Un correspondant de notre site, M. Ch.P., nous a signalé la mise en ligne des enquêtes de l’Instruction Publique de 1884 concernant les aspects matériels des écoles. Qu’il en soit remercié. En ce qui concerne la commune d’Écoche en 1884 la situation des écoles est la suivante :

 

-La France en cette IIIème République qui se met progressivement en place est en pleine transition scolaire. Les célèbres lois Ferry rendent l'école gratuite (loi du 16 juin 1881)  l'instruction primaire obligatoire et participent à laïciser l'enseignement public (loi du 28 mars 1882 ).Il faut attendre la loi Goblet (inspirée par Jules Ferry lequel n’est plus ministre de l’Instruction Publique et surtout par Paul Bert) du 30 octobre 1886 pour obliger les communes à confier à un personnel exclusivement laïque l'enseignement dans les écoles publiques, en remplacement des instituteurs congrégationnistes. Donc en 1884, à Écoche les deux écoles publiques sont toujours dirigées par des religieux mais ceux-ci ne doivent plus enseigner la religion à tous : c’est pourquoi le jeudi est sans école pour que les parents qui le veulent puissent faire donner à leurs enfants une instruction religieuse, le fameux catéchisme.

 

-L’école publique de garçons est dirigée par le frère Jean-François Vallat, 37 ans, assisté d’un adjoint : il y a donc deux classes. Celles-ci sont situées dans le bâtiment qui est encore aujourd’hui celui de l’école. Les archives de l’Instruction Publique en donnent le plan et les dimensions. Si les élèves ont deux cours pour leurs récréations, il n’y a pas de préau. Les cabinets sont situés exactement là où ils étaient à la fin du XXème siècle, au nombre de 5. Pour se chauffer on parle de poêles sans préciser le combustible. Dans d’autres communes il y a déjà des poêles à houille ; dans certaines communes ce sont les enfants qui doivent apporter le combustible. On peut penser qu’à Écoche la municipalité, alors dirigée par Benoît Vacheron, fournit le bois.

 

-Les chiffres sont donnés par l’instituteur : s’il arrondit la population de la commune à 1700 habitants, il précise que le 19 juin 1884 il y a dans les deux classes 122 garçons présents dont 8 viennent d’une autre commune (sans doute de Cadolon) et 2 absents. Tous les élèves ont un banc et une table ; les dimensions des classes permettraient d’accueillir selon les normes de l’époque (1 m²/élève) 8 élèves de plus.*

-Les élèves inscrits se répartissent ainsi : 117 garçons ont entre 6 et 13 ans, période de l’instruction obligatoire, 3 ont entre 5 et 6 ans, et 4 ont plus de 13 ans. Il n’y a pas d’école pour les adultes contrairement à quelques autres communes, sans doute parce qu’avant 1884, il y avait déjà eu de nombreux jeunes instruits par les frères maristes.

 

-Il y a une bibliothèque forte de 82 livres.

 

-Matériellement les locaux semblent mélanger vie scolaire et vie privée des instituteurs. Dans la partie centrale, au rez-de chaussée à gauche de l’entrée, un parloir, sans doute une pièce pour accueillir visiteurs et parents ; à droite une salle à manger, à la fois pour les deux instituteurs et probablement pour les enfants des hameaux éloignés qui apportaient un casse-croûte ; il n’y avait pas de cantine mais la cuisine paraît assez grande, à l’arrière, pour faire réchauffer la soupe l’hiver. C’est à l’étage que se trouvent le vestiaire et les deux chambres pour le logement des frères, ce qui est limité, les salles de classe leur servant de bureaux une fois les élèves rentrés chez eux. Avantage des classes : elles ont un plancher, ce qui par mauvais temps devait permettre aux enfants de poser leurs sabots mouillés autour du poêle. Mais Jean-François Vallat ne manque pas de préciser « le logement de l’instituteur ainsi que les salles de classe auraient besoin de beaucoup de réparation pour être convenables » Enfin, toujours à l’étage existe une salle d’études, plus réduite que les classes, mais qui devait accueillir certains soirs des élèves punis ou quelques autres qui désiraient approfondir leurs connaissances...

 

Tout cela peut paraître un peu fruste mais montre quand même les progrès de l’instruction, réels déjà. A noter l’existence d’un assez grand jardin.

 

-L’école publique de filles est dirigée par la religieuse Jeanne Girard, 44 ans, assistée d’adjointes religieuses elles aussi. Elle est située dans le bâtiment de l’actuelle mairie. Et l’institutrice précise bien que ce bâtiment a été donné à la commune par Jean Chemin curé de la paroisse en 1826 ; le bâtiment a été agrandi en 1852. Cet agrandissement sur le côté ouest fut rendu nécessaire par la construction de la route du Cergne à cette époque, construction qui a détruit une partie de l’école et qui explique la forme bizarre du bâtiment côté est. Il y a deux classes mais une toute petite cour sans préau ; les cabinets au nombre seulement de trois sont situés au bout du jardin, là où ils existaient encore en 1970. Tout paraît plus exigu que dans l’école des garçons.

 

-Jeanne Girard est plus précise : elle donne une population de 1660 habitants. A la date du 20 juin 1884, il y avait 107 filles présentes et 8 absentes ; elle n’indique aucune élève extérieure à la commune. Ces filles inscrites se répartissent ainsi : 106 entre 6 et 13 ans (instruction obligatoire), 2 de plus de 13 ans et 7 entre 5 et 6 ans. Mais les salles sont trop exiguës par rapport aux normes : il manquerait 15 places, l’école ne devrait donc accueillir que 91 élèves !

 

-Les deux classes sont situées au rez-de chaussée dont l’une sur un sous-sol, le long de l’actuelle route de Gourlaine. Si les deux ont un plancher et sont chauffées par des poêles, la 2ème classe, la plus ancienne, est jugée insuffisamment éclairée (3 petites fenêtres seulement dont deux au nord-ouest contre cinq fenêtres pour l’autre dont deux au sud-est).

 

-Le logement des religieuses est lui aussi assez exigu, situé à l’étage – mais à cette époque l’étage n’existe que sur la partie ancienne et pas sur la première classe- il se compose de deux chambres et d’une cuisine seulement ; pas de salle à manger ; pas de salle d’études comme chez les garçons. Un petit vestiaire existe au rez-de-chaussée (à la place de l’actuelle agence postale)

 

Bref, pour les filles des conditions matérielles plus sommaires ; aucune bibliothèque par exemple...

 

*en fait on ne calcule que pour l'instruction obligatoire : les classes peuvent théoriquement accueillir 125 garçons de l'âge  de 6 à 13 ans ; les autres âges ne devraient être accueillis que s'il reste des places, ce qui est le cas pour les garçons mais pas pour les filles où l'on a accepté l'inscription de 24 élèves en surnombre. De toute façon, la moyenne des classes indique une surcharge : 62 élèves par classe inscrits à l'école des garçons !!

 

 

<<< RdeC de l'école des filles

et ci-dessus RdeC de l'école des garçons



Documents à consulter sur :

https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/media/FRAN_IR_058052/c-5j9jy01bx-1bmrqhkndsukn/FRAN_0213_061710_L