Pendant la Révolution Française, l'ancien seigneur du But, le marquis Abel de Vichy, franc-maçon, choisit le camp des bourgeois (il possédait une immense fortune à Paris, Lyon, en Bourgogne, etc.) plus ou moins "girondin" et s'oppose à Lyon en 1793 aux armées de la Convention montagnarde. Fait prisonnier, il a été fusillé le 15 octobre 1793. N'ayant pas émigré (ni non plus sa belle-mère restée bien à l'abri dans son château de Chauffailles) ses biens ne sont pas tous vendus mais en partie mis sous séquestre. Après sa mort, ses fils récupèrent une partie d'héritage mais comme le marquis était très endetté, ils doivent vendre des biens, après levée des séquestres pour payer les créanciers ; comme la monnaie s'est particulièrement dépréciée, l'inflation rend les dettes moins lourdes. Néanmoins en 1803 le domaine du But à Écoche est mis en vente. Abel (le fils aîné) confie cette vente à un certain Garnier de Charlieu, qui lui écrit le 2 février 1803  (23 pluviose an 11) : (médiathèque de Roanne côte 20 F carton 126 pochette 9)

 

"Monsieur,

Le temps rigoureux que nous éprouvons a porté préjudice à la vente du But ; différents individus se sont présentés à cette vente mais ils ont été dans l'impuissance de faire des mises, n'ayant pu visiter les fonds et surtout prendre connaissance de leur qualité à cause de la neige ; cependant les mises se sont élevées à 26 milles livres ; on avait accepté les conditions que vous prescriviez par votre lettre, du moins la plus grande partie, de manière que votre absence d'une part et plus encore la neige qui dérobe les héritages à la vue des acquéreurs ont déterminé Monsieur votre frère à renvoyer la vente. Vous concevez Monsieur qu'il n'a pas été possible d'en fixer le jour ne pouvant juger le moment du dégel ; sans doute vous jugerez que ce parti était le seul praticable. En vous disant qu'on aurait accepté vos conditions en partie, les acquéreurs y apportaient, Monsieur, un petit changement. Ceux qui offraient 26 mille livres auraient pu payer 4000 Livres comptant et pour le surplus ils avaient désiré le laisser sur l'acte. Cette condition n'aurait pas rempli votre objet ; néanmoins si vous eussiez été présent peut-être se serait-on décidé à faire des billets pour le surplus de votre portion, car M. votre frère avait consenti à vous laisser recevoir les 4000 livres . Maintenant, au premier beau temps nous pourrons convenir et faire indiquer un nouveau jour qui vous soit agréable. Je suis avec respects, Monsieur, votre très humble et obligé serviteur, Garnier. Charlieu le 23 pluviose an 11"

 

N.B. Garnier Pierre-François notaire à Charlieu entre 1798 et 1809

 

En janvier 1801, le notaire Benoît Plasse de Cours avait dans une lettre à Vichy avait précisé :

"...

J'ai vu le But. Il y a assez de semence pour un domaine ; le défaut de bois et le mauvais état des bâtiments et fonds le déprécient vu que j'ai annoncé que vous vouliez le vendre. Cependant personne ne s'est présenté pour en demander le prix.."

Et quelque temps auparavant , la grand mère (d'Amanzé veuve Saint George de Chauffailles) d'où provient l'héritage du But avait écrit pour dénoncer le locataire Vaginay qui, disait-elle, était, ainsi que sa femme "ivres journellement". Est-ce là la cause du mauvais état du domaine du But? Ou plutôt une remarque de la veuve, traditionnellement âpre au gain, pour évincer le locataire, ce qu'elle dit aussi à propos de deux gardes de Saint-Germain car qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.

 

A noter : Marie-Cécile d'Amanzé de Saint George comtesse de Chauffailles meurt en 1802. On peut penser que si la vente du But n'est "lancée" qu'en 1803, c'est qu'auparavant, la grand-mère s'y opposait. Ci-dessous, les restes du domaine du But en août 2015.

Vue du côté est, en novembre 2017


En 1796, le notaire de Saint Christophe, Berland, en charge de ses affaires « chauffaillonnes » avait écrit au fils Vichy qui résidait alors près de Lyon...

 

le 21 février  « Je parlerai à Chavanon, je ne puis croire que vos impositions du But soient aussi considérables qu’il l’a dit... »

 

le 4 mars « ...il faut vendre de suite les vassibles du But et le bois taillis de Rottecorde, les impositions sont immenses... »