En 1679, Jacques d’Amanzé comte de Chauffailles fait mettre à jour un terrier (appelé ici servier, c’est-à-dire recueil des cens et servis dûs par les tenanciers à leur seigneur) pour une partie de la paroisse d’Écoche : sur les finages de la Quichère et Fillon, finages qui s’étendent bien au-delà des villages proprement dits, englobant quasi tout les sud de la paroisse, excepté Fontimpe et le Cret Loup. On n’y retrouve pas tous les habitants loin de là, ce qui porte à comprendre que les mises à jour ne valent que pour les parcelles qui ont changé de « propriétaire ». Les nouveaux tenanciers ne sont pas d’ailleurs que des habitants d’Écoche. On y précise aussi quels étaient les « reconnus » au moment de la précédente mise à jour, dite « servier Pezeaud » sans doute vers 1620. Il n’st pas précisé comment une parcelle a pu passer d’un ancien « reconnu » au nouveau « confessant ». Cela peut-être par achat ou par héritage. Dans ce document numérisé sous la référence Marcigny 444.02, p 10 sq, les reconnaissances sont au nombre de 33, concernant plus de 150 parcelles dont un grand nombre sont des terrains boisés, couverts de broussailles ou marécageux. Les reconnaissances sont passées à Écoche dans la maison de Lebreton, notaire royal (sans doute à la Baise) en présence d’un commissaire de d’Amanzé, un certain Debrioud et de témoins qui signent rarement. On remarque que bon nombre de parcelles sont indivises entre plusieurs confessants, certains ne possédant qu’un douzième (et même une fois un vingt-quatrième). Il ne s’agit pas d’un douzième en superficie mais d’un douzième en usage, ce qui suppose une contrainte collective. Pour la Quichère, ceux qui y possèdent une maison (parfois une demi maison) on précise que cette maison dispose d’une aisance pour aller au puits et à la fontaine communs. On perçoit donc un hameau groupé d’habitats mitoyens avec des maisons pourvues d’un étage, mais pas toujours. En outre les habitants de la Quichère ont droit aux terres communes qui se trouvent relativement loin : au lieu-dit les Grandes bornes (aujourd’hui aux Bruyères) ; ces terres communes peuvent être utilisées pour y ramasser du petit bois, pour y faire paître du petit bétail (chèvres ?) mais aussi pour y ensemencer quelques mesures, ce qui suppose accord sur des contraintes sans doute coutumières mais non détaillées ici. Certains tenanciers paraissent plus aisés et disposent alors de granges et étables distinctes de la maison d’habitation. Au village Fillon, les habitants paraissent eux aussi assez pauvres sauf pour l’un d’eux qui dispose d’un cellier (débuts d’une culture de la vigne ?). Le village Fillon doit, à cette époque comporter plusieurs groupes de maisons agglomérées, liées à la présence de familles regroupées : on y trouve le nom de Boland qui paraît le principal hameau, ou celui de Girollet qui devait peut-être se situer entre l’actuel Fillon et l’actuel Fonteret. Globalement outre les terrains boisés, on a des champs pour la culture (peu étendus), de rares verchères, des jardins près des maisons et quelques chenevières mais très peu de pâturages (pasquiers). Comme la plupart des documents du XVIIe, celui-ci montre un terroir partagé essentiellement entre d’une part les bois, bruyères, vassibles, gouttes, fougeraies et d’autre part les cultures de céréales qui servent à régler le cens. Sans élevage permettant la fumure, les rendements devaient être maigres.

 

 

Qui sont les confessants ?

 

Ceux de la Quichère : Philibert de Montadre, laboureur, Benoist Joannard laboureur, André Joannard, journalier, Clément De la place, journalier, Adrian Marchand, laboureur, Claude Marchand laboureur, Anthoine de Ripierre, laboureur, Claude Joanard, laboureur, Étienne Poncet, laboureur

 

Ceux de Fillon-Boland-Girollet : Barthélemie Rocheu (qui ne possède qu’une chambre à l’étage de Séguret et un peu de terrain), Benoît de Montadre, tixier, Antoine Boland, tixier, Estienne de la Chassagne, tixier, Claude Seguret, François Seguret.

 

Ceux habitant ailleurs que sur ces finages : Claude Deschizaux, tixier de la paroisse de Belmont pour une demi-maison et trois petites parcelles autour, sans doute habite-t-il tout près, peut-être au hameau Vermont ; Benoist Dumont, laboureur, de Tancon a sans doute hérité de Jean Fillon ancien habitant de la Quichère car sa mère s’appelait Fillon.

 

La plupart des « extérieurs » possèdent en fait des parcelles de bois souvent en indivision situées pour beaucoup aux lieux-dits Montmartin ou les Grandes Combes ; ce sont : Messire Blaise Mathieu, alors curé d’Écoche ; des marchands : Théode Christophe marchand du village de Vaux à Belmont, Louis Duperron marchand de Belmont, Philibert et Henry Littière marchands de Belmont ; et surtout des laboureurs de Belmont, paroisse limitrophe vers Montmartin, les grandes combes : Jean Duperron, Théode Murard, Théode Grizard, Benoît Auvolat, Benoit Joannard, Benoit Duperron, Jean Champalle, Théode et Jean Christophle, Claude Devaux et Vincent Chaumont, Benoist Thivend, Jean Christophle laboureur du village de Vaux, Anthoine Berthelier.

 

 

Qui étaient les « propriétaires » un demi-siècle plus tôt ? Benoît Butty semble le plus important alors à la Quichère ; on trouve aussi Clément de la fond, les frères Claude et Benoît Cuchère,  Jean Desporte, Jean Fillon dit Cuchère ; pour le secteur Fillon : Anthoine Boland, vénérable messire Anthoine Dessertine ancien curé d’Arcinges, les héritiers d’Estienne Delorme (sa veuve Philiberte Fonteret ou ses enfants Claude, Claudine, Marie, Guillaume), Leonnette veuve Noel Mercier dit Girollet, Catherin Faure dit Girollet, Michel de Laval, Anthoine Fonteret dit Fillon, Benoist Auvolat, Honorable Jacques de Sirvinges -tuteur des héritiers de Pierre de Sirvinges- Claude Boland ou encore Antoinette fille de Jean de Fontimpe dit Girollet ; pour le secteur Montmartin : Me Théode de la Forest, Claude Cheruze, Jean Devaux, Messire Benoît Burnichon prêtre de Belmont, Estienne Joannard, Raphaël Premieux, Clément de la Fond, ou encore Barthélemie veuve de Claude (au nom peu lisible).

 

Les signatures. Le notaire Lebreton a été remplacé deux fois par le notaire Delacoste ; le commissaire Debrioud a signé pour chaque reconnaissance* ; les autres signataires sont soit des témoins, soit des marchands : Henry Deschezaux présenté comme Me apothicaire signe 3 fois, le curé Mathieu 2 fois, un marchand du Dauphiné Pierre Parillard signe 2 fois aussi  ; Sivette marchand de mars , Littière, Christophle, Duperron...

 

Les cens et servis  sont à apporter au château d'Arcinges.

 

* Il s'agit vraisemblablement de Louis Debrioud marchand de Charlieu et reçu commissaire à terriers.