En 2018, un jeune historien catholique du Charolais s’était intéressé à la naissance et à la diffusion du culte de Sainte Philomène. Pour cette étude, il s’était fondé entre autres sur les prénoms donnés à la naissance des filles particulièrement dans les communes d’Écoche et alentour. Ce prénom apparaît pour la première fois dans l’état-civil d’Écoche en 1835, le 21 août. En reprenant quelques points de son étude, le nombre de prénoms Philomène donnés à Écoche entre 1834 et 1902, d’après les relevés des tables décennales est de 68. Sur environ 1500 naissances de filles en 69 ans, 68 ont reçu le prénom Philomène (en 1ère place rarement, souvent en 2nd voire en 3ème sans que l’on sache quel était le prénom d’usage). Sur 69 ans, chaque fille recevant la plupart du temps 2 prénoms, parfois 3, parfois 1, en gros il y a utilisation de 3 000 prénoms féminins, sans compter les Marie portés par des garçons. Donc Philomène a été donné 68 fois sur 3 000 soit 2.3% des prénoms. Presque la moitié (32) ont été attribués sur la période 35-41, période du curé  Jean Chemin et du vicaire Mathieu Puillet. Si on fait une comparaison : -à Saint Germain-la-Montagne, à partir de la même source, on trouve 28 Philomène sur la même période. Environ 1600 prénoms féminins y ont été attribués ce qui donne une proportion de 1.6%. Première prénommée : en juillet 1838  - à Arcinges, à partir de la même source, on trouve 33 Philomène sur la même période. Environ 900 prénoms féminins  y ont été attribués ce qui donne une proportion de 3.6%. Première prénommée,  en avril 1836. Il semble donc logique de conclure à une « mode » des prénoms liée au culte de Sainte Philomène se répandant plutôt par capillarité, les curés de cette époque ayant tous été formés à peu près en même temps sans doute (Chemin né en 1774 / Vianney né en 1786 / Jacob curé de Belmont né en 1792 / Ponchon curé d’Arcinges né en 1796 / Chaumont curé de St Germain né en 1761 / Cherpin curé de Sevelinges né en 1789 / Puillet né en 1801,etc.). Pour Biju-Duval , ce culte est bel et bien lié au charisme du curé d’Ars et peut-être aussi à une Belmontaise Maria Dubouis, assistante de Pauline Jaricot. Pour Écoche le tableau donne :

 

 

Les prénoms plus tardifs sont sans doute souvent ceux de filleules des premières Philomène.

 

Si l’on regarde de près les actes de naissance des quatre Philomène de 1935, on voit que la nouveauté du prénom a un peu embrouillé le secrétaire qui écrit , le 21 août Françoise Félonomaine ; le 16 octobre Marie Phénomène ; le 20 octobre Antoinette Marie Félomène ; et le 7 décembre Jeanne Marie Félomène. Il faut attendre la septième prénommée pour trouver en avril 1836 Filomène. Philomène s’impose à partir du 23 juin 1837. 1837 : année culminante pour l’attribution du prénom.

 

Le culte de sainte Philomène fut confirmé lors de la pose des vitraux de la nouvelle église : on en trouve un pour honorer Philomène, installé en 1847 ; mais bizarrement cette année-là, aucune fille ne reçoit ce prénom !

 

 

Vitrail de l'église St Bonnet, photo de François biju Duval, 2017.

 

Sainte Philomène est représentée avec la palme du martyre et l'ancre marine qui est un de ses attributs ; elle a un visage jeune, ayant été martyrisée encore adolescente, selon ce qu'on pensait au moment de sa "découverte".

 

Nous reprenons ici le texte de F Biju-Duval :

 

 

La mise au jour du corps d'une jeune martyre « Filumena » dans les catacombes de Priscille a été maintes fois retracé. Le 25 mai 1802, on y ouvrait un tombeau découvert la veille, en déplaçant trois dalles sur lesquelles figuraient plusieurs inscriptions : LUMENA - PAXTE - CUM FI. Y étaient également peintes en rouge la palme symbolisant un martyr, et une ancre (symbole d'espérance), deux flèches et un lys (symbole de pureté). Les inscriptions amenèrent à attribuer un nom à ce martyr, une fille âgée entre 13 et 15 ans, au crâne fracturé, près des restes de laquelle figurait une fiole de sang séché, comme c'est souvent le cas auprès des martyrs chrétiens des premiers siècles : Filumena, dite Philomène. Il suffisait juste, pour trouver ce prénom, de changer l'ordre des dalles. Ce prénom n'est pas nouveau puisqu'il se donnait – assez rarement il est vrai - dans le Brabant ou le Hainaut, et dans diverses régions de France depuis au moins le XVIIe siècle.

 

 

Le 10 août 1805, sur demande du père François de Lucia qui désirait pour sa paroisse des reliques d'un martyr des catacombes, les reste de « Philomène » furent transférés à Mugnano del Cardinale, près de Naples, où de nombreux miracles s'accomplirent alors, comme il en arrive souvent en Italie...

 

Sous la sainte, est écrit Sancta Philomena o p n (ora pro nobis)

 


Pour comprendre la célébrité de Sainte Philomène, on peut savoir qu'elle fut adoptée comme une patronne des mariniers à Roanne (à cause de son ancre) et qu'une rue de la ville portait son nom sous le second Empire. A l'Eglise Ste Anne, un vitrail est aussi à son honneur, tout comme une statue à Mably.