Jean-François Voisin était entré au service de Jacques d’Amanzé baron puis comte de Chauffailles ; à la mort du comte, il passe immédiatement au service de sa veuve Marie- Anne Rolin et la suit dans son château d’Arcinges où il décédera en 1726, deux ans et demi avant la comtesse. Cette fidélité et son dévouement total à la cause de Marianne Rolin notamment lors des nombreux procès que celle-ci intente ou subit fera que certains (dont Jean d’Amanzé frère de Jacques) soupçonneront des relations intimes entre lui et sa maîtresse. Soupçons que le curé d’Arcinges, à sa mort, relaiera discrètement en faisant allusion sur le registre paroissial au récit biblique de Suzanne et les vieillards.

 

Mais qui était Jean-François Voisin ? D’après un généalogiste (https://gw.geneanet.org/veloveneto?n=voisin&oc=&p=jean+francois ) il est né à Lapalisse le 16 décembre 1655, donc plus jeune que Marianne Rolin d’environ 10 ans. Son père était greffier de justice puis huissier de justice puis praticien puis procureur, autrement dit un homme de loi, ce qui explique l’excellente connaissance que Jean François voisin semble avoir des lois de l’époque*. C’est sans doute parce qu’il n’est pas l’aîné des garçons (un frère est né en 1647, un autre en 1649) qu’il rentre dans l’ordre des chevaliers de Saint Lazare. C’est probablement là qu’il rencontre Jacques d’Amanzé lui aussi chevalier de Saint Lazare avant son mariage tardif ; une amitié s’est-elle nouée entre les deux ? Ou d’Amanzé a-t-il saisi la capacité juridique de Voisin ? En tout cas celui-ci vient à Chauffailles et se fait appeler alors Dessauge. Il est très vite le fondé de pouvoir et, prenant de l’importance, il est devenu un véritable notable puisqu’on le trouve à plusieurs reprises parrain d’enfants à Chauffailles, Écoche ou Arcinges.

 

On le trouve donc derrière tous les actes notariés ou pièces de procès pour la dame d’Arcinges. Son rôle est essentiel ; fut-il en plus son amant ? ou son âme damnée ? ou plus sûrement un bon conseiller, bon gestionnaire en phase avec une comtesse elle-même fille d’un homme de loi, de noblesse de robe ?

Voir par exemple : la curieuse affaire du But.

Dans une note de 1721 (ref : Marcigny 251.01 p7 sq) Dessauge fait savoir au notaire de Belmont : Monsieur boisson prendra la peine de faire le grangeage sauf le blé au présent au profit de Madame de Chauffailles contre Jean et Jean Labrosse frères...sous les mêmes charges clauses et conditions....Madame signera les grangeages quand ils seront faits.

 

 *On peut ajouter que, telles des bonnes fées se penchant sur son berceau, ses parrain et marraine appartenaient aussi à ce monde de petite bourgeoisie : son parrain François Meusnier était procureur d'offices à Lapalisse et sa marraine, Jeanne Géranton était l'épouse de Geoffray Perrot, alors maitre chirurgien de St Gérand le Puy, plus tard avocat au parlement à Lapalisse