Les tribulations d’un immeuble : celui de l’actuelle mairie.

 

 

La mairie d’Écoche n’est implantée dans le bâtiment actuel que depuis la décennie 2000-2010. Auparavant, elle se trouvait plus au nord-est à l’entrée du bourg en venant de Cadolon.

 

 A quoi servait ce bâtiment avant ? Essayons de repartir depuis sa construction.

 

Selon un mémoire d’un frère mariste de 1889, le frère Avit, sorte de compilateur-inspecteur des écoles, le bâtiment a été construit en 1822, mais avec l’aile nord plus longue, comme on peut le voir sur le plan cadastral de 1829.Cet immeuble était au départ une auberge. Il semble que la fonction centrale des abords de l’église Saint-Bonnet ait entraîné la construction de plusieurs cabarets dans la première moitié du 19ème siècle Un frère parle pour 1855 d’une maison entourée de cabarets ; on n’y peut dormir les nuits, tant les soûlards y font du bruit. Et pudiquement d’ajouter nos chambres étaient trop rapprochées des métiers de jeunes personnes qui travaillaient vis-à-vis. Sans doute un peu de prostitution. Mais l’aubergiste qui fit construire un bâtiment sans doute trop grand, se ruina. Le bâtiment revint alors au curé Chemin, peut-être que l’aubergiste en question était son neveu Bonnefond qui dut le lui céder pour un prix modeste (avant de mourir en 1829). Le curé fit cet achat dans le but de créer une école à Écoche. Pour ce faire, il fit don du bâtiment dès 1828 à la municipalité ; des enseignants s’y installèrent, notamment des religieuses. Mais l’environnement nocturne ne convenait guère. Elles déménagèrent. Où ? Peut-être dans le secteur de l’actuelle place de la bascule, qui prit le nom parfois de « quartier Saint Thomas ». Autre cause de leur déménagement : une nouvelle route était en train de se construire (aujourd’hui RD45) et les travaux empiétèrent sur le jardin et surtout détruisirent une partie de l’aile Nord, ce qui explique l’angle formé encore aujourd’hui par le mur longé par la route. En 1853 le bâtiment permit d’accueillir les premiers frères maristes, appelés conjointement par le maire Glatard et le curé Puillet. Les maristes ne s’y sentirent pas à l’aise. La maison offerte ainsi que la cour et le jardin furent vite jugés insuffisants. Et les frères obtinrent en 1861 que la municipalité leur fît construire un nouveau bâtiment qui fut achevé en 1863. [l’école] est placée en dehors du bourg qu’elle domine, et à 200 mètres de l’église par un chemin très incliné. Elle se compose d’un corps principal, et des deux classes en appendice de chaque côté, elles sont spacieuses, bien éclairées et aérées mais trop isolées l’une de l’autre. On reconnaît l’actuelle école. Le rapport du frère mariste continue en énumérant des insuffisances qu’il attribue au maire jugé trop liardeur (pingre). Que devient après 1863 notre bâtiment ? On ne sait trop, si ce n’est que le sous-sol, ouvert sur la route de Gourlaine, aurait servi de prison. Plus tard, en 1890-91, suite aux lois sur l’école, les frères maristes durent déménager : ils installèrent alors leur école dans une grosse maison, baptisée par les Écochois « le Pavillon » au lieu-dit Tiers (plus tard le Caire), maison datant de 1820 et ayant appartenu à la famille Glatard qui, depuis avait emménagé autour de Cadolon. Quant à l’école publique elle vit ses effectifs augmenter et c’est ainsi que notre bâtiment servit pour accueillir une deuxième école, sans qu’on sache depuis quand. En tout cas jusqu’en 1970 environ on y enseigna à l’étage de l’aile ouest, l’aile nord amputée utilisée comme logements de l’instituteur ou de l’institutrice. Par exemple en 1960, les deux institutrices Janine Rondepierre et Jeannine Meynier y résidaient : l’une donnant ses cours dans l’école du haut (du CP au CE2), l’autre enseignant dans l’école du bas (du CM1 au CFE). Après 1970, tout fut regroupé dans l’école du haut -construite en 1863 donc et qui, restée un peu la même fut utilisée par le réalisateur Jean-Pierre Améris dans son film le bateau de mariage- et le bâtiment le long de la RD45 fut abandonné, servant de dépôt pour la commune. Sa centralité poussa le maire Jean-Paul Defaye à y transférer la mairie après de grandes transformations, au début du 21ème siècle.

 

Essai de reconstitution du plan des bâtiments : en 1828 / en 1861 / en 2000.



Complément apporté par un Écochois qui permet de bien relier les époques :

Quelques précisions sur le bâtiment actuel de la mairie:

Aux archives départementales, on trouve la trace d'un procès intenté à la municipalité par la nièce du curé Chemin pour récupérer le bâtiment, procès perdu, mais qui donne à penser que les conditions de cession par l'abbé Chemin étaient peu claires. Le bâtiment a du être occupé par l'école de filles après le transfert des garçons dans l'école actuelle en 1863. En tous cas, elles l'occupaient à la fin des années 1880. En 1890, après leur expulsion de l'enseignement public, les frères maristes ont créé l'école libre du Pavillon. Elle a immédiatement siphonné la grande majorité des élèves. Il ne restait plus que 40 garçons à l'école publique. La mairie a alors décidé de transférer les filles à l'école du haut et les 40 garçons en bas. C'est ce qui explique la présence de garçons sur une carte postale des années 1900 représentant la sortie de l'école du bas.

L'école libre de garçons ayant disparu après la guerre de 14, il y a eu répartition des effectifs selon les classes de niveau entre le haut et le bas, le transfert spontané de presque toutes les filles à l'école libre entre les deux guerres en faisant deux écoles exclusivement de garçons à la fin des années 40.

Ajoutons qu'entre 1890 et 1900, il n'y avait pas d'école libre de filles, ce qui permit de créer un nouveau poste lors du transfert des filles en haut, et aussi que quelques Écochoises de familles très catholiques aient été mises en pension chez les soeurs de La Ville.
En 1901, la re-création de l'école libre de filles se heurta à la vive opposition du maire Jules Aubonnet. Outre son opposition idéologique, il craignait que se reproduise l'effet de la création de l'école libre de garçons. Effectivement, les 2/3 des filles furent transférées à l'école libre.