus le couple ni à Arcinges, ni à Écoche. Partis à l’étranger ? Seule la tradition orale à Fillon parlait d’un « oncle d’Amérique ». Peut-être attiré là-bas par la correspondance du frère mariste ???

 

Beaucoup plus tard, une sœur Saint-Charles (hospitalière) partie pour l’Afrique subsaharienne, alors Afrique Équatoriale Française, était née à Écoche au bourg en 1926 ; il s’agit de Marie-Louise Berthier.

 

 

 

*notamment grâce à un ouvrage de Yannick Essertel « l’aventure missionnaire lyonnaise » que nous a signalé un internaute écochois, M.A.