La commune d'Écoche fut une commune fortement marquée au 19ème siècle et au 20ème jusqu'après la guerre 39-45 par l'activité textile.

Dans tous les villages et quartiers de la commune on trouvait des tisseurs ou tisserands à domicile. Ils travaillaient à façon pour des entreprises de Charlieu, de Chauffailles, de Cours, de Thizy, certains la soie, d'autres le coton.

Il a existé aussi plusieurs  ateliers sur le finage communal : l'usine Vadon à Juin, l'atelier Denis Déchavanne à Lachal. Mais nombreux aussi furent les Écochois travaillant dans l'usine de Cadolon, d'abord propriété de Glatard d'Écoche ; puis dans les usines de Cours, le Cergne (Guerry), St Igny de Roche, Belmont (Bignon), Chauffailles, Sevelinges, toutes proches. Sur la commune il existait aussi de tout petits entrepreneurs qui étaient relais entre les entreprises et les façonniers, comme Monnet au Caire, Tournigan de Gourlaine ou Émile Planchet de Juin qui fonctionna pour les soyeux jusqu'en 1975.

Les façonniers avaient leurs métiers à domicile et en même temps très souvent une micro exploitation agricole (une vache). Dans le cas du tissage à bras, la pièce recevant le métier était appelée la "boutique". Dans le cas des métiers mécaniques -quand il y en avait plus d'un- on avait construit à côté de la maison un petit atelier appelé cabine.

Les villages les plus équipés en métiers à tisser furent les premiers à recevoir l'électricité (Crêt-Loup dès le début des années 20 vs Fillon vers la fin des années 30). La dernière cabine à fonctionner fut celle de François Fayard à La Forest en 1976 - qu'il avait construite 15 ans plus tôt seulement.

Deux musées proches retracent assez bien ce que furent les activités textiles d'alors : le musée de la soierie à Charlieu  (http://musees-de-charlieu.webnode.fr/museesoierie/) et le musée du tissage à Chauffailles (voir ci-dessous). L'écomusée du Haut-Beaujolais à Thizy les Bourgs est malheureusement rarement ouvert au public pour cause de travaux qui n'en finissent pas.


 

 

 

Ancienne cabine textile à Cijuin


Les usines de Cadolon qui ont été pendant plus d'un siècle et demi le principal employeur pour les trois communes environnantes (Coublanc Saint Igny de Roche, Écoche) avaient d'abord été créées par les Glatard d'Écoche, dont la famille fit construire aux Seignes le manoir dit "château de cadolon". C'est un Glatard qui fit construire la retenue dite "étang de Cadolon". Enfin un Glatard fut maire d'Écoche et conseiller Général.


L'industrie textile à Écoche s'inscrit dans une histoire commune à beaucoup de communes du Haut Beaujolais. Dans un long article de la Revue de Géographie de Lyon, en 1970, le géographe Jean-Pierre Houssel explique les origines et l'évolution de cette industrie pour les cantons de Thizy et Amplepuis. Ce qu'il écrit peut en grande partie valoir pour les communes limitrophes (le canton de Thizy commence à la Bûche). En voici trois extraits :

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L'industrie textile s'explique par l'accumulation, dès l'époque moderne, de fortes densités rurales, dont la terre ne peut assurer la subsistance. Le Beaujolais est inclus dans la partie médio-orientale du Massif-Central, de la Basse-Auvergne au Lyonnais, que le recensement d'Orry de 1745 nous montre être, avec des densités supérieures à 55 habitants au km2, l'une des régions les plus peuplées de France, avec la Lorraine ardennaise et le Nord flamand. Un quart de siècle plus tard, Brisson, inspecteur des manufactures de 1765 à 1783, évalue la population du Beaujolais à 85 000 habitants pour 80 lieues-carrées, soit 65 habitants au km2. Le surpeuplement du Haut-Beaujolais occidental est attesté dès la fin du XVIIème  siècle. L'intendant d'Herbigny retranscrit les réponses à l'enquête de 1687, qu'il a obtenues de cinq curés de cette petite région. Celle du desservant de Thel les résume bien : « travail de la terre, émigration temporaire vers le bon pays comme journaliers (on précise à Mardore qu'ils sont affaneurs, c'est-à-dire qu'ils sont payés en blé pour la moisson et le battage) ; tissages des filés (de coton) et du chanvre ». Et il conclut « les montagnes du Beaujolais sont incultes pour la plupart ; le peuple y subsiste par les toiles et les futaines  et tire des blés de la plaine ».

 

Dans ses Mémoires, Brisson cite constamment les vallées du Reins et de la Trambouze. Chantre et propagateur du recours à l'industrie «l'indigence que l'agriculture eût laissée est bannie par l'industrie », il constate avec satisfaction que le travail du coton se révèle peuplant. «L'examen des registres paroissiaux de la montagne m'a donné pour terme moyen 21 baptêmes pour 13 enterrements» ; les départs compensent les arrivées et les migrations saisonnières ont disparu : « sans les manufactures, les habitants de nos montagnes seraient obligés de s'expatrier, au moins une partie de l'année, comme dans les provinces non éloignées ». L'étude des conditions naturelles montre que dans ce milieu difficile existaient des facteurs favorables, permettant à l'initiative des hommes d'y développer la manufacture et d'assurer la subsistance de fortes densités.

 

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Les négociants lyonnais ont introduit cette fabrication pour ne plus dépendre des Piémontais. Thizy a peut-être été à l'origine : une requête de 1549 signale que Robert et Jean Tricaud de Thizy-en-Beaujolais et Jérôme Fiandres de Quiers  en Piémont, demandent au seigneur de Thizy, un lieu propice pour placer leurs métiers.

 

Note du rédacteur du site : ces Tricaud appartiennent à une grande famille de bourgeois de Thizy qui a donné de nombreux prêtres dont Humbert Tricaud -oncle de Robert- qui fut curé d’Écoche entre 1475 et 1491 (date de sa mort) mais curé pas forcément résident, comme il  arrivait souvent alors.

 

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Les intendants se sont appliqués à étendre le tissage à domicile. L'enquête de d'Herbigny relève autant de journaliers que de « tixiers ». Vers 1770, on ne compte plus guère de paysans pauvres sans métier et Brisson leur conseille de s'en tenir à la culture de la verchère, d'acheter des truffes et d'être « tisserands ». Il cite comme une curiosité une famille de Ranchal qui n'avait pas osé travailler dans l'industrie par crainte d'un impôt ; il lui fait donner de l'outillage. Comme on vient de le voir, le « tixier », qui fait la toile de lin et de chanvre fait place au «tisserand», qui tisse le coton. Aux bureaux de la marque de Thizy, Amplepuis, Lay et Régny, en 1783, ont été présentées 35 000 pièces de toiles de 25 à 30 aunes, ce qui est considérable, dont 5 700 pièces de guinées et garats en coton à 55 livres environ, 15 400 pièces de toiles de fil et de coton à 48 livres, 8 200 pièces de basins à 33 livres et seulement 7 800 pièces de toiles traditionnelles, Saint-Jean et Auxonne, à 25 livres . La fabrication du linge de table est abandonnée à Régny. Parallèlement, la manufacture du coton déborde de son cadre d'origine : les vallées du Reins et de la Trambouze, le plateau de Lay et de Régny. Roland écrit encore en 1784 que les bureaux de marque de Roanne et de Charlieu, de Chauffailles, La Clayette et Belleroche dans les Monts du Charolais «ne semblent établis que pour faire des appointements aux préposés et ils sont inutiles». Le travail des toiles de lin et de chanvre y est en décadence. Les donneurs d'ordres de Thizy commencent à faire travailler les paysans du plateau en direction de Roanne et de Charlieu et du bassin supérieur du Sornin, au delà du col de la Bûche. Le curé d'Azolette, petit village près de Chauffailles note en 1784 sur le registre paroissial : « cette année peut être regardée comme celle de l'établissement du coton dans notre région »

 

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L'intégralité de l'article se trouve sur internet. Cliquer ici.

 

 


D'après une brochure du ministère du commerce et de l'industrie de la fin du XIXème siècle, on relève que le 28 février 1890, des dévideuses de soie d'Écoche et Saint Denis de Cabanne se mirent en grève pour protester contre une diminution de leur rémunération : moins 0.30 f par kilo de soie dévidée. Ces 26 grévistes échouèrent puisque leur patron (vraisemblablement de Charlieu) "s'est adressé ailleurs pour faire dévider la soie"

Le premier "code du travail" ne date que de 1910 il est vrai.

 

Dans le Journal de Saone et Loire (octobre 2017), on trouve cette photo avec la légende : " le barrage de Cadolon fut utilisé pour le filage du coton"


Dans la revue Études rhodaniennes (ancêtre de Géocarrefour) de 1938 M-L Bourgeon étudie la Répartition des métiers de tissage de la soie au service de la fabrique lyonnaise en 1936-1937

A la suite de l'article une carte montre la distribution des métiers de la soie dans notre région en 36 -37 (extrait)