Mont Truchet, hypothèses.


Montruchet : Dans l’inventaire des papiers de Marianne Rolin dans un coffre au château d’Arcinges on trouve ceci :

 

et ceci :

Selon certains auteurs cet ancien fief de Montruchet se serait trouvé à Cours (cf http://pjpmartin.free.fr/site/paroisses_beaujolais.htm#r13 ) Pour d’autres à Noailly (Belmont). Mais toutes ces suppositions ne reposent sur aucun document précis. La note selon laquelle le fief de Montruchet a été intégré au But signifie que les rentes de Montruchet sont perçues par le But. Or dans aucun document, le But ne perçoit de rentes hors de la paroisse d’Écoche. Il est donc certain que ce fief de Montruchet se trouvait dans la paroisse d’Écoche. Truchet vient peut-être de la racine (ancien occitan) TRUC signifiant grosse pierre, rocher, tertre. Dans les propriétés d’Henry Deschezaux  de la fin du 17ème siècle on trouve le lieu-dit Truchet, que par recoupement on situe au bourg actuel. On peut donc émettre l’hypothèse vraisemblable que c’est au bourg d’Écoche que se trouvait le fief de Montruchet et, comme il arrivait souvent, une chapelle existait à proximité devenant l’église ; puis comme l’église était devenue le centre de la paroisse, le nom de la paroisse Escoches « effaça » le nom du lieudit originel, sauf en microtoponymie.

 

Peut-on à partir de là reconstituer l’histoire d’Escoches au Moyen-Age ? On n'a pour l’instant que quelques indices :

 

-la paroisse d’Escoches est nommée pour la première fois en 1276 (selon Dufour)

 

-l’église est connue dans les textes à partir de 1412

 

-le fief du But existait avant le XIVème siècle

 

-le fief de Montruchet  a été à un moment intégré à celui du But.

 

A partir de ces rares indices et des connaissances historiques générales sur la période, on peut échafauder une reconstitution ; mais cette reconstitution est seulement hypothétique :

 

Si dans l’Antiquité et la Préhistoire des traces d’habitats ont été relevées sur les hauteurs de Rottecorde et de Fontimpe, il est connu qu’entre l’Antiquité tardive et le Haut Moyen-Age, la forêt était redevenue plus « sauvage ». Mais entre le XIème siècle et le XIIIème siècle il y eut une période de défrichements assez intense pour plusieurs raisons :

 -raison sociale : de petits seigneurs ou des monastères poussent les paysans à « essarter », cela  pour étendre leur pouvoir, leur contrôle (raison privilégiée par l’historien Robert Fossier)

 -raison technologique : généralisation de l’usage du fer dans l’outillage.

 -raison démographique : moins d’épidémies par exemple

 -raison climatique : un réchauffement sensible à cette période (ce qui est mieux étudié de nos jours).

 

On peut penser que la région d’Escoches s’inscrit dans ce mouvement. Il est probable que les défrichements suivaient les vallées remontant d’aval vers l’amont. Un petit seigneur peut avoir suivi cette « remontée » : Sornin, Botoret, Aaron, Pontbrenon pour arriver dans la vallée aujourd’hui écochoise ouverte vers le Nord. Pour contrôler les défrichements et encadrer (« encelluler » ?) les paysans il s’installe sur une petite hauteur rocailleuse, sur le versant le plus ensoleillé, à peu près entre l’actuelle église et la Roche Cervière. Il est visible que les défrichements sont très présents dans la toponymie. Un autre seigneur s’installe, lui, au débouché de la deuxième vallée, au But (le mot peut vouloir dit bois mais aussi orée-comme bout). La paroisse qui s’installe ou est déjà installée recouvre l’ensemble des paysans qui ont défriché, c’est-à-dire que ses limites remontent jusqu’aux sources des rus : soit Rottecorde ou Fontimpe. Les versants sud d’où partent les affluents de la Trambouze sont alors une autre paroisse (Cours) ; Arcinges quant à elle constitue une paroisse du versant ouest ; Belmont versant est. Restent deux cas un peu à part : la Cuchère mais peut-être défrichée par des paysans libres que le seigneur a vite contrôlés ; et les Seignes petit vallon assez proche du But. La paroisse prend le nom d’Escoches dont l’étymologie la plus sûre veut dire paroisse des petites hauteurs (But, Truchet, Cuchère, etc..). Les villages de la paroisse indiquent le nom des familles y habitant peut-être dès le défrichement (les Fonterest, les Fillion, les Forest, les Bertillot) etc. ou un nom lié à la nature du terroir (Laval, Lachal, Les Seignes, la Cuchère, les Bruyères) etc. Dans une thèse de 2008, on trouve une autre origine pour le toponyme Écoche s’agissant du village de St Jean St Maurice sur Loire

C’est une possibilité certes mais le pluriel Escochiarum est-il compatible avec cette étymologie ?

 Le seigneur du But prenant de l’importance finit par englober le fief de Montruchet mais il est à noter qu’il n’a pas dans les textes retrouvés le titre de seigneur de Montruchet ; il se pourrait alors que Montruchet soit simplement une première localisation du seigneur du But. Il se pourrait aussi que la paroisse d'Escochiarum existât dès le XIème siècle, donc avant les grands défrichements, à moins qu'elle n'en ait été le moteur!

 Bref, tout cela n’est que conjectures.

A l'historien qui étudie les textes, depuis quelques années se joint l'archéologue qui étudie le terrain. Ainsi aujourd'hui nous avons une image plus précise-mais encore très incomplète-de l'environnement des sociétés médiévales. Ainsi les défrichements ne signifient pas "table rase". D'une part la forêt est aussi une ressource : bois pour le chauffage, y compris bois mort, territoire des chasses du seigneur, bois d'oeuvre, parcours de la glandée, etc. Dans ce cadre existent donc des conflits (comme sur les droits de paisson .Voirpar exemple la scène décrite en 1775 sur les hauteurs du But). D'autre part les terrains cultivés ne sont pas vides d'arbres ; notamment les arbres fruitiers très utiles pour la récolte des fruits. Certains paysages d'Écoche rappellent encore (mais de moins en moins) ce que fut le complantage : arbres fruitiers en plein champ associés à certaines cultures. Et après le défrichement le paysage peut évoluer . ainsi au XVIIème siècle, on voit que le notable Henry Deschezaux transforme une terre sur les pentes de Roche Servière en vigne.


Cependant en 1539..

Dans la liasse des archives Vichy relative à Montruchet, se trouvait un acte, aujourd'hui difficilement lisible, que le greffier de 1730 signale comme "foi et hommage du fief et terrier de Montruchet dépendant du But le 17 mai 1539"

(ref 26402).

Il s'agit d'un acte féodal traditionnel par lequel, à l'occasion d'un changement de personne on reconnait être le vassal d'un autre seigneur. Ici c'est Antoinette d'Anglure qui le prononce en tant que veuve de Louis de Mont d'Or (écrit Mondor et lu par un ancien historien Mandard). Ce Louis de Mont d'Or est le fils de Jehan de Mont d'Or qui avait dû recevoir ce petit fief de sa mère Catherine de Sainte Colombe. Ce qui est plausible puisque cette famille de Sainte Colombe fut alliée aux Faverge. Le texte en revanche ne semble pas préciser de localisation, si ce n'est à la fin la maison de Noailly, appartenant peut-être elle aussi à Antoinette d'Anglure.

Mais l'intérêt du texte est de bien préciser que Montruchet dépendait du But. Dans le passé certains historiens ont pensé qu'il était sur Cours car avant la Révolution Abel de Vichy avait tout regroupé sous sa tutelle, ayant hérité à la fois d'Estieugues et du But et de tant d'autres terres