Belote et rebelote.

 

 

 

Depuis la célèbre phrase –lucide quoique méprisante-  de Montherlant à propos des Munichois en 1938 « les Français sont rendus  à la belote et à Tino Rossi», ce jeu a eu mauvaise presse.

 

A Écoche pourtant, pendant très longtemps, ce jeu eut la faveur de bien des Écochois (et Écochoises). Jusque dans les dernières années du XXème siècle le(s) café(s) du Bourg bruissaient le dimanche matin  de parties de belotes endiablées (après la messe !). Et puis il y avait chaque année des concours de belote ; quelques communes les maintiennent encore avec, dans le Brionnais quelques concours de manille voire de tarot. Ces concours se font donc rares mais ils étaient incontestablement un moment fort de « sociabilité villageoise ». Il y avait même des champions !

 

Chaque année ils étaient attendus :

 

-concours du Cercle, auquel succéda  en 1968 celui de l’ACLE (Association Communale des Loisirs d’Écoche.)

 

-concours du sou des écoles publiques devenu celui des parents d’élèves

 

-concours des ACPG

 

-concours de la société de chasse

 

-concours de la Gaule d’Écoche

 

-concours du Basket (années70-80)

 

..Et on en oublie certainement.

 

Ces concours se déroulaient dans l’ancienne salle d’œuvres, chemin de la Forest ; les conditions de sécurité n’avaient bien sûr rien à voir avec les normes draconiennes d’aujourd’hui mais il n’y eut jamais d’accident, tout juste quelques cuites sur le coup de minuit...

 

L’enjeu était souvent dérisoire. Par exemple pour le concours de belote de l’école, c’est la maîtresse qui collectait les lots fournis par les familles : beaucoup de volailles (vivantes et en cage jusqu’au soir de la remise des prix), beaucoup de bouteilles de goutte, parfois du bon vin (la prude Éducation Nationale autoriserait-elle de nos jours ce petit trafic ?), des lots divers parfois surprenants. Une anecdote : une cravate dans son carton fut offerte pour un lot ; gagnée par un parent d’élève, elle revint au concours suivant. Plus tard il y eut inflation : on achetait alors des jambons, des épaules, voire un cochon entier. Et ne pas croire que seuls des joueurs d’Écoche participaient ; il y avait des doublettes qui faisaient les concours d’une commune à l’autre, favorisant ainsi les relations inter locales.

 

Le jeu se jouait aussi dans les familles ou entre voisins aux veillées d’hiver, ce que la télévision a rendu progressivement caduc.

 

Loisir populaire, appelé souvent simplement « les cartes », il permettait aux associations d’améliorer leurs modestes finances ; il était aussi d’une certaine manière un jeu propice à la bonne entente puisque d’une part l’esprit de compétition se trouvait « assouvi » pacifiquement et que d’autre part ce n’est pas un jeu égoïste : on joue à deux contre deux puis on change d’adversaires à chaque partie. Les règles sont assez simples mais demandent une certaine concentration et pour les meilleurs de la tactique. Avant chaque concours il n’est pas rare que ces règles soient discutées car il y a des variantes : avec ou sans annonce ? belote imprenable ? etc.

 

Bref des moments d’urbanité (une des vertus communes à remettre en vigueur selon Carlo Ossola)

Cependant un Écochois à la mémoire sûre rappelle que pendant longtemps la division entre école laïque et école libre avait eu une répercussion sur les concours de cartes. Eh oui, certains se souviennent qu'à une époque deux concours existaient : celui du sou des écoles et celui de l'école libre. A deux concours, deux salles! D'un côté la salle d’œuvres pour le concours des "libres" et une salle de l'ancienne mairie pour le concours des "laïques". Même si on y trouvait souvent les mêmes joueurs...puisque quand les filles allaient chez les religieuses, leurs frères allaient chez les laïques!

Si la carte de l'as de trèfle garde encore une graphie particulière c'est pour des raisons fiscales afin d'attester que le jeu utilisé avait bien réglé une taxe spécifique aux jeux de cartes, taxe créée en 1583, supprimée en 1791, rétablie en 1866 et supprimée seulement en 1959.

Par l’ordonnance du 18 juin 1817, article 1er, il est décidé que « l’as de trèfle sera désormais assujetti à une marque particulière et distincte que la Régie est autorisée à imprimer sur le papier qu’elle fournit aux cartiers ».