Un des desservants de la paroisse dont le souvenir est resté le plus vivace est sans doute Jean Chemin qui fut curé d’Écoche pendant 38 ans : de 1805 à sa mort à Écoche en 1844.

 

Il était né à Cours  le 20 novembre 1774 d’un père maçon et tissier à la fois ; sa mère Jeanne Accary est domestique au moment de son mariage en 1773. Son parrain était le demi-frère de sa mère, un cultivateur.

 

Du côté maternel, son quadrisaieul est un écuyer du Boulonnais que les guerres de religion ont amené, appauvri sans doute, dans la région d’Arcinges et où il fit souche (très nombreuse).

 

Son père, Antoine Chemin, était né à Affieux, petit village de la Corrèze sur le plateau de Millevaches mais le grand père maître charron s’installa ensuite à Belmont ; le père et l’oncle de notre curé prendront femme à Cours. Il avait une sœur, Claudine,  de 12 ans sa cadette, qui épousa en 1809 à Écoche Antoine Auvolat, cordonnier. Et c’est lui qui donna la bénédiction nuptiale.

 

On voit donc un curé issu d’un milieu populaire et peut-être que son père maçon lui donna l’ambition de faire construire une nouvelle église puisque c’est lui qui lança le chantier de la reconstruction d’une église à Écoche.

 

Il semble avoir été un prêtre charismatique puisque c’est sous son ministère que fut recréée la confrérie du Sacré Cœur à laquelle il ajouta une confrérie du Rosaire.

 

Sa mère était décédée alors qu’il avait 16 ans et son père meurt en 1814.

 

Il meurt à Écoche dans l’ancien presbytère ; il fut enterré sans doute dans l’ancien cimetière et son fidèle vicaire qui lui succéda comme desservant et maître d’œuvre dut être enterré auprès de lui, même si à l’époque -1871- le cimetière avait été déplacé. Pendant très longtemps (jusqu’en 1990) les pierres tombales de ces deux curés gisaient dans l’herbe au chevet nord de l’église actuelle.

 

Jean Chemin semble avoir été un curé bien intégré dans sa paroisse où vinrent vivre quelque temps sa soeur Claudine, morte jeune et une autre Jeanne Marie Chemin veuve de Marc Bonnefond originaire de Mardore ; sa fille Catherine fut domestique du curé (recensement de 1841) et l'autre domestique Benoite Marie Larue mourut en 1847 au domicile de la veuve Bonnefond.

Dans le registre de la confrérie du Sacré Coeur, le curé Chemin avait inscrit des femmes de Mardore, Cours, Belmont, etc..

Mais aussi il devait entretenir d'excellentes relations avec le principal fabricien, qui avait été maire de la commune en 1790 : Jean Morel ; en effet celui-ci était fils d'une coursiaude Françoise Marie Vacogne, soeur de l'ancien curé de Belmont où avait résidé le grand père Chemin. Et l'autre fils de Françoise Marie n'était autre que Claude-Marie Morel curé de Cours pendant la même période (jusqu'en 1839). Jean Chemin connaissait également très bien le vieux curé de Cuinzier. Antoine Denis Moulin est inscrit sur le registre de la confrérie d'Écoche jusqu'à son décès en 1814. Ce prêtre originaire de Montagny dans une vieille et riche famille avait été vicaire/desservant de Mardore pendant plus de dix ans avant 1781, Mardore patrie de certains Chemin/Bonnefond ; puis curé de Belmont avant la révolution*, paroisse où habitaient les grands parents de Jean Chemin ; et enfin après le concordat curé de Cuinzier, assurant aussi l'intérim à Arcinges quelques mois en 1810. ; il était né en 1729.

On voit donc notre curé d'Écoche partie prenante (centre?) d'un réseau régional, familial et clérical. Bien loin certes de la Corrèze de ses ancêtres!

 

* AD Moulin prêta le serment constitutionnel comme François Carré d'Écoche ; un de ses parents [ils avaient le même arrière grand-père, marchand de toile] fut maire de Montagny, député à la Convention et "régicide". Le concordat permit à tous les prêtres non défroqués qui le désiraient  de réintégrer le clergé ; on voit par là le rôle réconciliateur du Concordat ; le cas Moulin montre également que prêter le serment n'était en rien un acte antireligieux.