Fraîches vallées


En 1896 l'abbé Léopold Pagani, professeur aux Chartreux à Lyon publie un ouvrage Essai historique sur Châteauneuf-en-Brionnais, ou châtellenie royale sur les bords du Sornin

De larges extraits se trouvent sur la page http://pjpmartin.free.fr/site/Pagani_0.htm

A la fin le texte évoque Chauffailles et sa région en termes un peu iréniques parfois. Le maire était alors Rémy Guyot  originaire d'Écoche. Quelques extraits ci-dessous :

 

Chauffailles est à 31 kilomètres de Charolles, son chef-lieu d'arrondissement, à 7 kilomètres de la gare de Saint-Maurice-lez-Châteauneuf, sur la ligne de Roanne à Charolles. Le service de cette gare est fait par des correspondances qui s'y rendent quatre fois par jour. La superficie de son territoire est de 2263 hectares, dont 1183 en céréales et autres cultures ; 505 en prairies ; 302 en bois de diverses essences ; 18 en vignes, qui ne donnent qu'un vin fort médiocre, le raisin ne mûrissant pas toujours très bien. Il s'y fait commerce de céréales, de pommes de terre, de fourrage, de bétail et volailles, surtout aux jours de foires, qui ont lieu tous les premiers jeudis du mois, et aux jours de marchés, qui sont très fréquentés, les vendredis de chaque semaine.

Plusieurs fabriques de soieries, appartenant à de riches négociants lyonnais, occupent plus de six cents ouvrières à l'intérieur et donnent de l'ouvrage, dans le bourg ainsi que dans la campagne, à plus de deux mille ouvriers.

Située dans la vallée formée par les montagnes de Saint-Germain-la-Montagne, de Belleroche, de Belmont, de Mussy et d'Anglure, la ville de Chauffailles est en un lieu fort pittoresque, dominé par les monts Chéri, Ternas, Chélu, qui a 663 mètres d'élévation.

Plusieurs belles routes partent de la ville et lui ouvrent de faciles communications avec les pays voisins. Au midi, celles de Saint-Igny-de-Roche, de Belmont, d'Écoche ; au sud-est, celle des Echarmeaux pour le Beaujolais et la vallée d'Azergues ; au nord, celles de Mussy, de Chassigny, d'Anglure, de Saint-Racho et de La Clayette ; à l'ouest, celles de Châteauneuf, Charlieu, etc.

Toutes ces voies suivant de fraîches vallées et les sinuosités les montagnes parcourent des contrées qui offrent les cultures les plus variées.


A l'ouest, ce sont les riches campagnes du Brionnais, semées d'une multitude de villages, et la vallée du Sornin ; au nord, le Dun et ses vieilles ruines ainsi que le viaduc gigantesque de Mussy, sur le chemin de fer qui doit relier Lozanne à Paray. Ce viaduc, véritable œuvre d'art, étonne par ses gigantesques proportions : il a 562 mètres de long, 18 arches de 25 mètres d'ouverture, et sa hauteur est de 62 mètres ; c'est une masse de plus de 75.000 mètres cubes de maçonnerie. Au nord-est, Saint-Igny-de-Vers, pays semé de noires forêts qui vont jusqu'au Saint-Rigaud, le plus haut sommet de ces contrées. A l'est, la vallée de Bottorey, où serpente la route si pittoresque de Chauffailles à Beaujeu, trouvant sur son parcours : Belleroche, les Echarmeaux et les sombres sapins de Poules et de Chenelette. Au midi, le mont Pinay, les montagnes de Ranchal, de Belmont, d'Ecoches, et les fraîches vallées qui y conduisent. Tous ces vallons sont arrosés par les méandres de nombreux ruisseaux habités par l'écrevisse et la truite, et bordés de grands arbres contribuant à faire de ce pays un des plus agréables aux amateurs, qui y trouvent, pendant l'été, le plus charmant séjour. L'église de Chauffailles, au milieu de la ville, est spacieuse ; elle n'a qu'un seul mérite appréciable : c'est d'être assez vaste pour contenir les nombreux fidèles, qui, chaque dimanche, se pressent sous ses trois nefs. Elle fut le début d'un architecte de beaucoup de talent, M. Berthier, qui a fait par la suite la belle église de Saint-Pierre-de-Mâcon, et qui aurait bien voulu faire disparaître cette première œuvre et la reconstruire avec des formes plus architecturales. Les pasteurs du lieu ont annexé à cette église une importante maîtrise pour former des élèves au sacerdoce et fournir ainsi d'utiles sujets au clergé de Saône-et-Loire. Nombre sont les enfants qui la fréquentent, sous l'habile direction de M. l'abbé Antoine son directeur, et de M. l'abbé Roux. Cette école a déjà fourni une trentaine de prêtres au diocèse d'Autun ; elle a une vingtaine de jeunes gens au grand séminaire, et un nombre égal au petit séminaire de Semur.

La population de Chauffailles honnête et laborieuse, a vu s'améliorer sa situation matérielle par l'introduction du tissage de la soie, que l'on doit à l'initiative du bon curé Lambert, qui fut, pendant de longues années, le père vénéré de son peuple ; il a amené ainsi l'aisance dans bien des familles pauvres.

Chauffailles est doté du télégraphe, et bientôt sera desservi par le chemin de fer, qui, parcourant la vallée d'Azergues, traversera le col des Echarmeaux par le tunnel de Poules, et se rendra à la Clayette et de là à Paray-le-Monial, facilitant un débouché aux produits divers de ces riches contrées.

L'on y trouve trois études de notaires, qui appartiennent en ce moment à MM. R. Guyot, J. Desroches et Farge ; un juge de paix, M. A. Bonnin ; un receveur de l'enregistrement, M. Combet ; un percepteur, M. L. Roux ; deux médecins, les docteurs Briandas et Porte. Le conseiller général du canton de Chauffailles est M. Remy Guyot ; le conseil d'arrondissement M Dubreuil, de Saint-Maurice-lez-Châteauneuf.

Auguste Goyne redevint maire, en mai 1871, et donna sa démission en mars 1873.
Remy Guyot fut alors nommé, en avril 1873, et est resté en charge jusqu'en mai 1892.
Remy Guyot, né à Ecoches, en février 1835, fit la guerre de 1870 comme chef de bataillon des mobilisés de Saône-et-Loire. A son retour, notaire à Chauffailles, il fut nommé maire puis conseiller général, en 1874, officier d'Académie en 1885 et chevalier de la Légion d'honneur en 1886.
Auguste Bonnin fut maire du 20 mai 1892 au 1er janvier 1895 ; ayant alors démissionné, M. Remy Guyot fut nommé de nouveau, le 14 janvier 1895.