fief du But


Précisions liminaires et ..partielles.

Dans l’Ancien Régime, les seigneuries, les fiefs, les paroisses  correspondent à des territoires qui ne se recouvrent pas et dont les définitions héritées du Haut Moyen Age sont parfois un peu floues voire variables. Si l’on s’en tient à l’actuelle commune d’Écoche, on peut trouver dans les documents tous ces termes : à quoi semblent-ils correspondre ?

 

La paroisse est la réalité la plus claire et s’est mise en place entre l’an 1000 et l’an 1300 : c’est d’abord une communauté avant d’être un territoire, c’est-à-dire l’ensemble des paroissiens qui reconnaissaient l’église Saint Bonnet comme leur église et son desservant comme leur curé. Petit à petit c’est devenu un territoire ; pour Écoche correspondant à peu de choses près aux limites de l’actuelle commune mais des limites très précises ont dû être déterminées après la naissance de la commune. Ce qui complique les choses, c’est que les dîmes destinées en théorie au curé ne sont pas sur toute l’étendue de la paroisse prélevées de la même manière. On sait par exemple que sur certaines terres c’était le seigneur de Verpré (àTancon) qui les prélevait en partie pour le curé de Coublanc ; sur d’autres terres c’était le seigneur d’Arcinges...mais peut-être y avait-il encore d’autres particularismes.

 

Les seigneuries quant à elles se mettent en place sans doute au courant du XIème siècle. Elles représentent un pouvoir laïc qui, en gros, s’institue progressivement pour exercer un pouvoir sur les paysans aux dépens de pouvoirs plus lointains (comte). Il ya des petits seigneurs et d’autres plus puissants. Tout cela résulte au départ de rapports de forces. Sur le territoire de la paroisse d’Écoche il y avait au moins deux seigneuries au XVème siècle : celle du But et celle d’Arcinges ; leurs terres n’étaient pas forcément d’un seul tenant mais le But devait surtout dominer le Nord de la paroisse et Arcinges le Sud. Il est possible que quelques terres aient dépendu d’autres seigneurs (peut-être Verpré ?).Au XVIème  siècle, la seigneurie est donc une forme de propriété, à la fois foncière (divisée en domaines parfois) et juridique (des droits sur la terre, sur les hommes, la justice).

 

Le terme de fief désigne plutôt le territoire sur lequel s’exerce une seigneurie, voire parfois l’équivalent de seigneurie.

 

Concrètement Arcinges –où existe un château- semble une seigneurie assez forte ; elle « appartient » au XVIème siècle à la famille d’Amanzé qui est très puissante dans la région et qui possède maintes autres seigneuries. Même si les d’Amanzé ne résident pas à Arcinges (mais souvent à Chauffailles), on parle toujours et systématiquement au XVIIème de la seigneurie d’Arcinges. Marie Anne Rollin veuve de Jacques d’Amanzé est une de ces seigneurs particulièrement présente et cherchant à jouir de tous ses droits. Avant les d’Amanzé  Arcinges a appartenu à d’autres familles dont les Saint Haon qui, déjà au XIVème siècle avaient des biens dans la paroisse d’Écoche

 

Le But est une seigneurie moins importante* et progressivement au cours du XVIème siècle une partie de ses propriétés juridiques passent aux seigneurs d’Arcinges, notamment les droits de justice, mais pas les propriétés foncières. Il y a donc encore au XVIème siècle une séparation entre certains droits dus au seigneur d’Arcinges et d’autres droits liés à la terre dus au seigneur du But mais comme il a perdu le droit de justice, son domaine seigneurial est appelé un fief (certains spécialistes parlent de fief abonné ou apprécié car les redevances deviennent annuelles, en deniers et/ou en grains). Cette dichotomie entraîne souvent des conflits, d’abord entre seigneurs mais aussi entre habitants et seigneurs : par exemple en 1529 le seigneur d’Arcinges pense que le moulin du But est banal (ce qui signifierait que les paysans devaient obligatoirement l’utiliser et en payer une redevance) ce qui est contesté par les habitants, qui ont gain de cause au nom de l’usage.

 

Au cours du XVIIIème, après des alliances, les Saint-George puis les Vichy sont propriétaires complets à la fois du But et d’Arcinges.

 

Lorsqu’une visite pastorale du vicaire général de l’évêque de Mâcon est organisée en 1672, il réunit les notables (sans doute les marguillers et les consuls de la communauté d’habitants) chez le procureur fiscal d’Arcinges, Le Bret(t)on qui résidait au bourg d’Écoche. Maitre Jean Le Breton est le notable que les seigneurs d’Arcinges utilisaient pour lever leurs diverses redevances à la fois dans leur seigneurie et dans celle du But, soit sur l’essentiel de la paroisse.

 

Une particularité : il semblerait que les deux paroisses d’Arcinges et d’Écoche n’aient constitué qu’une seule communauté d’habitants pour le fisc : c’est le cas du moins en 1720 où au sein de l’élection de Villefranche les feux sont recensés dans les deux paroisses réunies (125 feux).

Dans les terriers de la fin du XVIIème, on ne parle plus du But mais de "seigneurie d'Escoches membre dépendant de la seigneurie d'Arcinges".

 

 La Constituante a réussi entre 1789 et 1791  à simplifier tout cela (en partie). 

 

* Il a existé avant le XVième siècle un  autre fief appelé Montruchet qui a été réuni au But. De peu d'importance sans doute il devait être très proche du But.

 


Les seigneurs du But : diverses  familles ont eu le titre de seigneurs du But, sans que leurs droits ou leurs domaines soient très clairement établis, surtout au tournant des 16ème-17ème siècles

 -en 1527 c’est Françoise de Maucreux originaire de Normandie épouse d’Antoine de Ronchivol seigneur de Pramenoux et de Saint Pierre la Noaille. Elle semble avoir recueilli des années auparavant le fief du But en héritage d’un oncle

 -Le But passe à une de leur fille marquise de Ronchivol qui épouse le sieur de Boletière ; noble Jehan de Boletière est seigneur du But  dès 1529.

 -Le seigneur d’Arcinges Antoine (ou Jehan?)d’Amanzé tente avec plus ou moins de succès d’accaparer des droits seigneuriaux du But à partir de 1556 ; ainsi  progressivement le fief du But va passer sous la coupe des seigneurs d’Arcinges, même si  en 1554 ou 1572 François de Ronchevol est seigneur du But.

notes : -En cette fin du XVIème siècle, les guerres de religion entre royalistes, ligueurs et protestants sévissent dans la région et justement Antoine d’Amanzé, chanoine-comte de Lyon est un des chefs de guerre.

 -en 1578 une dame de Corcheval, Françoise de la Guiche épouse un Guillaume d’Amanzé

 -en plus d’être seigneurs d’Arcinges, les d’Amanzé possèdent de nombreuses autres seigneuries, ils sont entre autres barons de Chauffailles

 -Un descendant  du  sieur de Boletière, Godefroy (parfois orthographié Gauthfray) épouse  en 1620 Renée de Rochefort, descendante d’une grande famille du Forez et dont une cousine Yolande de Rochefort avait épousé en 1533 un fils de Françoise de Maucreux, Simon de Ronchivol.

 -Veuve dès 1621, Renée de Rochefort épouse en 1622  George de la Chaize d’Aix mais garde le titre de dame du But.

George de la Chaize d'Aix a le titre aussi de seigneur du But entre son mariage et sa mort, comme on le lit dans des actes notariés où il afferme en 1621 le moulin ou renouvelle en 1649 un bail à ferme.

Après Renée de Rochefort, décédée en 1682, le But est passé au "seigneur de Souternon" *puis a été acheté en 1695 par un marchand non noble Vaginay qui est parfois qualifié de seigneur du But, sinon de sieur du But.

-Marie Anne Rollin, originaire de la vallée du Reins (les Rollin sont une famille de marchands et seigneurs jadis apparentés au chancelier Rolin le fondateur de l’Hôtel-Dieu de Beaune) devient baronne de Chauffailles par son mariage avec Jacques d'Amanzé, « seigneur baron de Choffailles, Vis, Arcinge, Escoches, Belmont et Saint-Germain-la-Montagne, demeurant en sa terre de Choffailles », .Marie Anne Rolin était la filleule de Marie-Anne de Saint George. C'est elle qui achète le But à Claude Vaginay en 1718

 

-Le fils  de  Marie Anne Rollin, Antoine d’Amanzé  épouse en 1715 Cécile de Falcony (ou Falconis)

 

-Leur fille Marie-Cécile d’Amanzé épouse Claude-Marie de Saint George. Elle est la dernière comtesse de Chauffailles et meurt, âgée (83 ans) après la Révolution -1802- dans son château de Chauffailles.

 

Elle est la belle-mère du dernier Seigneur du But, Abel de Vichy qui avait épousé Claudine de Saint-George et qui meurt fusillé en 1793. Il était le neveu de Madame du Deffand et le cousin (?) de Julie de Lespinasse.

 

La dernière  comtesse de Chauffailles était seigneure du But par héritage (transmission par son père) et non  par son mariage (une Gabrielle d’Amanzé ayant épousé un Saint-George, et lui aurait apporté en dot le fief du But ; cette Gabrielle était la grand-mère de Claude Marie de Saint George et la sœur de Jacques d’Amanzé) A noter aussi qu’une Madeleine d’Amanzé avait épousé l’arrière grand père d’Abel de Vichy. Il faut préciser que leurs lieux de résidences –principales- étaient proches : Montceaux pour les Saint-George, Chamron à St Julien de Cray pour les Vichy et Chauffailles pour les d’Amanzé). En fait, Marie Anne Rolin est celle qui fait (re)venir le But comme propriété aux D'Amanzé

 *qui est ce seigneur de Souternon? Peut-être le mari de la filleule de Renée de Rochefort, elle-même baptisée Renée?

 

Le château de Chamron où naquit madame  du Deffand née de Vichy, où vécut - peu- Julie de Lespinasse , fut le château d'enfance du dernier seigneur du But, Abel de Vichy.

Ce château situé sur l'actuelle commune de St Julien de Jonzy à la limite de celle de Ligny en Brionnais a complètement disparu