CLERCS et POÈTES.

 

Les deux derniers prêtres nés dans la paroisse d’Écoche furent François Larue, né au bourg en 1888 et Joseph Muguet né en 1900 à Vatron.

Leur vie ne se ressembla guère mais tous deux manifestèrent de l’intérêt pour la poésie, l’un –l’abbé Larue- par des analyse profondes de grands poètes comme Pierre Emmanuel qui fut son élève ou Paul Valéry avec qui il correspondit, l’autre -l’abbé Muguet- en taquinant la muse, comme on disait en ce temps-là.

 Ci-dessous deux extraits des notes manuscrites de l’Abbé Larue qui montrent la profondeur de ses réflexions puis un lien vers l’Abbé Muguet qui chante son pays natal.

 

 1-Extrait d'un manuscrit de l'abbé Larue

A l’origine d’un poème de Valéry –lui-même l’a formellement déclaré- il y a l’obsession d’un rythme, c’est-à-dire quelque chose de scandé, une succession de temps forts et de temps faibles, rythme octo, décasyllabique....et cette obsession du rythme porte en elle-même l’exigence d’une  matière sonore donc d’une expression verbale parfaitement adaptée à ce rythme. Tel est l’élément primordial d’un poème de Valéry et, peut-on dire, de tout poème véritable.

Mais Valéry  ne dispose pas seulement d’un don et d’une expérience de poète, il a consacré des années aux spéculations mathématiques et il n’a cessé d’être un scrutateur pénétrant des jeux de l’intelligence. Il ne faut donc pas s’étonner que la recherche de la matière verbale devant s’adapter à un rythme donné l’ait conduit par des hasards heureux à de profondes intuitions sur l’homme et sur le monde. Par là il est poète-philosophe et, dans leur concision, ses poèmes sont si riches de signification qu’il faudrait pour  les explorer et les pénétrer pouvoir faire appel à une expérience personnelle coextensive à celle du poète. Du moins réussit-on parfois à trouver dans son œuvre en prose l’équivalent de la substance dure, polie, très dense de tel vers ou de tel hémistiche.

 

2- Variation de l'Abbé Larue sur Pascal

  [Les majuscules, alinéa, soulignements sont de l’abbé Larue]

 

Exemple de poème

« Le silence éternel de ces espaces infinis

M’EFFRAYE »

Cette phrase dont la force de ce qu’elle veut imprimer aux âmes et la magnificence de sa forme ont fait une des paroles les plus fameuses qui aient jamais été articulées, est un Poème

et point du tout une Pensée.

Car Éternel et Infini  sont des symboles de non-pensée. Leur valeur est toute affective. Ils n’agissent pas sur une certaine sensibilité. Ils provoquent

la sensation particulière de l’impuissance d’imaginer.

Pascal introduit dans la littérature l’usage ou l’abus de ces termes, très bons pour la poésie et qui ne sont bons que pour elle. Il en compose une disposition symétrique, une sorte de figure d’équilibre formidable, à l’écart de laquelle il place en opposition (et comme l’homme isolé, perdu dans les cieux, insignifiant et pensant) son M’EFFRAYE.

Observons comme tout l’inhumain qui règne dans les cieux est établi, représenté par cette forme de grand vers dont les mots de même fonction s’ajoutent et se renforcent dans leurs effets : substantif et substantif –silence avec espaces ; épithète avec épithète –infinis étale éternel.

Ce vaste vers construit l’image rhétorique d’un système complet en soi-même –un « Univers ».

Quant à l’humain, à la vie, à la conscience, à la terreur, cela tient dans un rejet : M’EFFRAYE.

La poème est parfait.

 

3- L'abbé Muguet prêtre et poète : sa poésie est bien sûr le reflet de sa foi catholique mais aussi une contemplation de la nature. Serait-il le précursuer de l'écologie intégrale prônée par le pape François? Ou plus simplement un prêtre de son temps?

voir le recueil de ses textes : Joseph Muguet, prêtre, poéte.


La ferme Muguet à Vatron : joseph assis sur les marches

La maison natale de François Larue, en bordure de la place de l'église qui porte désormais le nom de place Abbé Larue.



Les deux Écochois furent également professeurs : l'Abbé Joseph Muguet à Belley dans l'Ain, au lycée Lamartine où il enseigna les lettres classiques ; l'Abbé François Larue à Lyon au cours Sogno (institution de préparation aux grandes écoles, devenue l'ECAM) où il était professeur de Mathématiques.

Les deux firent preuve de courage face aux armées nazies , l'Abbé Muguet en s'interposant en tant que curé de Martignat dans l'Ain face à une colonne allemande pourchassant des maquisards et en se proposant comme otage. L'Abbé Larue fut un des chefs de la Résistance du sud-est et le paya de sa vie en étant fusillé à Saint Genis Laval après être passé par la prison de Montluc.

Sur cette forte personnalité, lire En mémoire de l'abbé Larue

A l'armée

 

Jeune prêtre

 

Professeur