Plusieurs cartes postales anciennes montrent sous différents angles et à des époques diverses la place de l'église, aujourd'hui place abbé Larue.


C'est sans doute une des plus anciennes ; elle a en tout cas circulé en 1910. On ne sait pas qui est le photographe (peut-être l'éditeur de Charlieu) mais il tourne le dos à l'église. La religion chrétienne est néanmoins bien présente par deux croix : celle du sommet de la place et en haut dans les bois la croix de la mission. L'impression générale est celle d'un village montagnard peu riant, coincé sous la forêt ; mais cette première impression est contrebalancée par la présence de neuf personnes qui "animent" cette place. Comme nous sommes ici au début du 20ème siècle, il n'y a pas encore de monument au centre ce qui donne de l'ampleur à la place. La prise de vue est étonnante puisqu'elle place en quelque sorte du vide au centre/premier plan de la photo et tout le reste s'organise à la périphérie.

A gauche trois hommes se tiennent devant ce qui sera la maison "Fouilland" en 1965, dite parfois maison rose à cause de son crépi ; cette maison semble à cette époque être une boutique. Un des trois hommes porte à l'épaule une pioche et une fourche à quatre dents: le cantonnier?. Ce côté de la place est pourvu de trottoirs, devant lesquels une rigole en pierre permet l'évacuation de l'eau, vu la pente ; si la place n'est pas goudronnée, on voit une traînée blanche dont on ne sait pas à quoi elle correspond. Dans la maison au-dessus de la croix, une dame monte des escaliers -qui ont été supprimés récemment- Élégamment vêtue d'une robe noire elle tient devant elle son ombrelle repliée. Plus à droite, la maison Desmurs est précédée d'un majestueux escalier  à deux volées de marches et sous lequel on trouve une porte d'accès à la cave. Trois femmes se trouvent là, dont une, assise, semble plumer une volaille, signe qu'entre la rue publique et l'espace privé la frontière n'est pas nette. Plus bas, deux garçons débouchent du chemin latéral. La carriole à quatre roues termine le tour de l'espace. Les bâtiments paraissent moitié crépis, moitié en pierres apparentes; les toits sont recouverts de tuiles creuses. Contre la maison Larue, trois réclames : deux pour le chocolat Menier et une (la plus haute) pour le Citron Crozet. aucune trace d'électrification.


Celle-ci a circulé en 1912. elle aussi d'avant 14. Mais la prise de vue est à l'opposé. Ce que l'on voit en premier c'est la présence de trente-quatre individus dont beaucoup sont des enfants. On peut penser à l'heure de la sortie de l'école (l'horloge de l'église indique 5 h moins vingt). Les enfants ont des blouses et des couvre-chefs.

A cette époque les maisons du bourg sont crépies, la pierre apparente étant laissée aux maisons plus pauvres des écarts. La maison Larue est la seule pourvue d'un balcon (identique d'ailleurs aujourd'hui), signe d'une famille un peu plus aisée  que la moyenne. Sur le bout du perron de la maison Chassignol, on a construit une sorte de pergola qui servait peut-être de terrasse pour le café/tabac. Cette bâtisse Chassignol est d'ailleurs imposante. On y lit l'enseigne "Café Chassignol Boucherie" ; à droite de l'enseigne il est écrit "écurie, remise"; cela peut indiquer que la maison offrait des chambres pour voyageurs. Au-dessus la réclame du chocolat Menier et à gauche à côté de la fenêtre où se penche une dame, on peut lire (au grossissement) une réclame pour le petit journal qui précise 5 millions de lecteurs.. Hormis les enfants, l'homme au tablier blanc ne peut être que le boucher; à côté de lui un imposant personnage à casquette et à barbe blanche. contre la boutique est adossée une bicyclette.

A droite de l'église, à l'arrière plan une coupe a été réalisée dans les bois au-dessus de la maison "Bajard".

A l'extrème droite dans la cour un petit bâtiment sert à l'étage à faire sécher le bois de chauffage ; une échelle y est apposée. Il est intéressant de noter que la devanture du café est munie de grands rideaux mais pas la devanture de la boucherie.


Ces deux vues de la place d'avant la guerre de 14 insistent sur la surface de la place et la présence imposante de l'édifice cultuel. Les personnages en deviennent lilliputien. Sur la première (avant 1906) une dame pose sur le pas de sa porte (maison Larue) et sur les marches de l'église, un prêtre (vicaire? curé?) entouré de quatre hommes et garçons. Sur la deuxième, le photographe a légèrement décalé le regard et permis de montrer la croix autour de laquelle posent quelques enfants dont certains tout petits. D'autres Écochois posent devant les maisons. A cette époque le gros appareil de photographie est posé sur un trépied et demande un temps de prise de vue qui intéresse les badauds. Dans le côté droit, sur la maison Chassignol une affiche un peu déchirée annonce un événement qui doit avoir lieu à Belmont (fête? vente aux enchères?)



En 1921, on inaugure le monument aux morts de la Grande Guerre et à cette occasion une carte postale-événement est éditée. La phot est prise au moment de l'attente de la sortie de la messe : une vingtaine de personnes attendent, qui croisant les bras, qui les mains derrière le dos, qui tournant la tête. La grande porte de l'église est ouverte, la sortie est imminente. Toute la place est grandement décorée de multiples drapeaux, de guirlandes de feuillages, la croix elle-même munie d'une couronne végétale... au-dessus du pyramidion qui, avant 1928, coiffe le monument, en grosse lettres RF. Incontestablement, en 21 c'est toujours l'Union Sacrée. Une banderole proclame "Honneur à nos défenseurs" et sur le mur droit "Aux morts...". Devant le monument, des gerbes ont été déposées avec des hommages et une petite croix. A gauche du monument, la tribune où les officiels liront les discours (la maire, l'instituteur, le président des Anciens Combattants) et en fac quelques bancs à l'ombre pour une partie du public.

On peut imaginer que la vieille dame  en méditation devant le monument a perdu quelqu'un de sa famille.


Quelque temps plus tard ( vers1924 ), le monument est central y compris dans le titre de la carte et la place a perdu de son animation ; l'atmosphère est même paisible : un passant discute par la fenêtre ouverte ; devant le café Chetail, une femme est à son ouvrage de couture. C'est un soir d'été. Sur le mur Larue, des affiches partent en lambeaux. Plus étonnante, la présence d'une belle automobile, stationnée sur la route pendant qu'un chien blanc entre au café. C'est un modèle décapotable de luxe (une Delaunay-Belleville?) A moins qu'il s'agisse de...auquel cas la carte postale serait plus tardive. Voir le baquet


Ces deux photos sont une même prise de vue (même heure au clocher : 3 h moins 5). La première qui a circulé en 1949 laisse voir un personnage assis. La deuxième qui a circulé en 1958 a effacé ce personnage. Nous ne sommes pas en Union Soviétique mais la conception des cartes postales a changé : il ne s'agit plus de montrer la vie mais les monuments, les sites, les beaux paysages ; elles sont moins destinées aux autochtones qu'aux touristes de passage. Cette évolution sera aboutie avec les photos aériennes (vues générales) sur lesquelles on ne verra plus guère les gens.

Ici donc, une photo d'après guerre : le monument est entouré d'une clôture et une stèle a permis d'inscrire les victimes de la guerre de 39-45 : Lafond et l'abbé Larue.

Près de la cure une "armoire" pour afficher des avis a fait son apparition ; le local servait à entreposer les chaises de l'église ; en 1964 le curé Chatelet le transforma en petite chapelle pour les messes en semaine l'hiver.



La photographie ci-dessous a dû être prise  entre 1928 et 1940 au vu des vêtements, plus courts pour les filles et de la clôture autour du monument . La voiture est une C4. Les devantures Chassignol ont été modifiées ;  plusieurs potences électriques sont accolées aux maisons. Le cheval tire une "deux roues" (modèle rare à Écoche et que posséda Jean Larue)

Les gens posent encore mais de façon parfois un peu plus naturelle comme ce couple qui est à la fenêtre ou la première jeune fille à gauche qui tourne la tête vers l'objectif ou encore le jeune homme comme négligemment assis sur sa borne...

L'enseigne a été refaite complétée à gauche par la mention tabac et à droite par charcuterie. Dans la cour le toit de l'appentis s'est allongé et abrite désormais le "laboratoire" du boucher charcutier.

C'est toujours une photo Lauxerois mais la numérotation a filé (3000)


Bizarrement intitulée "un coin de la place" la carte ci-dessous illustre pourtant une réalité : c'est l'endroit précis que l'on peut qualifier de centre de la commune (l'hypercentre!). Là, se croisent la route du Cergne, celle de Cadolon, les chemins qui mènent à la Baise, à Laval et à La Forest. Là se trouvent les cafés, la boucherie, l'épicerie, l'école d'en bas (non visible car dans le dos du photographe) et à proximité l'église bien sûr. Là se retrouvent souvent les habitants ; d'où encore une fois le nombre de personnes qui posent : quatre enfants sur la croix ; un chemineau à gauche, cinq femmes à droite devant les magasins plus un enfant plus un vieillard qui s'appuie sur une canne plus un jeune cycliste fier de sa machine. Derrière le cycliste une affiche de publicité pour Lyon républicain annonce un concours de ?? à Écoche et demande de réserver pour une pièce de théâtre "le mystère de la chambre jaune".

Une femme est également à la fenêtre au-dessus du café qui ne s'appelle pas encore Chetail. La vitrine à côté contient force vases et récipients en faïence. Sans doute un marchand de vaisselle. Le café à l'arrière plan se dénomme café de la poste Tissier, sa devanture en partie ouverte ne paraît pas en très bon état. Sur la barrière derrière le chemineau, sèche du linge. Au coin de la bâtisse de droite une enseigne indisue "débit de tabac".

Le photographe est un certain Cl. Barriquand (le fils du maréchal, sans doute lorsqu'il est séminariste) qui a édité d'autres cartes postales dans la région, notamment à Charlieu.