Lorsque meurt (sans doute en 1680) Jean d’Amanzé, chevalier comte chanoine de l’église de Lyon, il lègue sa seigneurie d’Arcinges à son neveu et filleul, Jean d’Amanzé.  Ce jeune d'Amanzé -propre fils de Marianne Rolin-  étant considéré comme immature,  en fait mineur puisque né en 1674 il passe sous la tutelle dite « honoraire » d’un avocat au parlement, demeurant à Charlieu, Claude de la Ronzière de la Douze. Lorsqu’arrive la vérification de la tutelle, Marianne Rolin s’arrange pour que celle-ci soit « validée » par des personnes de son puissant réseau familial. On trouve cela dans les archives Vichy numérisées par Claude Franckart, ref DHB008

 

« aujourd’hui vingt neuf avril mil six cents quatre vingt et sept, nous soussignés Marc de Saint Georges chevalier seigneur de Montceaux, d’Estieugues, Cours et autres places, et Ponthus de Bessie conseiller du Roy premier élu de l’élection de Beaujolais faisant pour et au nom de César Rolin escuyer seigneur de Montoux, parents nommés pour régler et ouïr les comptes que Me Claude de la Ronzière la Douze advocat au Parlement tuteur onoraire de Jean d’Amanzé chevalier héritier testamentaire de feu Messire Jean d’Amanzé chevalier seigneur d’Arcinges doit rendre annuellement de la gestion et maniement de ladite hoyrie ; assemblés à Lyon d’un commun consentement à cet effet ; après le refus d’y assister fait par Messire Claude de Damas chevalier seigneur de Dompierre aussi nommé pour ouïr lesdits comptes suivant l’acte à luy signiffié par Toutain huissier le mars dernier déclarons avoir vaqué à l’examen du compte présenté par ledit sieur de la Ronzière consistant l’issue de son administration durant les années mil six cent quatre vingt et cinq  et mil six cent quatre vingt et six, et le commencement de la présente ; depuis le samedy midy vingt six du présent, jusques à ce jourd’huy sans discontinuation et ce en la présence et de l’ ? dudit sieur Bessie et de Me Jean Vaginay avocat au parlement et présidial de Lyon.... »

 

Marc de Saint Georges est le beau frère par alliance de Marianne Rolin et agit de concert avec sa femme Gabrielle ; dans un procès ultérieur le  seigneur d'Arcinges accusera sa mère et sa tante de l'avoir lésé.

 Marc de Saint Georges meurt en 1693 (tout comme Gabrielle) . Puis le seigneur d'Arcinges Jean ou Jean-François meurt au cours de la guerre de la ligue d'Augsbourg, en 1684 dans sa vingt-et unième année.

Marie Anne Rolin en tant que mère de son fils survivant Antoine, devient donc dame d'Arcinges où elle réside de 1703 à sa mort en 1729.

Antoine est le seul survivant des fils de Jacques d'Amanzé : une fille Élizabeth était  morte assez jeune.

César Rolin de Montoux est le frère de Marianne Rolin; il est marié avec Claude Bessie fille de Ponthus Bessie.

Il y a à cette époque plusieurs Jean Vaginay avocats ; sans doute s'agit-il ici de celui qui était né à Thizy et dont le grand père avait été notaire à Cours.

Quant à Claude de Damas, déjà âgé (75 ans) il était le frère du seigneur de Verpré (Tancon) et l'arrière-petit-fils d'une Françoise d'Amanzé

De manière générale, au cours de sa vie et de ses nombreux procès, Marie Anne Rolin saura régulièrement trouver un solide appui auprès de ce réseau d'hommes de loi plus ou moins apparentés et gravitant autour de la puissante et riche famille Bessie possessionnée en Beaujolais et Dombes. Appui dont elle a ici besoin car Claude de la Ronzière ne s'en laisse pas compter et défend les intérêts du fils. Mais le fils n'hésitera pas par la suite à combattre Marie Anne Rolin sa mère...

Dans un document de 1692 (archives Vichy DHB006) Claude de la Ronzière revient sur ses déboires pour régler la succession du seigneur d'Arcinges ; voir batailles de dames. L'extrait suivant est significatif :

Le dit de la Ronzière croyait par toutes ces demandes honnêtes d’avoir vaincu la dureté que ladite dame Marianne Rollin avait pour son fils puîné mais cela ne servit de rien. Il y fallut venir à la rigueur de la justice quoiqu’elle eut signé ou ratifié ces sentences arbitrales, elle ne voulut point relâcher audit comptable les portions du domaine de la Motte de Choffailles ou payer les revenus intérêts des sols qu’elle devait à la succession dudit Jean d’Amanzé quoi qu’elle fut saisie de la succession de Claude d’Amanzé duquel ledit défunt sieur d’Arcinges était cohéritier et que cette restitution fut réglée par les sentences arbitrales dont elle empêcha homologation et obligea ledit de la Ronzière d’obtenir sentence contradictoire contre elle au baillage dudit Mâcon le 8 mai 1688 aux dépens qui se montent à 18 livres suivant l’état du procureur. ....L’opiniâtreté de ladite dame Marianne.....etc.

 

Tout cela donne une image peu tendre de la comtesse de Chauffailles. S'il est certain qu'elle dût être très opiniâtre, il n'en reste pas moins que nos sources proviennent presque toutes de batailles juridiques et que, donc, ses adversaires l'ont particulièrement chargée. C'était aussi une femme qui avait la culture de son milieu (bourgeoisie et noblesse de robe) face à la maison d'Amanzé souvent jugée comme "rapace". Femme qui perdit assez vite ses proches : elle est veuve à 30 ou 33 ans et ne se remaria jamais ; elle perdit sa fille Élizabeth très tôt ; son fils (avec qui elle eut les démêlés ci-dessus, certes) mourut à la guerre vers 21 ans... On peut dire que, retirée dans sa "forteresse" d'Arcinges, elle fut plutôt une bonne gestionnaire. Et restée peut-être proche de ses territoires d'enfance de la vallée du Reins où son père était mort dès avant 1685...