Des villégiateurs aux nouveaux ruraux


Sur les cartes postales du début du XXème siècle on découvre parfois l'expression Écoche, cure d'air. Cela montre que la commune recevait la visite de citadins venus profiter de l'altitude (certes modeste), de l'absence de pollution urbaine et de la présence de forêts. On les appelait alors les villégiateurs. Où venaient-ils résider? Dans les petits hôtels du bourg peut-être ; plus surement chez l'habitant (du moins chez les rares Écochois qui possédaient un logement un peu moins réduit) ou dans leur famille d'origine. Apparemment cette présence de personnes profitant du bon air a duré jusque dans les années 1960. Sur la deuxième carte postale ci-dessous le (ou la) villégiateur (e) a signalé son lieu de vacances à la Forest.


 

Un exemple de ces adeptes du bon air est donné par la maison la plus haute de la commune, à la cime du Cret-Loup. Au début du XXème siècle on la dénommait "le Chalet", ce mot ayant localement un sens de petit château. Elle était alors la propriété de la famille Brunet qui résidait à Lyon et qui venait y passer l'été. Plus tard elle abrita les séjours estivaux de René Fusier, grand résistant lyonnais..

Sur la photo ci-contre, son état actuel (mars 2018).

 

Ci-dessous deux extraits de cartes postales envoyées depuis Écoche ; le premier en mai 1909 est envoyé par un voiturier du bourg à Mlle Brunet de Lyon  ce qui montre que la famille n'allait pas tarder à prendre ses quartiers d'été et faisait parvenir quelques jours auparavant ses impedimenta. Le deuxième date d' avril 1921  et est envoyé par des parisiens à leur famille restée dans le 12eme arrondissement



A partir des années 1960 un nouveau phénomène s'installa : celui des résidences secondaires. Cela commença par des Lyonnais de condition modeste qui vinrent louer durant les vacances scolaires d'été les maisons qui s'étaient vidées de leurs habitants partis vivre ailleurs. Cette arrivée permit d'éviter des ruines - c'était déjà trop tard pour de nombreuses bâtisses disparues notamment dans le haut Bertillot ou le haut But- mais c'est un fait que de nombreuses maisons furent sauvées du délabrement. Puis certains achetèrent ces vieilles maisons pour les "retaper" et en faire leur résidence secondaire. On continua d'appeler ces estivants... des villégiateurs.

Cela surtout donnait à Écoche l'été une animation bienvenue. Par exemple en 1965 il n'y avait plus que deux résidents permanents à Chibertilot mais l'été il n' y avait pas moins d'une cinquantaine de personnes.

Certains de ces résidents temporaires ne faisaient que passer mais beaucoup nouèrent des relations avec les autochtones parfois durables : achat de produits fermiers, clientèle de la boucherie, voire mariages..

 


Mais l'évolution ne s'arrêta pas là. Les résidences secondaires furent moins tendance à partir des années 1980 en raison d'abord de leur coût d'entretien, de certains vols aussi mais surtout de l'envolée des voyages dans le monde ce qui donnait à des séjours longs en campagne moins d'attrait. C'est à partir de là que certaines familles rachetèrent des maisons pour en faire leur résidence principale : ce sont les néoruraux. On vit aussi à partir de 1970 des maisons nouvelles se construire, non en pierre comme autrefois mais en parpaings ou en briques. La première ce ce genre s'éleva en 1969 à Juin. Alors qu'entre 1900 et 1969 il ne se construisit à Écoche que 2 maisons en tout et pour tout, entre 1969 et 2018, il s'en bâtit plus d'une soixantaine !

Qui sont ces néoruraux? D'abord d'anciens "résidents secondaires" qui prennent leur retraite sur place. Ensuite, des Écochois revenus au pays. Ensuite des jeunes qui préfèrent s'installer ici - vie moins chère- plutôt qu'à Chauffailles, cours ou Charlieu ; certains au chômage ont espéré qu'ils pourraient mieux survivre à la campagne mais  ont parfois rapidement déchanté. Enfin des familles un peu plus aisées venues de Lyon principalement  et qui ont bien aménagé leurs demeures.

Tout cela est lié à la civilisation de l'automobile puisque le travail se trouve à Chauffailles, Roanne, Tarare voire Lyon, etc...

Ci-dessous (photo de 2017), à gauche une maison en construction, à droite une belle demeure sauvée de la disparition dès les années 60 par des néoruraux, le tout au village de Chibertillot.