La justice seigneuriale a de moins en moins de place à côté de la justice royale au 18e siècle. Cette justice est néanmoins toujours sollicitée pour des conflits de moindre importance. Ainsi dans le registre des plaidoiries de la justice de Verpré dont dépendent les fiefs de Fragny, Cuinzier, Maizilly, Mars et dépendances, on trouve une affaire qui concerne un marchand d’Écoche.

L’affaire est la suivante : en août 1706, au « marché royal de Charlieu », Philibert Morel marchand de bestiaux du village Laval avait vendu deux bœufs « vulgairement dits chatrons » à Pierre Auclerc, autre marchand de bestiaux de Maizilly.  Mais ce Pierre Auclerc n’a jamais payé le prix de ces deux bestiaux soit quarante livres. Morel avait alors  envoyé un exploit d’huissier (Rabut, enregistré à Thizy) en décembre 1706 et demandé des intérêts de retard ; il s’était aussi rendu lui-même à cheval à Maizilly pour bien constater la présence des deux bœufs. Rien n’y avait fait. D’où le procès qu’il intente à Auclerc auprès de la justice seigneuriale dont dépend Maizilly. Devant le juge Peguin et son greffier Demonchanin, chaque partie se fait assister d’un avocat : Gabriel de la Ronzière de Charlieu pour Morel ; Me Auboyer de Chateauneuf  pour Auclerc.

Pour se défendre, Pierre Auclerc dans un premier temps déclare n’avoir jamais passé de marché avec Morel, ni à Charlieu ni ailleurs. Dans un deuxième temps devant le fait que les bœufs sont bien chez lui, il prétend que les deux chatrons lui ont été vendus par son beau-frère Nicolas Thivend et que Morel aurait traité avec Thivend. Ce que nie le marchand d’Écoche. Finalement Auclerc propose un règlement à l’amiable mettant son beau-frère comme intermédiaire. Cette solution est rejetée. On n’a pas la suite ni la fin de l’affaire.

On apprend donc au travers de ce petit procès que Philibert Morel est déjà un marchand de bestiaux, que les deux chatrons sont « sous poils bardels » ce qui veut dire au pelage roux et blanc, un peu comme la race Montbéliarde ou Abondance, que le marché de Charlieu avait suffisamment d’importance pour qu’on y amène des bêtes depuis toutes les paroisses environnantes.

Philibert Morel avait en 1706 cinquante-quatre ans, Pierre Auclerc seulement 28. Les deux avaient épousé des femmes de Ranchal, dont Françoise Thivend pour Auclerc, ce qui explique le rôle d’intermédiaire possible de Nicolas Thivend : ce marchand ranchalais était à la fois le beau-frère du poursuivi et le gendre du poursuivant, ayant épousé Jeanne Morel.

 

Philibert Morel est l’ancêtre du premier maire d’Écoche et de quelques autres par la suite...