Françoise de Maulcreux

Incontestablement -plusieurs documents de l'époque le prouvent- Françoise de Maulcreux, ou Maucreux fut dame du But au début du XVIème siècle. elle est ainsi la première "seigneur" connue avec assurance. Néanmoins notre connaissance de sa personne est très lacunaire.

-Selon une source, elle aurait hérité du But par un oncle.

-Certains la disent originaire d'une famille de Normandie, d'autres de Picardie. elle est parfois dite dame de Villepêque (en Brie).

-D'autres sources la font descendre d'un bailli de Senlis Pierre Trouillard de Maucreux (ou de Maulcreux ou de Maucroix). Ce Pierre de Maucreux ayant été bailli de Senlis en 14 11 et peut-être exécuté comme otage en 1419, peut difficilement être son père (pourtant on le trouve parfois), car elle serait née autour de 1475. Ce Pierre de Maucreux dit Trouillard est assez bien documenté car il a joué un rôle dans la guerre de Cent Ans comme on peut le voir dans une revue de la société d'Archéologie de Senlis.

 Tandis que le conflit franco-anglais perdure, à l’aube du XVe siècle, la maladie du roi Charles VI suscite une rivalité entre le parti d’Orléans (futurs Armagnacs) et celui de Bourgogne qui va dégénérer en véritable guerre civile. À Senlis, ville royale longtemps restée calme, les troubles de l’État se manifestent d’abord par une valse des baillis : en 1411, le bailli, Pierre de Crécy, est remplacé, par Pierre Trouillard de Maucreux, homme du duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Ce dernier utilise la ville comme base militaire. En 1414, Jean sans Peur perd le contrôle du gouvernement à la cour et le bailli est destitué. Pierre de Crécy, retrouve son poste mais meurt à Azincourt le 25 octobre 1415. Deux ans plus tard, alors que Bernard d’Armagnac, connétable de France contrôle Paris et le gouvernement, Jean sans Peur, à l’été 1417, assemble son armée autour de Beauvais, pour marcher sur la capitale. Il publie un manifeste dans lequel il promet l’abolition complète des impôts des villes qui se rallieraient à lui. À l’approche des troupes bourguignonnes, commandées par Jean de Luxembourg, une émeute éclate à Senlis contraignant le bailli Robert d’Esne, fidèle au connétable, à se réfugier à Montépilloy. Bien que les habitants soient partagés, la ville ouvre ses portes et prête serment de fidélité au duc de Bourgogne déclarant agir au nom du roi. Trouillard de Maucreux revient comme bailli et une garnison bourguignonne s’installe à Senlis sous le commandement du capitaine Jean bâtard de Thiant qui conduit des expéditions vers la capitale

 

Après une vaine tentative du parlement de Paris pour ramener les habitants à l’obéissance, le Conseil du roi décide de châtier Senlis. Le connétable réunit une armée et le souverain à Saint-Denis, puis après avoir installé le roi au château de Creil, le 2 février 1418, assiège Senlis. Son armée ne compte que 4000 combattants aux ordres de Pierre de Rieux, maréchal de France et Tanneguy du Châtel, prévôt de Paris. Les assiégeants ne peuvent donc assurer un blocus parfait ni tenter un assaut de vive force et la ville ne manquera de rien pendant les deux mois de siège. Le connétable, qui dispose d’un important parc d’artillerie et de machines de siège, soumet les murailles à un intense bombardement. Plusieurs brèches sont finalement ouvertes et les habitants, qui redoutent une mise à sac, négocient, le 15 avril 1418, une reddition différée au 18 avril, soleil couchant. Les conditions de cette capitulation peuvent être restituées d’après les sources narratives, s’agissant de la suspension des hostilités, de la remise de six otages par la ville de Senlis, deux religieux, deux nobles et deux bourgeois, de l’indemnité de 60000 francs à payer par la ville, de la reconstruction et de l’abolition (pardon) générale, le tout dans le cas où la ville ne serait pas secourue avant la fin du délai.

Cependant, le duc de Bourgogne avait chargé son fils, futur Philippe le Bon, de secourir Senlis. Informé des négociations alors qu’il se trouve à Amiens le 15 avril, il se hâte. Il arrive à Pontoise le 17 et le 18, Armagnac sort de son camp et se range en bataille pour lui faire face. La rencontre se limite à quelques escarmouches. Toutefois, la garnison de Senlis en profite pour sortir et incendier le camp des assiégeants, ce que de retour, Armagnac interprète comme une trahison. Il fait exécuter quatre des six otages, mais épargne les religieux, puis rentre à Paris. Du côté bourguignon l’exécution est présentée comme une basse vengeance.

 

 

On voit mal comment Pierre de Maucreux aurait pu avoir un rôle dans l'héritage du But. Cependant, on note qu'en 1344 il est question dans un document lié au But d'un certain Troillée ; et un des prés du But à la fin du XVIème siècle est dit Troillard.

Troillée...Troillard...Trouillard : a-t-on là les premiers seigneurs du But? Il ne peut s'agir que de vagues conjectures.

 

Autre rapprochement, (plus qu'hypothétique) : dans un livre paru en 1997, Bertrand Schnerb évoque une famille du Boulonnais au service de Jean sans Peur, les Bournonville, famille à laquelle est rattaché Trouillard de Maucreux, ce qui explique qu'il soit dans le camp des ducs de Bourgogne. Or quelques années plus tard des descendants et alliés des Bournonville se retrouvent installés à Arcinges puis Cours puis Écoche ; ce sont les Accary, écuyers, peut-être "descendus" dans nos régions avec des partisans des ducs de Bourgogne. Jean d'Accary s'est marié en 1558 à Boulogne sur Mer avec Jeanne de Wasselin... et leurs enfants naissent à Arcinges !


Françoise de Maucreux aurait eu comme premier mari Jehan de Boletière, dont descend assurément Godfroid de Boletière seigneur du But avant 1622.

Elle a eu pour (second) mari Antoine de Ronchivol. Le couple donne naissance à plusieurs enfants dont Arcangelle. si cette dernière hérite de biens de Françoise de Maucreux, il n'est pas sûr qu'elle ait hérité du But qui revint plutôt à un fils de Boletière. Mais Arcangelle a pu transmettre certains biens ou rentes d'Écoche à ses enfants (de Faverges ou de Rébé) récupérés en partie ou en totalité par Godfroid de Boletière. Voir la rubrique sur Montruchet  ou les transactions.

En fait ces suppositions autour des Boletières sont battues en brèche par la découverte dans les archives Vichy d'un feuillet de 1730. donc c'est bien Arcangelle qui aurait hérité du But puis après elle François de Ronchivol, sans doute son neveu. Voir le mystère Boletières.