ORIGINES

L'origine du nom d'une commune est toujours difficile à vérifier. Trop souvent cette recherche de l'origine  a donné lieu à beaucoup de fantaisie.

Trois dates se font concurrence pour trouver la plus ancienne référence à la paroisse ou pour trouver l’origine du nom . On peut les examiner

956

Certains auteurs ont pu tirer d'une charte de Cluny datant de 956 l'existence d'Écoche (qui se serait alors nommée Escluniaco, qui veut dire en gros appartenant à Cluny)

En réalité si on regarde cette charte rien n'indique qu'Escluniaco ait un rapport avec Écoche. Il y est dit en gros que l'évêque de Mâcon cède un droit de dîme (en précaire*) pour un lieu de culte Saint Bonnet situé sur un hameau appartenant à Cluny. Un érudit du XIXème a sans doute été vite en besogne en reliant Escluniaco et Escochiarum- à moins qu'il ait eu en sa possession d'autres éléments?- Cette conclusion a été ensuite reprise par divers auteurs mais elle paraît peu sûre.

*La précaire consiste  en « la concession d’une terre à charge de redevances et de services, avec rétention de la propriété par le concédant, transfert de la jouissance au concessionnaire et faculté de révocation en cas de non exécution des charges », définition d’E. CHENON, Histoire générale du droit français public et privé, des origines à 1815, Paris, 1926-1929, vol. I, p. 420-432 et en particulier p. 421.

Voici le texte de cette charte qu'on trouve sur http://www.cn-telma.fr/chartae-galliae/charte258224/. Date de mise à jour : 05/11/13. Première version : 10 juin 2010.

 

Speciale bonum caritas videtur esse, sine qua nemo aliquid utile agere potest. Idcirco intimare maluimus cunctis Maticensis æcclesiæ filiis, presentibus scilicet atque futuris, quia dum resideret domnus Maimbodus, expectabilis antistes, secus basilicam gloriosi martyris Christi Vincentii, celebrans synodum, more precedentium patrum, cum caterva clericorum, nobilium et laicorum, adierunt presentiam ipsius duo fratres et monachi Cluniensis cœnobii, Eldebrannus videlicet atque Maiolus, cum aliquibus prefate congregationis, vice domni abbatis Eymardi et reliquorum monachorum Cluniaco degentium, humillime deprecantes quatinus dignaretur per precariæ munitionem conferre aliquid ex rebus prescripti martyris domni Vincentii ecclesiæ beatorum apostolorum Petri et Pauli prememorati monasterii Cluniensis, decimas videlicet duarum [ecclesiarum] quarum una in honore beati Andreæ apostoli est dicata, in Evranda villa sita; altera vero in honore incliti confessoris Christi Bonitti consecrata, et in Escluniaco villa locata, nam predia earum Sancti Petri erant. Petierunt autem prelibatas æcclesias, cum rebus et decimis et omnibus sibi jure pertinentibus, ut cunctis temporibus eas suis altare usibus monachi Clunienses, sine aliqua refragatione, cum omni securitate valerent. Domnus itaque Maimbodus, fulcitus consilio archidiaconorum reliquorumque clericorum, annuens precibus eorum, concessit libenter postulacionem eorum devotissime fieri, salvo servitio Sancti Vincentii, episcopi et archidiaconi rectissime et legaliter statuto, sine aliquo introitu muneris cuicumque persone collato. Postremum vero, sub invocatione tremende Trinitatis deprecatus est pretaxatus antistes, excommunicavit omnes successores suos, ut nunquam hoc testamentum quod ipse caritative egit, ipsi temerario ausu infringere presumerent. Quo vero cercius crederetur solidiusque observaretur, sepe dictus pontifex hanc precariam fieri precepit, quam propriis manibus roboravit et residentium digitis signandam porrexit. Maimbodus, sanctæ Maticensis ecclesiæ humilis episcopus. Humbertus prepositus et archidiaconus. Ayminus archidiaconus. Ado abbas. Amblardus diaconus. Bernardus levita. Rothardus presbiter. Sendelenus levita. Vuinisus levita. Rodulfus levita. Letboldus levita. Tenquardus presbiter. Data per manum Berardi, sub die jovis, idus maii, anno II regnante Lotario rege.

Etienne Fournial (dans son livre Charlieu, des origines à l'aurore des temps modernes, 1985) affirme que l'église de Saint Bonnet ici évoquée est celle de St Bonnet de Cray, en effet proche d'Iguerande dont il est question ici (Evranda), toujours consacrée à St André. Pour lui, la paroisse d'Écoche (des Coches), comme pour Dufour, n'est mentionnée pour la 1ère fois qu'en 1276. Et l'église seulement en 1412.

 

SCOTIA, vers 1040

Page 34 de son livre, Fournial émet l'hypothèse d'une origine ligure à Escochia(e) : Scosca. Cela paraît plus qu'incertain, d'autant qu'ailleurs il note qu'Iguerande se serait appelé Scuciagus ( page 84) ou  Scociacus (page 104).

Dans un livre paru en 1995 Terres de Bourgogne, Raymond Oursel pense trouver une allusion à Écoche, dès le début du XIème siècle : "entre 1032 et 1048, le donateur d'une vigne sise à Ecoche subordonne sa libéralité à la faveur d'être enterré au cimetière du lieu susnommé" charte de Cluny N° 2889. Le nom du lieu est Scociam (accusatuf). Scocia est-il Écoche? Au dos de la charte on trouve aussi Scotia. Si c'est bien Écoche, cela nous indiquerait qu'à cette époque on trouvait déjà ici une vigne et peut-être même un cimetière -mais il est aussi possible qu'il s'agit du cimetière de Cluny. Le donateur se nommait Gilbert ou Gislabert.

En voici le contenu : (relevé dans http://www.cbma-project.eu/21-accueil/44-chartes-de-cluny.html )

charte 2889.   1032-1048.

CHARTA QUA GELEVERTUS ET FILII EJUS DANT MONASTERIO CLUNIACENSI VINEAM IN VILLA SCOCIA, ET DIMITTUNT EMENDATIONEM PRO MORTE HUMBERTI, FILII EJUSDEM GELEVERTI.

In nomine Verbi incarnati. Sciant cuncti fideles sanctæ Dei ecclesiæ, quod ego Gelevertus, et filii mei, videlicet Durannus et Constancius, donamus Deo et sanctis ejus apostolis Petro et Paulo habitatoribus[que] Cluniacensibus, ubi domnus Odilo magis videtur prodesse quam preesse, unam vineam que sita est in villa quam nominant Scociam, totam et integram, cum omnibus appendiciis que in circuitu ejus sunt. Dimittimus quoque mortem fratris nostri Humberti, eo tenore ut me Gelevertum recipiant in cymeterio loci supra nominati. Facimus [autem] hanc donacionem vel werpicionem pro animarum nostrarum ac parentum remedio; insuper dedimus firmatores per manum domni Warnerii prioris, hos: Constabulum, Richelmum, Durannum, Constancium, ut ne nos nec ullus homo sit in damnum contra alium hominem pro morte fratris nostri; sin alias, unusquisque solvat solidos c. Quicumque hanc firmacionem vertere voluerit, nisi cito resipuerit, sit visurus infernum cum diabolis et Juda traditore Domini, et inantea stabilis maneat. Sig. Geleverti cum filiis suis.

Actum Cluniaco feria vi, in Parascheve, regnante Eynrico rege. Omnia ergo convenientia atque servitia quæ post mortem Humberti habebamus recepta dimittimus.

(Bibl. nat. cop. 21-162; B. o. 598, dxciiii.) (Au dos:) Gislaberti in Scotia.

Faisons l’hypothèse que Raymond Oursel, grand spécialiste de la Bourgogne ait raison de voir dans Scocia ou Scotia Écoche. Cela placerait donc l’origine du mot au tout début du XIe siècle.

 

DES COCHES, 1276

Sans être un expert en diplomatique médiévale (étude des diplômes, textes de chancellerie, etc.), on peut essayer de mieux comprendre le document dans lequel le nom de la paroisse apparaît indiscutablement. Ce texte a été publié intégralement dans le recueil des chartes du forez présenté par les Archives Départementales à la page : https://archives.loire.fr/archive/recherche/chartesforez/n:192

La charte qui nous intéresse (n°198) se trouve à :

https://archives.loire.fr/ark:/51302/vtafa723de20ae806c7/dao/0/1?id=https%3A%2F%2Farchives.loire.fr%2Fark%3A%2F51302%2Fvtafa723de20ae806c7%2Fcanvas%2F0%2F1

Premier point : elle date d’août 1276.

Deuxième point : le nom de la paroisse n’ y apparaît pas moins de 6 fois : parrochia des coches / parrochia des choch / parrochia des coches/ parrochia descoches / parrochia de  Coches / parrochia descoches  .

Interviennent dans cet acte neuf personnes :

-Girin abbé de l’Ile Barbe

-Pierre Mauvoisin chevalier

-Guichard de Thelis, doyen de Beaujeu

-Isabelle veuve

-Hugues de Saint Haon son mari défunt

-Isabelle dame de Beaujeu

-Girard de la Chapelle, clerc.

-Albert Verron, un seigneur

-Thomas Richard, domicellus (sorte d’intendant ? ou de maître en second ? voire seigneur héritier ?)

 

Objet du texte : Isabelle de Saint-Haon reconnaît tenir en fief, c’est-à-dire être vassale du sire de Beaujeu pour la « maison d’Arcinges », pour l’arrière-fief de Noailly et pour une partie des terres de la paroisse d’Écoche ainsi que pour des rentes d’une valeur de 100 sous à Arcinges et 60 livres à Écoche.

Cela signifie qu’Isabelle de Saint-Haon, suite au décès de son mari, est devenue dame (=seigneur) d’Arcinges, d’une partie d’Écoche et de Noailly. Sur ces territoires elle possède la « directe » c’est-à-dire qu’elle peut prélever sur les tenanciers les cens et servis. En échange de ce « pouvoir » et des 60+ 5 livres annuelles, elle doit fidélité à la maison de Beaujeu. Il n’est pas précisé si elle possède aussi les droits de justice, ce qui est pourtant  probable et inclus dans le terme de fief.

Hugues de Saint-Haon, mort précisément en 1276 était au service des seigneurs de Beaujeu. Il avait été le « gardien » du château d’Arcinges et en récompense de ses services avait reçu de Beaujeu des terres sur Écoche qui agrandissaient ainsi sa seigneurie.

Les descendants du couple furent aussi seigneur de Vertpré. Isabelle et Hugues l’étaient-ils déjà au 13e siècle ? Après la mort d’Isabelle, les seigneuries que celle-ci possédait durent passer à un Richard de Saint Haon (peut-être celui qui dans la charte -Thomas Richard-  précise qu’il accepterait) sans doute un neveu. Lequel est marié à Marguerite de Sarepte ou de la Sarrée. Elle est devenue à son tour dame d’Arcinges une fois veuve. Mais en juillet 1308 Philippe le Bel roi de France cède au sire de Beaujeu le ressort de la seigneurie d’Arcinges qui selon Beaujeu dépendait du comté de Mâcon (le roi est alors à Poitiers. Mais dès le mois d’août (le roi est alors à Poissy) Marguerite se plaint et demande que la concession précédente soit cassée. En mars 1309 le Parlement rend un arrêt qui ménage la chèvre et le chou : le sire de Beaujeu obtient le premier ressort de la terre d’Arcinges mais Marguerite de la Sarrée y conserve tous ses droits et franchises. En octobre de la même année l’affaire est devant le bailli de Mâcon L’information avait alors établi que le lieutenant du châtelain de Thizy et d’autres officiers du sire de Beaujeu à Thizy avaient usé de violence contre la dame d’Arcinges pour se mettre en possession du lieu. Épilogue en 1317 : Jean de Saint-Haon le fils de Marguerite lui rend la maison forte d’Arcinges et la seigneurie ; Marguerite l’échange alors avec le sire de Beaujeu contre d’autres possessions (Chavaignes). Arcinges et ses dépendances sur Écoche reviennent donc au début du 14e siècle à la maison de Beaujeu.

Si l’on revient au texte de 1276, on peut s’interroger sur les parties du territoire de la paroisse d’Écoche qui dépendent alors d’Isabelle de Saint-Haon. Rottecorde, Fontimpe et la Quichère, très certainement. Probablement  aussi Le Châtelet, la Forest. Fonteret. Peut-être Fillon, l’Ardillat. Pour le fief de Noailly, Vatron et l’actuel quartier noir. Restent donc le But dont on ne parle pas dans ce texte, si ce fief existe déjà, englobant outre le But, la Baise, et les Seignes. Et Montruchet qui pourrait détenir l’actuel bourg, Barnay, Bertillot, Laval, Gourlaine. Pour ces territoirres échappant à Isabelle de Saint-Haon, on a dans le texte le nom d’Albert Verron. On peut présumer que c’est lui, alors le seigneur de Montruchet (ou du But ??) mais rien n’est sûr.

Pour les autres personnages du texte : Girin est l’abbé de l’Ile Barbe. A cette époque l’abbaye bénédictine est à son apogée et compte parmi ses vassaux le comte du Forez et le sire de Beaujeu. Voilà pourquoi Girin III est le personnage qui dès le début garantit le caractère universel de la reconnaissance. Les garanties furent donc trois sceaux apposés sur l’acte : outre celui de Girin, le plus important ceux d’un chevalier Pierre Mauvoisin et d’un clerc, Guichard de Thélis, doyen de Beaujeu (archiprêtré dont dépendaient alors Arcinges et Écoche).

Quant à Girard de Chapelle, c’est de lui que la dame de Beaujeu reçut les terres d’Écoche ; de lui, clerc,  et de ses frères. Cela pourrait-il induire que cette partie de la paroisse d’Écoche ait été  auparavant seigneurie d’une communauté religieuse ?

 

ESCOCHIARUM, au 14e siècle.

 

Faire provenir Écoche, Escochiarum, de la racine gauloise kukka s’appuie sur le pluriel que l’on trouve notamment dans paroisse des Coches (signalée par Dufour). Coches = kukka, soit petites hauteurs, comme dans Cuchon, petit tas et sans doute dans le nom du hameau Cuchère (devenu depuis Quichère). Mais, Fournial avait déjà fait remarquer que ce pluriel était une « fausse perception : dans la langue vulgaire, la première syllabe confondue avec le d élidé a été assimilée avec l’article contracté des qui a entraîné la forme plurielle du toponyme. On trouve en effet au XVIIIème siècle la paroisse des Coches, graphie ancienne puisqu’elle est attestée en 1276 : parrochia des Choches...Descoches (Chartes du forez n°198). La forme latine plurielle n’est que la retraduction de la forme vulgaire ».

Ainsi, selon Fournial le pluriel n’est pas d’origine : dans ce cas kukka peut difficilement être la racine du toponyme. Et le singulier Scocia ou Scotia devient légitime. Mais d’où provient-il ? Cela ne fait que repousser le problème. 

 

ET AUPARAVANT ?

Avant l'apparition du nom (au XIIIème siècle donc) le territoire d'Écoche n'était pas un désert. Bien difficile de se faire une idée des hommes qui y vivaient.

Au Cret-Loup la découverte de haches en pierre polie (source : société archéologique de Cours) indique qu'au néolithique des êtres humains y sont passés ; peut-être y ont-ils vécu..

A Fillon, des fouilles du début du XXème siècle ont permis de trouver du matériel de l'époque dite gallo-romaine, ce qui tend à faire penser à une occupation humaine à cette époque, au moins sur les versants les mieux exposés.

Étienne Fournial dans son histoire de Charlieu pense qu'un des premiers foyers de peuplement de la région se trouvait dans ce qu'il appelle les "sources du Rhins et de ses affluents" soit sur les versants allant du Mpnt Pinay à Rottecorde.

Récemment dans un article sur La Ville (revue Histoire et Patrimoine n°24, 2018 pages 47 et sq), Michel Fusy évoque aussi ce massif de Rottecorde et ses abords

"...il est bien établi que ce sont successivement de petites communautés néolithiques, celtiques, gallo-romaines qui commencèrent à se sédentariser dans ce beau coin de pays. De nombreux vestiges archéologiques mobiliers l'attestent.

Une position en frontière entre les peuples gaulois des Éduens (Morvan) et des Ségusiaves ( Forez-Lyonnais), de surcroît assez proches des Arvernes (Auvergne) amène à localiser un plausible oppidum à Rottecorde.

Cet habitat aurait occupé le plateau du massif boisé coiffant le Cergne (Fontimpe), Écoche (la font Charbonnier, le Cret Loup) et Cours la Ville (la Bûche), là même où des armes de l'âge du fer auraient été découvertes il y a une centaine d'années.

L'écroulement de l'empire romain, les passages de hordes barbares , de pillards de la vieille Gaule, ou autres bandes indisciplinées issues des troupes mérovingiennes effaceront l'oeuvre accomplie par les Gallo Romains et replongeront la région de Cours dans l'épaisse forêt antique..."

 

 

 

Sur la carte de Cassini, espace déboisé en blanc ;ci-contre une arme de l'âge du fer (exemple non écochois)


Ci-dessous, carte d'après Bastien Dubuis, INRAP CNSE rattaché à l4UMRS 5594 ;extrait d'un article paru dans la revue Histoire et Patrimoine de roanne et sa Région, n°19 - 2013 a2mr


IXe-Xe siècles : PAGI ET AGRI

Pendant le haut Moyen-Age, les divisions du territoire souvent utilisées sont celles des pagi (un pagus, des pagi) ; divisés en agri (un ager, des agri) bien évidemment les limites en sont très approximatives et certains auteurs évoquent souvent des chevauchements.

Pour ce qui allait devenir Écoche, on peut se référer à Fournial qui a bien étudié la vallée du Sornin, ses affluents, celle du Reins/Rhins, dans son histoire de Charlieu parue en 1985. Un autre historien, Bange, a publié dans la revue Annales le résultat de ses recherches concernant les agri dans le pagus de Mâcon.

Notre territoire, c’est certain, faisait partie du Pagus de Mâcon ; correspondant à peu près à l’évêché de Mâcon créé au VIe siècle. Ce pagus avait-il été détaché de celui d’Autun ou de celui de Lyon ? Difficile à dire pour notre partie occidentale ; peut-être les habitants de la région étaient-ils, dans l’Antiquité tardive, les descendants des Éduens. Pour Fournial la limite du peuple des Ambivarètes devait s’arrêter vers la Croix de la Fin (fin= finis= limites).

Bange, contrairement à des auteurs plus anciens, pense qu’il n’y a pas véritablement de continuité entre la période des « gallo-romains » et le IXe siècle. Entre les deux il y aurait eu une sorte de recul du peuplement. Ce qui l’amène à repenser le terme de villa au 9e siècle : non pas un domaine avec un seul maître mais plutôt un petit territoire moyennement étendu avec plusieurs « propriétaires », voire un habitat semi-dispersé. Ces villae étaient intégrées dans un ager, division qui semble, à ce moment-là, essentielle, de dimension variable mais en gros comme celle d’un canton actuel. L’ager est toujours évoqué dans les chartes de Cluny, de Saint Vincent de Mâcon ou de Savigny pour localiser un bien. Son nom est celui de la villa la plus importante, sorte de chef-lieu. A partir de là, il est possible que le (futur) Écoche soit intégré à l’ager Tecommensis, soit celui autour de Tancon, dont les limites étaient  grosso modo au sud les bois de Rottecorde, à l’est les bois de Montpinay, au nord le bois de Drouillin, à l’ouest le bois d'Avaize.

Or l’ager comme référence de localisation disparaît petit à petit entre le 11e et le 12e siècle, remplacé par la paroisse. Les auteurs divergent sur la formation des paroisses : certains pensent qu’il y a d’abord des paroisses étendues (rappel : au début la paroisse n’est pas un territoire mais une communauté fréquentant le même lieu de culte), voire que certaines paroisses primitives correspondaient à tout un ager ; d’autres pensent au contraire que les paroisses se sont constituées en regroupant plusieurs petits lieux de culte préexistants. Pour notre part, il nous semble plus satisfaisant de penser, comme Bange, que la paroisse d’Écoche s’est constituée autour d’une villa un peu plus importante (Scocia par ex) en cristallisant des lieux dits disposant d’un oratoire ou d’une chapelle ; le lieu-dit fontaine Saint Martin qu’on retrouve encore au XVIIe siècle peut très bien provenir d’un petit lieu de culte consacré à Saint Martin.

 

Entre temps, le comte de Mâcon qui avait été le représentant du roi avait perdu ici son pouvoir au profit des sires de Beaujeu ; ce sont donc eux, les sires de Beaujeu, qui sont les maîtres au moment où se mettent en place les structures féodales et où apparaissent les fiefs, dont les limites n’ont que peu à voir avec les paroisses. C’est en tout cas évident pour la maison d’Arcinges, le fief du But, celui de Montruchet, celui de Noailly à cheval sur Belmont et Écoche, celui de Vertpré, plus étendu (Tancon, une partie de Mars, Maizilly, Saint-Igny, et des droits à Écoche). Il existait à Belmont de petits fiefs comme Butty ou Fragny ; à Coublanc celui de l’Orme, celui de Montbernier. tous très tôt disparus, englobés dans d’autres parfois. Fiefs qui n’appartenaient pas forcément à des nobles ; la noblesse telle qu’on la voit dans l’Ancien Régime se mettant en place seulement aux 12e -13e siècles.