Un curé d’Ancien Régime : Blaize Mathieu.

 

Parmi tous les desservants de la paroisse d’Écoche avant la Révolution, un seul est un peu documenté : Blaise (ou Blaize) MATHIEU qui y fut curé de 1670 à 1689. Malheureusement les documents ne permettent pas de connaître sa personnalité, par exemple : était-il gallican ? Était-il janséniste ? Avait-il bon caractère ? Était-il un pasteur apprécié de ses ouailles ? Et pourtant il exerça son ministère durant 19 ans.

   Il naquit dans la paroisse de Matour, exactement dans le gros hameau ou village d’Auvereau (aujourd’hui Auvreau). Nous n’avons pas la date exacte de son baptème mais grâce aux recherches de quelques généalogistes, nous pouvons savoir :

 -que son frère, Antoine Mathieu était tailleur d’habits et que dans Auvereau il y avait d’autres Mathieu dont un marchand tanneur et cordonnier

 -que sa belle-soeur était Françoise Claudine Descaillot, d’une famille présente à Saint Bonnet des Bruyères. Celle-ci mourut vers 1760 et le frère de Blaize se remaria alors avec Claudine Deschizeaux, d’une famille de notables de Dompierre les Ormes et Matour.

S'il reçut le prénom de Blaise c'est peut-être parce que St Blaise était vénéré comme patron des tailleurs d'habit ; peut-être aussi car à proximité l'église de Germolles sur Grosne était sous le vocable de Saint Blaise; mais aussi parce que dans sa famille il existait déjà des hommes et des femmes portant ce prénom.

  Il commença sa carrière cléricale, tout d’abord comme sous-diacre : il l’est en 1658 ; puis diacre, il l’est en 1660 ; curé desservant de Saint-Point en 1662.

 A partir de ces étapes ecclésiastiques, il est logique de situer sa naissance vers1635-1640. (sans doute 1636 si l'on en croit la visite pastorale de 1672). Lorsqu’il arrive à Écoche (20 mars 1670) il a donc environ de 30 à 35 ans et lorsqu’il s’en va,  autour de  55 ans.

En 1641, le vicaire de Matour était Philibert Dargaud (le vicaire résidant plus sûrement à Matour que le curé, on peut penser que c'est lui qui put -c'est une hypothèse- orienter la vocation de Blaize)

Enfin dans un acte qu'il rédige en 1686 chez le notaire Thivend, il se proclame fils de Jean Mathieu.

  Nous connaissons également cinq filleul(e)s :

 -un neveu Blaise Mathieu, baptisé en 1658

 -Philiberte Philibert, baptisée en 1660

 -Blaise Philibert, baptisé en 1661, fils de sa sœur Françoise

 -Blaize de la Chassaigne, en 1670, fils d'Henry  paroissien d’Écoche.

- Blaize de la Chassaigne en 1672, fils d'Etienne, paroissien d'Écoche

Peut-être à Écoche Blaise Bussy (date inconnue)

 Quant à son parrain, il est possible que ce fut un beau-frère, mari d’une sœur plus âgée, Blaize Brigon, lui aussi d’Auvereau.

  Bien que la paroisse de Matour füt dans le diocèse d’Autun, c’est dans le diocèse de Mâcon qu’il fut d’abord curé : à Saint-Point, future demeure du poéte Lamartine, paroisse distante de Matour de   20 km (mais par les chemins de l'époque seulement de 14 km environ, à pied avec montées et mauvaises conditions)

  Grâce à l’histoire de Saint-Point de Léon Lex, ancien chartiste et bibliothécaire de Mâcon, parue en 1898, on connaît un peu mieux la période où Blaise Mathieu y fut curé, notamment en ce qui concerne son installation.

 

 «.... Le lendemain I7 octobre (1613) Mre Denis Moisson vendait à Me Antoine Corsin ses « revenus et debvoirs » de la cure de Saint-Point et de la chapelle de Feurs, consistant en « diesmes, quartes, rentes, censives, lodz et aultres droicts seigneuriaulx », et les arrérages d'iceux, le tout pour une période de 3 ans et moyermant la somme de 240 livres. Il résigna la cure le 12 mai 1623. Aimé de Meaux, chanoine de Saint-Vincent de Mâcon, en fut aussitôt pourvu, mais y renonça le 17 juin suivant, de sorte que Moisson la reprit, et la conserva jusqu'en 1629.

   A sa mort, Pierre Dauphin, clerc, fils de Nicolas Dauphin, procureur en l'élection de Mâcon, et de Françoise Bernard, y fut nommé (18 juillet 1629).

   Il résigna le 5 septembre 166I en faveur de Claude Perrachon, prêtre du diocèse, moyennant le paiement d'une pension de 80 livres par an ou l'abandon du tiers des dîmes de la paroisse.

   Celui-ci démissionna à son tour en faveur de Blaise Mathieu, de Matour, à charge par lui d'acquitter ladite pension (7 mars 1662), et devint curé de Chiroubles où son frère, Jacques Perrachon, était notaire. Le procès-verbal de prise de possession de la cure par Blaise Mathieu nous fait connaître le cérémonial usité en pareil cas. Le dimanche 21 mai 1662, vers 11 heures du matin, le nouveau titulaire se présenta à la grande porte de l'église, où l'attendait Mre Guillaume Crottier, curé de Saint-Pierre-le-Vieux, qui reçut de ses mains les lettres de nomination du pape et d'institution de l'évêque, et qui en donna lecture a haute et intelligible voix.

   « Apprès quoy il a pris ledict Mre Mathieu par la main, apprès l'ouverture faicte de la porte de ladicte esglize; il l'a mené et conduict, apprès avoir faict aspersion d'eau béniste, au-devant le grand hostel, où tous deux prosternés à genoux ont faict les prières accoustumées, visitté le sainct sacrement et les fondz baptismaux, baisé les coings de l'hostel et ouvert le missel chanté des himnes à la louange de Dieu et honneur de sainct Donnat, patron de ladicte esglize, saousné les cloches, et faict tous autres actes et cérémonies à ce requises et nécessaires. A laquelle mise en possession n'y a heu aulcune opposition ny empêchement, dont ledict Mre Mathieu a requis acte au notaire… ».

   Par acte du 13 octobre 1667, Mre Mathieu abandonna à Jean Mathieu, marchand de Matour, son frère tous ses immeubles sis à Auvereaux, paroisse dudit Matour, sauf un pré et la somme de 40 livres, à charge par lui de « nourrir et entretenir de vie et vestemens, avect et comme les siens propres Gabrielle, fille donnée d'Anthoinette Janans, jusques à ce qu'elle soit majeure ou en aage compétant pour gagner sa vie, et dans le temps de sa majoritté ou lorsqu'elle se marierat de luy payer ou constituer la somme de 200 livres ».

   Le 30 mars 1668 il résigna en faveur de Mre François de Curières, acolyte de Sainte-Eulalie au diocèse de Rodez, sous la condition toujours d'acquitter la pension due à Mre Pierre Dauphin. Il lui vendit, en même temps, pour le prix de 360 livres, « tous ses meubles et utancilles de mesnage », comprenant « un cabinet façon d'Allemagne, boys noyer, en menuzerie, fermant à clefz; une table ronde et huict chèzes, boys noyer; un champlict, boys chesne, avec son tourd de lict de Bergame, une couverte laisne, façon du pays, une coëtte et coussin de basle, un coussinet de plume; deux chenetz de fertz; un seau de boys; un pot de fert, et son ouvercle; un bassin; une cuiller de fert; un petit chauderon; deux coffres, l'un fermant à clefz et l'autre fort caducq; un miroir, et deux poinssons [en] vuidange, comm' aussi la quantitté de vingt-un livres tant spirituelz que de classe »; etc.

 François de Curières appartenait à une famille noble du Midi dont les armes se blasonnaient ainsi: « écartelé, aux 1 et 4 d'azur à un chien d'argent, aux 2 et 3 de gueules à trois molettes d’éperon d'or ». C'est évidemment son cachet qu'il a apposé dans le registre paroissial de 1671; l'écu porte bien un chien dans le chef et trois molettes d'éperon (étoiles à six rais) mises en fasce dans la pointe. Dans un acte de 1670 il s'intitule « prieur et curé de Saint-Point ».

 Extraits de l’histoire de Saint Point écrite par un chartiste L. Lex en 1898. Publiée à Mâcon.

 

 Ailleurs dans l’ouvrage, il est dit que Mathieu se disait recteur de Saint-Point.

 

Où l'on voit dans cet extrait :

 

-qu'une cure rapportant des revenus devait être en quelque sorte "achetée"

 

-que le monde des curés appartenait alors à une élite (savoir écrire, posséder quelques biens, avoir des relations...)

 

-que les biens mobiliers de Blaise Mathieu n'étaient pas si énormes  que cela mais pourtant plus importants que ceux d'un paysan "ordinaire"

 

-qu' arrivé à Écoche, Blaise Mathieu dut racheter son mobilier, peut-être à son prédécesseur. Vu l'état des routes sous louis XIV, tout déménagement eut été malaisé.

 

 Quand il fut curé d’Écoche, paroisse éloignée de son village d’origine d’environ une quarantaine de kilomètres, il succéda à un autre Mathieu, Philibert, qui exerça son ministère durant 36 ans ; peut-être son oncle ? Ce pourrait être ces liens familiaux qui l’amenèrent à Écoche.

 Pendant son ministère écochois, en 1672, le représentant de l’évêque de Mâcon y fit une visite pastorale (voir Histoire d’une paroisse)

 En 1673, Marguerite Marie Alacoque commença à avoir ses visions du Sacré Cœur ; or cette future sainte était née à quelques kilomètres d’Auvereau, dans la paroisse de Verosvres. Peut-être que le curé Mathieu eut-il lui aussi une dévotion particulière pour le Sacré Cœur ?

 Très loin d'Écoche l'arrestation de la Voisin en 1679 révèle "l'affaire des poisons". A Paris, en 1676 l'astronome Römer  détermine la vitesse de la Lumière.

 Tout cela n'empêche   pas la  misère dans le royaume.

 

A Lyon, dans un Mémoire des désordres paru en 1787 il est écrit "...les marchands payent si peu les façons que les ouvriers ne peuvent subsister de leur travail, et il se trouve que les bons ouvriers, fidèles, laborieux, travaillant autant qu'ils le peuvent ne peuvent pas gagner le nécessaire de leur vie et de leur femme et de leurs enfants. Ce qui fait que plusieurs d'entre eux se rendent infidèles, se nourrissent mal et deviennent infirmes, eux, leur femme et leurs enfants...

 Il serait bon que Mrs les Curés dans leurs prônes et les prédicateurs dans les chaires fissent ouvrir les yeux à ces vérités, sur lesquelles il n'est presque personne qui fasse réflexion.."  publié par G. Guigue, 1922

 De 1675 à 1689 les registres paroissiaux d’Écoche n'existent plus ; on ne sait donc rien sur les 14 dernières années du curé Mathieu. Que devint-il après 1689 ?


Signature de Blaize Mathieu encore sous-diacre, lors du baptême en 1658 d'un autre Blaise Mathieu

 

En 1662, sur les registres de Saint Point il signe pr ind

Un peu plus tard, il signe curé de St Point

Belle signature à Écoche (sans Bl cette fois)



L''église romane de Saint-Point est placée sous le vocable de Saint-Donat. De sa construction XIe et XIIe siècles elle a gardé sa nef, son transept, son clocher et l'abside. L'édifice est entouré de très veilles tombes. Cette photographie d'aujourd'hui montre un édifice sans doute peu modifié depuis le ministère de blaise Mathieu. 

 

Photographie du moulin d'Auvreau (Archives de Saône et Loire)



Sur le cadastre de 1834

Fut-il dépaysé en arrivant à Écoche?

Sans doute non ; cartes postales plus de deux siècles plus tard, où l'on perçoit une parenté entre Écoche, Matour et encore Saint-Point



Par ailleurs les Mathieu, déjà présents à Auvereau en 1610 (lors d'une visite générale des feux des communautés) sont pour certains cordonniers, d'autres tanneurs. Or Philiberte Aulas, fille d'un marchand tanneur d'Auvereau et parente de Philiberte Philibert la filleule de Blaize se maria en novembre 1662 avec Pierre Fleury un marchand de Saint Igny de Roche... auparavant, à Matour, Philiberte Aulas avait été marraine en même temps que Blaize Mathieu, parrain d'un neveu...Blaize Mathieu


L'"affaire" Deschizeaux" a-telle un lien avec le départ de Blaize Mathieu?

Dans les registres paroissiaux de Chauffailles on trouve cet acte de catholicité :

soit en clair :

Ce 17ème jour du mois d’octobre 1689,la nommée Françoise Deschizeaux native de la paroisse d’Escoches est accouchée d’une fille dans la maison de Claude de Laprale granger à Ventrigny paroisse de Chaufailles laquelle fille a été baptisée même jour sur les fonts baptismaux de Belmont par nous Trambouze curé du dit lieu. (m cum Lincentiam nostram). Et a été nommée Benoiste. Son parrain a été Benoist Aulas coordonnier des Baisses Et sa marraine Benoiste Bouquet. En présence de Claude Paradis de Jacques Jolivet et de Guillaume Gobie tous habitants dudit Chauffailles et se sont soussignés : la susdite Françoise Deschizeaux nous a déclaré que Pierre Brouard fils de sieur Adrien Brouard et de deffunte Claudine Constantin est le père dudit enfant nommé Benoiste. Suivent les signatures B Aulas C paradis et Dumont (le curé de Chauffailles). signé Dumont, curé de Chauffailles et Paradis

 

L'affaire paraît claire : une domestique (Françoise D.) se fait engrosser par le fils de son patron ; affaire qui arrivait à cette époque, les historiens ont repéré ces cas de naissances illégitimes qui parfois ensuite se régularisent.

Mais dans ce cas ici, il est visible que l'on veut cacher cette enfant. Elle naît dans la maison d'un granger de Chauffailles d'une mère native d'Escoche . Le père est désigné comme un jeune homme (il était né en 1671) fils d'un marchand de Chauffailles, mais le baptême a lieu à Belmont (église à égale distance de Ventrigny que celle De Chauffailles ou celle de Saint Igny de Roche) (cum licentiam nostram= avec notre autorisation). Et l'affaire a lieu en octobre 1689, soit l'année où Blaize Mathieu quitte la cure d'Escoches. Peut-il exister un rapport entre lui et cette pauvre enfant? A vrai dire nous n'en savons rien mais il existe quelques coïncidences :

-Deschizeaux est un nom courant à cette époque à Matour et le père du curé une fois veuf se remarie d'ailleurs avec une Deschizeaux ; le mot "native"a-t-il été glissé par erreur (ou volontairement) pour remplacer  habitante? ce n'est pas impossible.

-Le parrain choisi pour la petite est un cordonnier Aulas ; or il peut être apparenté aux familles Aulas de Matour qui comptent aussi bien des cordonniers que des marchands tanneurs -comme le père du curé.

-Pierre Brouard ne reconnaîtra jamais l'enfant mais convolera successivement avec une fille de Ranchal puis de Saint Igny de Vers, proche de Matour

Pourquoi ne s'agirait-il pas alors d'une servante du curé d'Escoches? Sa fille ne pouvait pas décemment être baptisée à Écoche, mais néanmoins la connaissance de la grossesse ne pouvait passer inaperçue et devait ainsi nuire à l'image de Blaize Mathieu qui a choisi alors de partir. Mais en fait Durris est curé dès Mars 1689 ; donc Mathieu est sans doute parti avant la connaissance de la grossesse. D'autre part une Pierrette Deschizeaux existe, épouse du meunier du But. Françoise serait-elle apparentée?

Cela nous amène à parler des revenus de Blaize Mathieu. Lorsqu'il achète le bénéfice de la cure il le fait auprès de l'évêque de Mâcon, qui est le collateur. Et en échange il reçoit la dîme prélevée sur les habitants (autour de 1/13ème des récoltes ; dans le détail c'est bien plus compliqué car il y a diverses sortes de dîmes selon les usages locaux). En outre, il peut y avoir quelques rentes liées à la cure. Il perçoit aussi le casuel, c'est-à-dire un revenu irrégulier touché  à l'occasion des messes pour les défunts, baptêmes, mariages, sépultures. Une ordonnance royale stipule que les paroissiens doivent assurer un logement décent à leur pasteur (le presbytère).

Enfin dans un document terrier des archives de la famille vichy (numérisés par Claude Franckart), Blaize Mathieu possède en 1880 un bois taillis à Lachal.

Avec ces revenus il doit assurer le service, les processions.. Il doit payer celui qui va ramasser la dîme. Il peut aussi utiliser une partie de cette dîme (portion congrue) pour rémunérer un vicaire -ce qui ne doit pas être le cas ici. Il peut avoir un ou des domestiques.

Voici ci-dessous ce qu'étaient ses revenus à Saint-Point ; on peut penser qu'à Écoche ils furent aussi élevés, sinon plus.


Mais selon une autre source non vérifiée le curé Blaize Mathieu serait décédé en août 1688, sans doute à Écoche.


Cent ans plus tard...

En Roannais la Terreur est à son maximum au moment d’une période parfois qualifiée d’anarchie centrale ; elle a été appliquée avec force par Jean-Marie Lapalus pourtant ci-devant notaire royal à Mardore. Autrement dit l’extrémisme fut ici, comme souvent, le produit d’une petite bourgeoisie de robins. Mais quel rapport avec le curé d’Écoche mort peut-être un siècle plus tôt ?

 

Jean-Marie Lapalus était né à Matour et avait dans ses ancêtres des personnes parfois apparentées à la famille de Blaise Mathieu. Sa grand-mère Claudine Aulas était fille d’un marchand tanneur d’Auvreau ; on retrouve également dans les ancêtres de Lapalus des Deschizeaux, des Philibert ; il y eut aussi un Pierre Aulas qui fut prêtre à Suin puis à St Vincent des Prés. Et même une Jacqueline Alacoque...

 

Fils d’un huissier royal de Matour, il avait épousé Françoise Alix de Chateauneuf elle-même fille de notaire royal. Il eut avant de passer sur l’échafaud à 26 ans, 3 enfants dont une épousa un Vadon de Chandon et en eut des enfants...

 

Lapalus a laissé un triste souvenir dans les esprits de la campagne. En 1960 on a encore entendu ce dicton dans la bouche d’une Écochoise : « Lapalus tourne ton cul et crache dessus ! »

 


L'entrée du village d'Auvereau en juillet 2018. ci-contre (et en face d'Auvreau), le départ du chemin que Blaise Mathieu a dû emprunter au XVIIème siècle pour se rendre à Saint Point


La situation du village d'Auvreau au pied d'une montagne où abondent les sources, sur un versant exposé au sud-est et au-dessus d'un vallon draîné par un gros ruisseau devait être assez favorable notamment pour le travail de tannerie (à proximité un hameau des Chênes semble indiquer l'abondance de cette essence)

Relevé sur http://blog.missjandmisterg.com/2016/12/31/les-quatre-types-de-tannage-vegetal/

Le tannage extra-lent

Ce fut le premier tannage employé. Il exige l’emploi exclusif du tanin végétal sous forme naturelle (écorce de chêne) de faible concentration.
La durée de fabrication est du 12 à 18 mois en trois phases successives : la Basserie, les refaisages (c’est-à-dire laisser tremper la peau avec le tan) et les fosses.

Après les opérations de reverdissage, épilage, pelannage, ébourrage, écharnage, les peaux sont soumises à l’action de jus tannants de plus en plus concentrés.

La basserie dans ce cas est une série de quatre cuves cylindriques en bois contenant un jus tannant provenant du lessivage des écorces de chêne des fosses. Les peaux écharnées y sont mises à plat et restent respectivement 3, 4, 7 et 14 jours (au total un mois), à chaque changement on jette le jus de la première cuve, remplacé par le jus de la seconde, ainsi de suite et la quatrième cuve est alimentée avec un nouveau jus.

Les refaisages se pratiquent dans des cuves cylindriques en bois enterrées dans le sol. On alterne peau et couche de tan (écorce de chêne broyée), tout en abreuvant avec un jus tannant par une cheminée. On pratique ainsi deux refaisages de un mois et demi chacun.
Pour les fosses, le travail est identique, sauf que la proportion de tan est plus importante par rapport au jus., la durée de chaque fosse est de trois mois, le nombre de fosses est de 3 ou 4.