En 1873, dans le Journal de Roanne, paraît une annonce immobilière d’importance : deux moulins sont à vendre à Écoche ; mise à prix pour le premier : 1400 francs. Mise à prix pour le second : 1803 francs ; sans les charges. Il apparaît que ces deux moulins sont habités et exploités par des meuniers, donc qu’à cette date ils sont bien en activité. Le premier dit à un tournant est celui de la Baize et le meunier en est Barriquand. Le deuxième dit aussi à un tournant est celui du « Meunier blanc » et le meunier en est Antoine Gardette. Les deux hommes sont des locataires. Les propriétaires étaient avant 1873 un couple Protery-Peloux ; les moulins avaient alors fait l’objet d’une saisie par un habitant de Ranchal ; achetés le 12 août en 2 lots l’un par un notaire de Charlieu (1200francs), l’autre par deux Écochois (1400 francs), ils sont immédiatement remis en vente avec une belle surenchère. On ignore quel fut le montant définitif et les acquéreurs. Certains apparemment sont assurés d’une belle plus-value. Leur description est intéressante :

 

-pour le premier, dont aujourd’hui il reste une jolie maison d’habitation mais peu de traces de l’étang et des activités meunières :  des bâtiments, construits à pierre et à chaux, couverts à tuiles creuses, prenant leurs jours et entrées au matin et au soir, composés de bâtiments d’habitation, d’un moulin à un tournant* ; il y a deux appartements au rez-de-chaussée ; on y arrive par une cour en matin du bâtiment ; deux appartements au-dessous ; on y descend par un escalier en bois et on y entre encore en soir par un jardin qui est de niveau avec ces appartements ; en soir desdits bâtiments et à la cime dudit jardin touchant lesdits bâtiments se trouve une petite construction en pierres et chaux, couverte à tuiles creuses ; au-dessus du rez-de-chaussée, deux chambres et un grenier ; au matin de ces bâtiments, une petite cour de quatre-vingt-dix centiares environ ; au nord de cette  cour et la joignant est un étang de quatre ares vingt centiares environ, et, en soir desdits bâtiments aisances et jardin, de la contenance de six ares environ. Le tout ne forme qu’un seul ténement, confiné etc. .... Ces moulin et accessoires sont habités, cultivés et exploités par un sieur Benoît-Élie Barriquand, meunier, demeurant à Écoche, qui en est fermier.

 

-pour le second, dont en 2020, il ne reste presque rien, une petite construction et beaucoup de broussailles ainsi qu’un petit étang en aval : Au lieu appelé Moulin, un bâtiment construit à pierres et à chaux, couvert à tuiles creuses, composé de deux appartements au rez-de-chaussée, deux écuries en-dessous, un moulin à un tournant* attenant ; le bâtiment prend ses jours et entrées au nord et au soir. Un petit jardin au soir des bâtiments de trois ares environ, et, en bise dudit bâtiment, un autre petit jardin, de la même contenue. Un autre bâtiment ayant un moulin à un tournant*, construit en pierres et chaux, couvert à tuiles creuses. Ce bâtiment a une écurie et un fenil, les jours et les entrées sont au nord-ouest.  Un pré de la contenance approximative de vingt-un ares quarante centiares. Une écluse attenant au moulin de trois ares dix centiares environ. Ces cinq articles ne forment qu’un seul tènement confiné etc. ... Une pâture, dite de la Grande-Ecluse de la contenance de quatorze ares quarante centiares environ. Un étang, de la contenance de dix ares soixante centiares environ. Une terre vaine de la contenance de trois ares trente centiares environ. Ces trois derniers articles ne forment qu’un ténement, confiné, etc. ... Ils sont habités, cultivés et exploités par un sieur Antoine Gardette, meunier, demeurant à Écoche, qui en est fermier.

 

* Le tournant est composé de la réunion de deux meules dont l'une mobile autour d'un axe, tourne au-dessus de l'autre, fixe, pour opérer contre elle la mouture des grains que l'on fait arriver dans le faible intervalle qui les sépare. Voir une petite page sur les moulins.

 

 

Ces descriptions nous permettent de bien imaginer les lieux : bâtiments couverts de tuiles creuses, comme la plupart à Écoche à cette époque ; adossés à une pente, ce qui explique les divers niveaux ; plus complexe pour le deuxième puisqu’il semble y avoir deux moulins et une écluse plus un étang ; enfin les deux meuniers sont aussi censés  cultiver les petits terrains attenant, ce qui se comprend car la roue des moulins ne peut pas tourner toute l’année au vu de la faiblesse des débits estivaux.